Historique du site

12-01-22
Presse / Libération du 12/01/2022 / «J’ai besoin d’aller manifester pour dire que ce n’est plus possible» : des personnels de l’Education nationale témoignent. (Maïté Darnault, correspondante à Lyon, Elsa Maudet, Marlène Thomas et Martin Duffaut)
«La première chose qui, structurellement, ne va pas c’est la réforme du bac. Tout n’est pas à jeter, mais sa mise en place, extrêmement rapide, a été brutale pour les élèves. Enormément de jeunes sont en dépression en première et en terminale, développent une phobie scolaire. On déplore des dizaines de tentatives de suicide par an. Voir ces mômes, passés de justesse en première, s’éteindre dès novembre quand ils réalisent leur erreur de parcours alors qu’on nous a supprimé un poste d’assistant d’éducation à la rentrée, qu’on nous a retiré il y a quelques années l’assistante sociale, qu’on nous annonce le départ de notre médecin scolaire et qu’on se retrouve en tant que CPE à faire un peu tous ces métiers à la fois, c’est difficile. »
Action / Communiqué intersyndical du 07/12/2021 / Non au bac Blanquer ! Rétablissement des épreuves nationales, ponctuelles, terminales et anonymes pour la session de 2022 (SNES-FSU, SNEP-FSU, FNEC FP-FO, SNALC, CGT Educ’action, SNCL-FAEN et SUD éducation)
Les organisations et fédérations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU, FNEC FP-FO, SNALC, CGT Educ’action, SNCL-FAEN et SUD éducation […] considèrent que le Projet Local d’Evaluation est un outil de mise en place du contrôle continu qui accentue les inégalités de traitement entre les candidates et les candidats. Elles en demandent la suppression. […] Plus globalement, elles demandent dès la session 2022 le rétablissement du baccalauréat national avec des épreuves nationales, terminales, ponctuelles et anonymes, seule organisation des examens gage d’égalité entre les lycéennes et les lycéens. Elles demandent la mise en place d’un plan d’urgence pour l’Education, pour les lycées, particulièrement frappés par les suppressions de postes dont la réforme du lycée a été l’occasion.
Presse / Le Monde du 04/01/2022 / Réforme du lycée : le blues des profs de maths (Sylvie Lecherbonnier)
Avec la réforme du lycée, le nombre d’heures globales attribué à chaque matière a été redistribué et les mathématiques font partie des grandes perdantes, avec une baisse de 18 % du nombre d’heures entre 2018 et 2020. […] Les professeurs regrettent la disparition des mathématiques du tronc commun au profit d’un enseignement scientifique qui mêle mathématiques, sciences physiques et sciences et vie de la Terre. Ils n’assurent que 6 % de ces cours. « En première, on est dans du tout ou rien, soit une spécialité très exigeante, soit l’abandon de la matière. Il manque quelque chose. Les mathématiques font partie de la culture générale nécessaire à tout citoyen. »
Tribune / Le Monde du 11/09/2021 / La politique éducative du quinquennat n’a pas réduit les déficiences de l’école française (Pierre Merle)
Dans les 20 % des collèges les plus défavorisés, plus de 50 % des 6e ont un niveau faible [en mathématiques]. Dans ces collèges, outre une proportion élevée d’enseignants débutants et de contractuels peu qualifiés, les bons élèves, « locomotives » des classes, font trop souvent défaut. Si Jean-Michel Blanquer souhaitait promouvoir la réussite de tous, une politique de mixité aurait été plus efficace qu’une diversification de l’offre. Cette ségrégation scolaire et sociale est aussi contraire à une politique du vivre-ensemble.
Tribune / Le Monde du 10/09/2021 / « On peut se demander si le long ministère de Jean-Michel Blanquer pourra marquer les esprits » (Claude Lelièvre)
Si la longévité du ministre à la tête de l’éducation nationale vient de dépasser celle de son prédécesseur Christian Fouchet (1962-1967) […] le contraste avec le rôle très important qu’a eu Christian Fouchet est patent. […] Lorsque Christian Fouchet arrive à la tête du ministère, le principe du passage de 14 ans à 16 ans de l’âge de la fin de l’instruction obligatoire a déjà été décidé par l’ordonnance Berthoin du 6 janvier 1959. Mais c’est lui qui va obtenir – contre l’avis du premier ministre – que la mesure soit mise en application dans les collèges d’enseignement secondaire à partir de 1967. […] Christian Fouchet a été au centre de la « décennie prodigieuse gaullienne », durant laquelle le nombre d’étudiants a été multiplié par 2,5 et le budget du supérieur par 4 en francs constants. In fine, on peut se demander si le long ministère de Jean-Michel Blanquer pourra marquer les esprits et entrer durablement dans l’histoire.
Presse / Libération du 02/11/2021 / Mixité scolaire : à Toulouse, un cas d’école (Marie Piquemal)
Voilà qu’une expérimentation locale, pour améliorer la mixité sociale au collège, semble porter ses fruits. Cela se passe à Toulouse, en Haute-Garonne. Un projet qui avait tout d’un casse-pipe : en 2017, fermer deux collèges enclavés du quartier du Mirail et acheminer les ados, par bus, dans les collèges chics du centre-ville et des zones pavillonnaires. […] «Un dispositif d’une telle ampleur, avec une cohorte entière que l’on a pu suivre, c’est rarissime, s’enthousiasme Choukri Ben Ayed, professeur de sociologie. Les résultats chiffrés, de réussite au brevet et de ce que nous voyons sur le terrain, sont extrêmement positifs. Ça marche.» En fait, il n’en doutait pas une seconde : «Je l’ai toujours dit. Il n’y a pas de fatalité.» […] Mais depuis le changement de majorité, le ministère n’a plus fait de suivi. «La mixité n’est pas un sujet pour Jean-Michel Blanquer. Il a laissé les choses se faire, mais sans impulsion.»
Presse / Le Monde Diplomatique de janvier 2022 / Dans les lycées et les collèges, la vie scolaire sous Pronote (Lucie Tourette)
Utilisé dans plus de deux établissements du second degré sur trois, le logiciel de gestion de la vie scolaire Pronote rend bien des services aux familles et aux communautés éducatives, notamment pour affronter les dernières réformes du lycée. Mais, en faisant de l’immédiateté la norme, il change aussi les métiers en profondeur, ainsi que les relations entre parents, élèves et enseignants.

Presse / Le Monde du 08/12/2020 / Mathématiques : la France, dernière élève des pays développés (Violaine Morin)
D’après les résultats de l’enquête Trends in International Mathematics and Science Study (Timss), réalisée en mai 2019 sur un échantillon de 4 186 enfants de CM1 et 3 874 adolescents de 4e, la France se classe bonne dernière dans les pays de l’Union européenne, avec des résultats similaires à ceux de la Roumanie. Elle est aussi avant-dernière dans les pays de l’OCDE, devant le Chili. […]
Le plan de formation, sur lequel insiste l’institution, pourra-t-il suffire à renverser la tendance lourde d’une baisse généralisée en mathématiques ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais sur le terrain, on craint parfois que le mal soit plus profond : « Les heures de mathématiques au collège ont baissé depuis quinze ans », rappelle Sébastien Planchenault, président de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (Apmep) qui souligne aussi la structure « pyramidale » de l’apprentissage des mathématiques : [...] « un élève qui arrive trop fragile en 6e va voir ses difficultés s’accentuer. »

Analyse / Ouest Track Radio / Podcast du 06/06/2021 / Tolérance et Laïcité (Didier Guilliomet, professeur de philosophie)
Inutile de multiplier à l’infini les exemples, on le voit les croyances religieuses peuvent faire peser des menaces très concrètes sur les libertés, la paix civile, la justice et l’égalité entre citoyens. Tolérance et laïcité constituent les deux grandes réponses politiques à ces menaces. Elles sont, toutes deux, des dispositifs qui cherchent à garantir une cohabitation pacifique d’individus ayant des options spirituelles différentes au sein d’une société libre et juste. Il paraît indispensable en ces temps troublés et confus de nous pencher sur leur sens profond et leur valeur irremplaçable.
Deux éclairages rétrospectifs (Site de Sauver les lettres).

Manifestation laïque à Paris (collectif Sauver les lettres, 12/2005)

Il existe […] une étroite relation entre notre combat pour l’enseignement de la littérature et la défense de la laïcité. La laïcité est la condition d’existence d’un espace public commun et démocratique qui privilégie ce qui nous réunit et nous permet de vivre ensemble au delà de nos particularismes et de nos communautés.
Mais un espace public n’a de sens que s’il est habité. Or, seule l’instruction que nous défendons permet de créer chez chacun d’entre nous une autre dimension que celle qui nous définit comme éléments d’un groupe particulier. Cette dimension est plus large et plus abstraite que celle de la communauté culturelle ou religieuse, c’est celle de l’existence politique.

La nécessité d'enseigner la littérature des Lumières (Agnès Joste, 06/2012)

L'enseignement des Lumières : accéder aux fondements de la laïcité.
L'effort des écrivains des Lumières est d'arracher l'homme à toutes les entraves à l'exercice de la raison (« Ecrasons l'Infâme !»), pour lui donner ou lui rendre sa liberté de pensée. La première entrave est la religion, qui asservit les esprits. Dans un contexte scolaire, les philosophes les plus accessibles et les mieux à même de le montrer sont Montesquieu et Voltaire. Leur étude, pendant la classe de Première, montre comment l'idée de séparer l'Eglise et l'Etat a pu mûrir et se faire jour, sans que la notion soit encore théorisée.

Tribune / Mezetulle (blog de Catherine Kintzler) 13/07/2021 / Faites le test : bisous à tous deux (Catherine Kintzler)
Le test ci-dessous « Bisous à tous deux » (il s’agit d’un test écrit, sans aucun risque de contamination !) révèle que l’écriture « inclusive » et généralement la novlangue acharnée à séparer les sexes non seulement sont exclusives, mais qu’elles procèdent à une « invisibilisation » : un comble ! .
10-07-21
Tribune / Marianne du 22/12/2020 / Jean-Michel Blanquer finit d'achever le lycée. (Harold Bernat et Mathias Roux)
Avec sa réforme du lycée et de l’orientation, Jean-Michel Blanquer a fini de relier entre eux les engrenages patiemment mis en place par les réformes successives de l’école afin de mettre en marche sa délétère mécanique, une machine à produire la dévalorisation de la connaissance, l’angoisse des élèves et des étudiants soumis à évaluation permanente et une sélectivité arbitraire. […]
Rappel de l’affichage des principes du projet initial : en finir avec la césure fondatrice entre, d’un côté, l’enseignement secondaire (où des élèves acquièrent les connaissances de la culture commune, à l’abri des urgences du monde des adultes) et, de l’autre, l’enseignement supérieur (où des étudiants se spécialisent dans une perspective professionnelle). Désormais, dès la Seconde, l’élève est invité à se penser comme un futur étudiant, destiné à s’insérer à terme sur un marché du travail. Il doit s’inscrire dans une perspective Bac -3/Bac +3 et individualiser son parcours à l’entrée de première en choisissant 3 spécialités parmi les douze possibles. Adieu les séries classiques, bonjour le lycée à la carte autorisant enfin chacun à trouver ce qu’il espère bon pour lui.
Presse /Libération du 16/06/2021 / Nouveau bac, le grand bric-à-brac (Cécile Bourgneuf)
[…] La pandémie a transformé les épreuves communes en contrôle continu. «Or le prof ne peut pas être à la fois celui qui entraîne au bac et celui qui corrige, parce qu’il est soumis à la pression des élèves, de leurs parents et des chefs d’établissement, qui ont pour objectif d’avoir un bon taux de réussite au bac», remarque le sociologue Pierre Merle. Ce système favorise donc des pratiques de notation plus généreuses, avec des lycées d’excellence qui se retrouvent à augmenter leurs notes pour éviter l’effet couperet de Parcoursup. Conséquence : «Peu importe leur établissement, la grande majorité des élèves ont de bonnes notes mais leur valeur n’a plus de signification.» Effet pervers de cette surenchère : les établissements d’enseignement supérieur ne savent plus sur quels critères sélectionner les candidats dans Parcoursup et se retrouvent à départager des élèves au centième de point près, voire à regarder le lycée d’origine des élèves…

Analyse / Sauver les lettres du 16/04/2021 / Bac de crise... ou crise du bac (Mireille Kentzinger)

Entre improvisation et annulation : le triomphe du contrôle continu
[…] Ce choix arbitraire du contrôle continu et le régime d’improvisation permanente seraient peut-être un peu moins inquiétants si on pouvait nous garantir qu’ils se limiteront à la période houleuse actuelle, mais on peut craindre qu’ils ne soient devenus la règle du fonctionnement général de l’institution en régime Blanquer : en effet, déjà en juin 2019, le Ministère, confronté àune forte opposition à sa réforme de la part des enseignants, avait réglé le problème des notes de bac retenues par des professeurs grévistes en se livrant à différents tripatouillages et procédures d’exception lors des jurys de bac, pour maintenir coûte que coûte une apparence de déroulement normal et pour faire taire les critiques.

Presse /Le Monde du 02/07/2021 / /« Logiciels qui dysfonctionnent, plate-forme inaccessible, ordres et contre-ordres à foison »… Nouvelles difficultés pour les jurys du bac. (Mattea Battaglia et Yassine Bnou Marzouk)
Toute la semaine, les organisations représentatives ont fait état de « couacs » en série. « Convocations tardives, incomplètes, incohérentes ou multiples, logiciels qui dysfonctionnent, plate-forme inaccessible, absence de réponse aux messages des personnels, ordres et contre-ordres à foison », énumère-t-on au SGEN-CFDT. « Avec les bugs de Santorin [un logiciel d’aide à la correction décrié par de nombreux enseignants], beaucoup de professeurs ont récupéré les copies en retard ou ont eu des soucis d’accès aux copies », expliquait alors Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. .
Tribune / Le Monde du 05/07/2021/ À toi, l'élève inconnu du baccalauréat de philo (Francis Métivier)
[…] Vient alors le moment fort, là où tu voulais en venir, ce qui semblerait être pour toi le bras d’honneur suprême : « Je me suis arrangé pour avoir la moyenne au contrôle continu. » « Arrangé », c’est bien le bon terme. Car pour les élèves de ta trempe, la manœuvre a bien consisté en des arrangements, des petits arrangements.
Combien sommes-nous, parmi les professeurs de philosophie, à avoir supporté, dès l’annonce du ministre, le marchandage d’élèves médiocres au plan moral, qui ont voulu voir leur moyenne augmenter artificiellement, sous prétexte de bienveillance, et en réalité pour pouvoir stopper (ou ne pas commencer) le travail de préparation à l’épreuve.
Cela dans un seul but : partir de l’épreuve au bout d’une heure. Pire : combien de chefs d’établissement (et ce dans toutes les disciplines) ont demandé à des professeurs de monter artificiellement les moyennes, tellement la pression de quelques parents et d’élèves pleurnichards a été importante ? .
Tribune / Le Monde du 21/06/2021/ Nous, professeurs de philosophie, nous abstiendrons de participer à la mascarade de cette édition (Francis Métivier)
La pandémie de Covid-19 a mis à mal l’organisation du bac. Elle a surtout révélé la logique de cette réforme : se passer des enseignants, de leur présence incarnée devant les élèves. Détruire la relation pédagogique pour lui substituer des procédures « neutres » d’évaluation. A la façon d’une machine. Les propos du ministre lors des Assises de l’intelligence artificielle pour l’école, tenues en décembre 2018, appelant à assister toujours plus le travail de correction des enseignants par les calculateurs artificiels, étaient limpides.
L’assistant pédagogique de la machine, dont on n’imagine quand même pas qu’il ait son mot à dire, corrigera à la chaîne grâce au menu déroulant d’annotations préenregistrées. Tel un robot, ce mot dérivé du tchèque « robota », qui signifie travail servile. [...] Un logiciel mouchard comptabilise le temps passé sur une copie, la régularité du travail, de sorte que des algorithmes façonnent un « retour d’expérience » auprès du ministre.
Nous, professeurs de philosophie, n’admettons pas que l’on refuse ainsi de penser. La dématérialisation des corrections, indice de l’ignorance des spécificités de notre métier, est un symptôme : elle renvoie à une dérive sociale, culturelle et écologique profonde, qui étend la contrainte à tous les niveaux de la société. Qui l’enserre dans la toile des algorithmes. Telle est déjà la logique coercitive de Parcoursup, qui a transformé en quelques années nos élèves en entrepreneurs de leur scolarité. .
Presse / Le Monde du 09/06/2021 / Comment Parcoursup refaçonne la sélection à l'entrée des grandes écoles (Soazig Le Nevé)
Des professeurs confirment l’inquiétude de leurs élèves et y voient le révélateur d’un dysfonctionnement de la plate-forme, où les écoles peuvent paramétrer à leur guise l’algorithme de tri classique proposé par le ministère de l’enseignement supérieur, nommé « outil d’aide à la décision ». « Le chaos habituel est décuplé, les classements incohérents révélant des situations scandaleuses », a dénoncé sur Twitter le professeur d’histoire Thibaut Poirot, qui voit grandir « le ressentiment de jeunes qui, malgré leurs bons dossiers, malgré leur investissement, nous disent aujourd’hui “ça n’a servi à rien de travailler” ».
La frustration des lycéens envers Parcoursup est une évidence pour Thomas Lagathu (directeur du concours Sésame, qui regroupe quatorze écoles dont Neoma, Kedge, l’Essec et l’EM Lyon), tant la promesse d’accompagnement faite par la réforme du lycée n’a pas été tenue. Les salons « virtuels » consacrés à l’orientation ont été « une catastrophe car il ne s’y est rien passé du tout » et des « erreurs d’orientation » sont à prévoir, prévient-il. .
Entretien / Le Monde du 02/07/2021/ « La non-hiérarchisation des vœux est la principale limite de Parcoursup » (Alban Mizzi)
Pour évaluer le niveau global d’un candidat, les nouveaux enseignements de spécialité font moins pencher la balance que ne le faisaient les séries L, ES et S, estime le chercheur Alban Mizzi, dans un entretien au « Monde ».
La non-hiérarchisation est la principale limite de Parcoursup, car elle invite à formuler le plus de vœux possible selon un calcul coût-bénéfice. Une formation simplement un peu envisagée donne lieu à une candidature. Il y a donc plus de vœux formulés sur Parcoursup qu’il n’y en avait sur APB (Admission post bac) et plus encore en cette période de crise sanitaire. Avec APB, les candidats avaient le résultat à quelques dates prédéfinies et, une fois le premier vœu accepté, les autres s’annulaient. Tout allait beaucoup plus vite. Sur Parcoursup, le candidat est placé dans des horizons temporels moins bornés, plus difficiles. .
Entretien / Philomagazine du 01/07/2021 / 2021 « Il faut non seulement défendre le grec et le latin, mais les rétablir partout où ils ont disparu » (Pierre Vesperini )
[…] Toute langue est une clé d’accès à une certaine culture. L’importance du latin et du grec est ailleurs : elle réside dans le fait que ces langues nous donnent la « clé d’accès » à l’esprit de toute notre culture. Nous pensons, que nous le voulions ou non, avec des mots, des notions, des images, des catégories, des valeurs hérités de l’Antiquité. Dès lors, de deux choses l’une : ou bien nous sommes incapables d’avoir conscience de cette détermination, et alors nous ne nous comporterons pas autrement que des machineries d’intelligence artificielle, exécutant des tâches programmées par les logiciels qui nous habitent. Ou bien nous sommes capables d’avoir conscience de cette détermination, et donc de la mettre à distance, de l’objectiver, de nous en émanciper le cas échéant – bref, d’être libres. On ne compte pas les esprits libres qui se sont constamment nourris aux sources classiques, et n’en ont été que plus capables de saisir la singularité de la modernité, que l’on songe à Karl Marx, lecteur d’Appien, à Clemenceau, lecteur de Démosthène, à de Gaulle, lecteur de César. .
Action / CNARELA (Coordination nationale des Associations régionales des Enseignants de Langues anciennes) / AudienceMEN2juillet2021.pdf
La CNARELA remercie le ministère de la recevoir à la suite de sa demande d’audience. Cette demande accompagnait l’envoi des motions votées lors de son Assemblée Générale du 29 mai 2021. François Martin souligne une fois de plus l’épuisement des professeurs de Lettres classiques qui font face, comme tous les ans, aux mêmes difficultés : les horaires non fléchés sont une source de conflits avec les directions ; les refus d’inscriptions d’élèves pourtant volontaires (collège et lycée) et l’impossibilité de cumul avec d’autres options sont intolérables, d’autant plus que l’argument des effectifs insuffisants est souvent utilisé par les personnels de direction pour fermer des options ; l’horaire limité la plupart du temps (voire réduit), les regroupements de niveaux, la concurrence avec certains dispositifs, les sections européennes et les autres options qui doivent être financés sur la marge horaire créent des tensions insupportables dans les équipes et font du métier un véritable enfer. .
Analyse / GRDS (Groupe de réflexion sur la démocratisation scolaire) du 20/10/2020 / École numérique, classe inversée, coronavirus et libéralisme scolaire (Nico Hirtt)
Une large coalition d’experts auto-proclamés, de pédagogues aventureux et d’économistes bien-pensants a profité de la crise du Coronavirus et de la fermeture subséquente des écoles pour avancer deux pièces maîtresses du libéralisme sur l’échiquier des débats scolaires : l’école numérique et la « classe inversée ». Dans cet article, nous analysons ces deux stratégies sous trois angles : celui de la transmission du savoir, celui des inégalités scolaires et celui du contexte économique sous-jacent à cette offensive. .
Presse / Libération du 05/07/2021 / Les profs au bout du boulot (Cécile Bourgneuf)
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14-04-20
Tribune / L'Obs du 14/04/2020 / Enseignement à distance : « Le danger d'une école sans humanité » (Fanny Capel, professeure de lettres au lycée Paul-Eluard de Saint-Denis et présidente de l’association Sauver les Lettres)
La communication de documents, d’informations, de consignes, de conseils, fussent-ils personnalisés, ne palliera jamais entièrement la mise en situation fournie par un cours. Ce qui se joue au sein d’une classe est indicible, cette alchimie spécifique qui passe par le corps du professeur et celui de ses élèves, par la ritualisation (cours à heure fixe, dans un lieu commun et neutre, séparé de la sphère intime), parfois par la théâtralité : les échanges de regards, de paroles et d’idées, souvent adventices ou intempestifs, seuls sont à même de tisser un moment d’intelligence collective que l’on appelle un « cours », et qui transmue l’information en savoir.
Actions / Communiqué de presse du 14/04/2020 / Non au maintien de l'oral de français du baccalauréat : une décision incompréhensible ! (Sauver les lettres)
Depuis le début de la crise sanitaire, Jean-Michel Blanquer a multiplié les déclarations fantaisistes qui laissent croire que peut continuer à « fonctionner » coûte que coûte, au mépris de la santé de tous, du bon sens pédagogique, de l'éthique professionnelle des enseignants, et de la confiance que les élèves font à leur école. Nous demandons un retour au principe de réalité : il nous paraît préférable, en l'état actuel de la situation, d’annuler les oraux de français au même titre que les autres épreuves, et de considérer que les notes de contrôle continu obtenues pendant la première moitié de l'année peuvent servir de note globale, pour l’écrit et l’oral, comme pour les autres disciplines, avec les mêmes inconvénients.
Actions / Communiqué de presse du 15/04/2020 / Bac 2020 en contrôle continu : bac de crise ou crise du bac ? (Sauver les lettres)
La décision brutale d'adopter un contrôle continu à 100 % pour le bac 2020 ne manque pas d’éveiller des soupçons. On sait que c'était là l'objectif initial de la réforme du lycée, pilotée par l'impératif de réduction des coûts, et résumée dans le rapport Mathiot […] Si les situations de crise exceptionnelle exigent des décisions d'exception, nous attendons du ministre qu'il s'engage à ce qu'elles le restent. Nous espérons même que l'expérience forcée du bac en contrôle continu en prouve in vivo toutes les aberrations, et conduise à repenser de fond en comble la réforme du lycée.
Presse / Libération du 23/03/2020 / Ecole à la maison : ça passe ou ça classe (Marie Piquemal, Noémie Rousseau)
Dans la classe de CP d’Audrey, enseignante dans une petite école d’un quartier populaire du Puy-en-Velay (Haute-Loire), seules cinq familles sur vingt ont un ordinateur, et seules trois peuvent imprimer. Or les élèves «me disent qu’ils aiment les exercices», car «ça les occupe». Alors cette semaine, ses doubles journées ont fini à 1 heure du matin afin de préparer des petits sacs personnalisés, qui contiennent des photocopies ad hoc qu’elle dépose ensuite le long du mur de l’école où chacun passe chercher le sien. Audrey, épuisée, vient en somme de réinventer l’école buissonnière.

Presse / Le Monde du 28/03/2020 / Ecole à distance, semaine 2 : « Je ne crois pas que j’y arriverai » (Mattea Battaglia, Chloé Ripert)
« Chez nous, on n’a pas d’ordinateurs, pas de mails… En quinze jours, je suis allée chercher les devoirs deux fois à l’école », raconte une mère de cinq enfants qui a requis l’anonymat. Dans cette famille serbe - la maman est au foyer, le père au chômage -, installée en Rhône-Alpes, on met sur le même plan les obstacles matériels et linguistiques. « Je ne parle pas très bien le français, parfois je ne comprends pas les exercices, alors j’appelle la maîtresse, explique la mère. On fait comme on peut, mais c’est très difficile. »

Presse / Marianne du 01/04/2020 / Numérisation de l'école : « On ne fait pas un cours de philosophie par courriels » (Harold Bernat)
Qu'est-ce qui, dans ma discipline, échappe à la continuité quand l'absence des corps interdit la rencontre des esprits ? C'est une question fondamentale, aujourd'hui tabou car elle dérange les administrateurs du contrôle intégral et des big data sans conscience. C'est une question réflexive qui suppose une maîtrise que l'on ne peut pas transmettre n'importe comment. On ne fait pas un cours de philosophie par courriels.

Presse / Le Monde du 07/04/2020 / Ecole à la maison : qui sont les 800/000 élèves « perdus » ? (Pascal Plantard)
L’expérience du confinement est intense et massive. C’est un « fait social total », pour reprendre l’expression de Marcel Mauss (1923). La reproduction à distance de la norme scolaire classique et de ses attendus, avec les contradictions, la charge mentale et les conflits de légitimité qu’elle représente, est une voie sans issue. Non, ces élèves n’ont pas été « perdus » par les enseignants, mais laissés pour compte par l’ensemble de la société.

Tribune / Le Monde du 03/03/2020 / « Le bac est mort. Vive le... quoi ? » (Fanny Capel, Professeure de lettres modernes au lycée Paul-Eluard (Saint-Denis). Présidente de l'association "Sauver les Lettres"
Quel sens profond donner à cette révolution d’un examen emblématique de notre pacte républicain ? Jean-Michel Blanquer avait annoncé un bac plus juste, moins lourd, moins stressant, plus moderne jusque dans ce sigle branché des « E3C ». Or, dans la novlangue ministérielle, les mots signifient le contraire de ce qu’ils recouvrent. Jamais, de mémoire de professeure principale en exercice depuis vingt-deux ans, je n’ai vu mes élèves de 1ère aussi angoissés. Ils s’avouent paniqués par la multiplication d’échéances courtes. Jusqu’alors, l’année de 1re était celle où on laissait les lycéens mûrir et étudier tranquillement. Les épreuves de français et de TPE passées en juin représentaient pour eux une sorte de galop d’essai du bac. Leur orientation roulait sur des rails. Cette année, au bout de trois mois de cours, on les sonde déjà pour leur demander laquelle des trois spécialités choisies en fin de 2e ils vont abandonner [...], et au bout de quatre mois, ils passent déjà la première session de la vingtaine d’épreuves de bac échelonnées sur leur cursus.
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Tribune / Le Monde du 15/08/2019 / Le classement de Shangai n'est pas fait pour mesurer la qualité des universités françaises (Hugo Harari-Kermadec, interrogé par Eric Nunès)
A Paris-Dauphine, on ne trouve pratiquement pas d’enfants des classes populaires. A l’inverse, certaines universités d’outre-mer ou des Hauts-de-France ont très peu d’enfants de cadres, alors qu’ils constituent 40 % de la population étudiante à l’université. Et, surprise, les universités à la population étudiante la plus aisée sont celles qui sont les mieux classées par Shanghaï, et qui reçoivent les financements IDEX. Les financements des politiques publiques de « l’excellence » renforcent donc indirectement la polarisation sociale du système universitaire, en donnant plus de moyens pour l’éducation des étudiants favorisés. Finalement, adapter le système universitaire français au classement de Shanghaï, c’est lui faire adopter une logique de concurrence et de rationalisation économique, au détriment de l’esprit de service public et des missions académiques.

Analyse / Mezetulle, 23/08/2019 / Libéralismes et éducation : Quand le loup libéral entre dans la bergerie scolaire (Sébastien Duffort)
En défendant à la fois l’innovation pédagogique (libéralisme culturel) et la libéralisation du système scolaire (libéralisme économique), de nombreux acteurs du système éducatif qui se disent « modernisateurs », « progressistes », autrement dit « de gauche », ont en réalité contribué à l’accentuation des inégalités de réussite scolaire au détriment des élèves les plus défavorisés.

Presse / Libération du 03/12/2019 / Rapport PISA : bulletin et tintamarre (Marie Piquemal)
«Malgré des bases solides, le système éducatif français présente des faiblesses structurelles : le poids de l’origine sociale pèse davantage qu’ailleurs sur les performances scolaires des élèves.» C’était la vraie inconnue de cette enquête Pisa, et certainement l’indicateur que chercheurs et politiques attendaient avec le plus d’appréhension : l’écart de points entre les élèves venant de familles favorisées et ceux issus de milieux défavorisés. Avec une différence de 107 points (contre 89 en moyenne dans l’OCDE), la France reste l’un des pays de l’OCDE où l’origine sociale a le plus fort impact sur les résultats scolaires. En France, les élèves de familles défavorisées ont cinq fois plus de risques que les autres de ne pas atteindre le niveau minimal de lecture.

Analyse / Mezetulle, 25/01/2020 / Éléments pour réinstituer l’élitisme républicain – L'égalité chez Condorcet (Charles Coutel)
L’égalité d’instruction doit lutter à la fois contre le retour subreptice de l’inégalité dans l’accès aux savoirs (dans le préceptorat privé par exemple), mais aussi contre la tentation de l’égalitarisme qui, à partir de l’égalité morale et politique des hommes, en arrive à haïr les talents et les lumières, à condamner l’excellence et à interdire l’admiration et toute défense héroïque de la République.

Tribune / Le Monde du 11/07/2019 / À l'université, les passions égalitaristes rendent la langue illisible et imprononçable (Yana Grinshpun, Céline Masson et Jean Szlamowicz)
Tribune. La surveillance linguistique a pris en quelques mois une tournure d’une virulence inédite. Des « inclusivistes » (partisans d’une écriture qui éviterait toute discrimination entre les femmes et les hommes) signalent le féminin partout où ils peuvent. Ils confondent ainsi les signes de la langue qui servent à distinguer des types de mots avec ce qu’ils désignent dans l’extralinguistique (ce qu’on nomme le « réel » en psychanalyse) : « masculin » et « féminin » en grammaire ne signifient pas « homme » et « femme ». Par ailleurs, les polarités du masculin et du féminin, ce que Freud nomme bisexualité psychique, ne sont-elles pas inhérentes à la vie psychique de chaque individu, qu’il soit femme ou homme ? Prenons un exemple : on pourra dire « c’est un ange, cette fille ! », et « c’est une brute, ce type ! », sans que cela pose aucune question de représentation sociale, alors que le genre newdes mots ne correspond pas au genre sexuel – et pour cause : le genre grammatical n’est pas le sexe.

28-08-19
 
Analyse / Le Monde du 11/05/2019 / Monsieur Blanquer votre réforme du lycée va dégrader la qualité des enseignements artistiques (Joël Pommerat)
Je réaffirme ma toute première impression : par choix politique ou par négligence, votre réforme va dégrader la place et la qualité des enseignements artistiques dans notre système éducatif. [...] Tout porte à croire que ces enseignements où l’on prend le temps de se confronter aux oeuvres et à ceux qui font le métier d’artiste, où on se donne le temps d’expérimenter de l’intérieur différents processus artistiques, où on acquiert un regard critique, où on développe une réflexion personnelle et un sens du travail collectif, ces enseignements artistiques à haute valeur ajoutée sont bel et bien menacés.

Analyse / Le Monde du 16/07/2019 / Résultats du baccalauréat 2019 : « L’idéal sacré d’égalité vient d’être bafoué » (collectif)
Des ordres contraires à la loi.
Il y a quelques jours à peine, un événement exceptionnel est intervenu dans l’histoire de notre profession et dans l’histoire récente de notre démocratie : un ministre n’a pas respecté la loi. Il a donné des ordres contraires à la loi, contraires à l’esprit de notre institution. Une note de service annoncée par voie de presse a considéré que l’on pouvait destituer des jurys pourtant définis comme « souverains » par le code de l’éducation. Elle a donné la possibilité à des personnels administratifs – chefs de centres d’examens, proviseurs ou adjoints – de remplacer des enseignants et de définir des résultats à leur place, sans même avoir une connaissance des copies et des règles spécifiques d’évaluation propres au baccalauréat.

Analyse / AOC Média du 10/07/2019 / Pourquoi j'ai fait la grève pendant le bac (Marjorie Galy, enseignante agrégée de sciences sociales)
En juin 2021, il n’y aura plus que 3 épreuves organisées nationalement : le français en épreuve anticipée de première, la philosophie et le « Grand oral » en terminale (contre 12 épreuves en moyenne actuellement sans compter les options). À partir de la prochaine rentrée, toutes les autres disciplines vont être évaluées localement, dans chaque lycée, en cours d’année, dès la classe de première, soit avec des « examens partiels » en décembre et au printemps pour les disciplines du tronc commun, soit, pour les spécialités, avant ou après les vacances de printemps, afin que les notes puissent être prises en compte dans Parcoursup.

L’économie budgétaire réalisée est donc énorme pour le ministère mais le transfert de la charge supplémentaire de travail gratuit, effectuée localement, dans chaque établissement, par les équipes de direction, de vie scolaire et les enseignants sera considérable. […] Le « bac Blanquer » impose un régime permanent d’évaluation qui peut être contraire aux apprentissages et à l’épanouissement des élèves.

[…] La liberté de choix proposée aux élèves n’est qu’un leurre, et les élèves et parents de seconde cette année le savent parfaitement. Toutes les spécialités ne sont pas proposées dans tous les lycées, le nombre de places par spécialité est contingenté du fait de la taille des salles de classe et des dotations budgétaires en baisse dans chaque lycée. Sur le terrain, toutes les combinaisons de spécialités ne sont pas possibles. Les élèves peuvent être amenés à changer d’établissement ou à recourir à l’enseignement à distance du CNED en cas d’offre de spécialité manquante ou insuffisante dans leur lycée d’origine.

Analyse / Le Monde du 15/07/2019 / « Baccalauréat : « C’est l’entêtement du ministre qui a généré ce chaos » (Fanny Capel, Professeure au lycée Paul Eluard de Saint-Denis)
Professeure de lettres à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et présidente de l’association Sauver les lettres, Fanny Capel, dans une tribune au « Monde », s’insurge contre le « gigantesque retournement des rôles » qui voit les grévistes du bac accusés d’avoir perdu le sens du service public.

Qui a été sacrifié ? Les quelques milliers d’élèves qui risquaient de voir leur inscription à la fac retardée – ou les centaines de milliers de lycéens qui, dès l’an prochain, plancheront sur le bac six fois en deux ans, sans qu’on leur laisse le temps de progresser, sur des épreuves élaborées localement, au mépris de la plus élémentaire égalité républicaine ?
Qui a pris les lycéens « en otages » Nous, ou cette réforme qui les contraint désormais de construire leur « parcours » à l’aveugle, sans information fiable sur les attentes du supérieur, de choisir des spécialités virtuelles car leur lycée ne les ouvrira pas faute de moyens ?
Qui a perdu « le sens du service public » ? Nous, ou ce gouvernement qui va supprimer 2 600 postes de profs dans le secondaire, grâce à un tour de passe-passe qui consiste à supprimer les filières pour bourrer toutes les classes dites générales à plus de 30 élèves, pour « inclure » les élèves handicapés sans aide, pour orienter sans personnels qualifiés, pour faire passer des nouveaux programmes à l’ambition démesurée sans les horaires nécessaires ?

Texte complet : C'est l'entêtement du ministre qui a généré ce chaos.pdf

L'intempestif / 22/08/2019 / L'arnaque du projet Voltaire (Florence Costa-Chopineau)
Parmi les 37 projets proposés au financement lors du dernier conseil d’administration de mon lycée, l’un des plus scandaleux, et aussi les plus coûteux , concerne le projet Voltaire (2080 euros, une paille, pour un lycée de 2800 élèves). Qu’est-ce que cet objet qui s’affuble d’un nom bien rassurant ? Pensez ! Un philosophe des Lumières ! C’est une florissante entreprise privée, en ligne, créée en 2008, qui propose, moyennant finances, des exercices en ligne d’orthographe à tous ceux qui veulent progresser. Puis, en payant encore, qui délivre une certification, reconnue par les entreprises.

17-04-19
 

Action / 21/03/2019 / Sauver les lettres a signé le manifeste de l'APMEP (Association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public) et de la SMF (Société mathématique de France), « Pour des mathématiques dans le socle commun au lycée ».
Les élèves de première générale n’ont qu’une possibilité pour apprendre des mathématiques : celui d’une spécialité qui sera la même pour toutes et tous. Or le programme de cet enseignement est conçu pour des élèves désirant une formation scientifique approfondie. En effet, il est enrichi par rapport à l’actuelle première S, voie pourtant dédiée à la formation des futurs scientifiques, alors que l’horaire hebdomadaire de 4 heures est inchangé. Pour les élèves souhaitant continuer à se former en mathématiques sans pour autant en faire le coeur de leurs études, par exemple celles et ceux qui s’orientent préférentiellement vers les sciences économiques et sociales et les sciences humaines, il n’y a pas d’alternative. C’est donc du tout ou rien : soit on s’engage dans une spécialisation en mathématiques, soit on n’en fait plus du tout.

Communiqué de presse / Sauver les lettres / 16/04/2019 / Pour le théâtre vivant, contre la censure
Ironie du sort, si Philippe Brunet se contentait de mises en scène plates et ronronnantes, s’il ne s’appuyait pas sur un travail de recherche approfondi sur le jeu d’acteur et les conditions de représentation dans l’Antiquité, il contribuerait sans doute fort peu à la connaissance de la tragédie grecque et n’y intéresserait sans doute personne, mais il n’aurait pas attiré les foudres du CRAN et consorts. C’est parce que Démodocos dépoussière le théâtre antique et le sort de l’entresoi douillet des philologues pour en faire un spectacle vivant qu’il est devenu la cible d’attaques aussi violentes qu’erronées. Pour que tous les spectateurs, antiquisants ou profanes, puissent profiter d’un regard à la fois libre et érudit sur le théâtre grec, Sauver les lettres demande que Les Suppliantes soient reprogrammées et que les représentations se déroulent en toute sérénité.

Tribune / Le Monde du 11/04/2019 / « Blackface » à la Sorbonne : « Ne pas céder aux intimidations, telle est notre responsabilité »(collectif)
Des personnalités du monde de la culture, dont Ariane Mnouchkine et Wajdi Mouawad, s’insurgent contre une « logique de censure intégriste et identitaire », après les accusations de racisme ayant motivé la perturbation d’une pièce.
Les faits sont connus. Le 25 mars, à la Sorbonne, des activistes se réclamant de l’antiracisme (militants de la Ligue de défense noire africaine, de la Brigade antinégrophobie, etc.) ont bloqué l’accès à la représentation de la pièce Les Suppliantes, d’Eschyle, mise en scène dans le cadre du festival Les Dionysies par l’helléniste et homme de théâtre Philippe Brunet.
[…] « Le théâtre est le lieu de la métamorphose, pas le refuge des identités. » Philippe Brunet, en une phrase, exprime l’enjeu de cet art – de tout art : pouvoir se sentir être autre que « soi-même » – à travers des personnages, des histoires, et rejoindre ainsi toute l’humanité. « L’acteur, sur une scène, joue à être un autre, devant une réunion de gens qui jouent à le prendre pour un autre. »

Tribune / Le Monde du 29/03/2019 / « Non, le masque grec n’est pas un “blackface” (Anne-Sophie Noël)
Doit-on juger les oeuvres du passé, qu’elles soient progressistes ou non d’ailleurs, à l’aune des errances nauséabondes des esclavagistes américains ? S’il ne faut pas ignorer cette histoire-là non plus, doit-elle devenir un étalon universel pour toutes les oeuvres artistiques, y compris celles qui datent d’une époque antérieure ou s’inscrivent dans un contexte culturel entièrement déconnecté ?

Tribune / Le Monde du 11/04/2019 / « La liberté académique est de plus en plus menacée en France » (Olivier Beaud)
En l’espace de quinze jours sont survenus divers événements qui ont pour point commun de révéler l’existence de sérieuses menaces pesant sur la liberté académique (les libertés universitaires, dit-on en France). Cette liberté, assez méconnue chez nous, en raison de la faible place sociale qu’occupent les universités et les universitaires dans l’espace public, peut se définir comme une liberté professionnelle. [...]
Il faut désormais faire reconnaître cette liberté académique pour mieux la faire respecter et comprendre. La justice administrative assure mal, à ce jour, la défense d’une liberté qui n’est pas proclamée en tant que telle par un texte de rang élevé. […] L’intérêt de cette question déborde le seul cadre d’une liberté corporative : il en va de la liberté de la pensée et de la liberté de la science, dont dépend le niveau de civilisation d’un pays.

Humeur / Le billet de François Morel du vendredi 12 avril 2019 / « C'est quoi le théâtre si ce n'est pas le droit de jouer ce qu'on n'est pas ? »

Humeur / Libération / La lettre politique de Laurent Joffrin du 15/04/2019 / Eschyle, le « blackface » et la censure.(collectif)
Le metteur en scène, Philippe Brunet, proteste de ses convictions ouvertes et égalitaires. Mais c’est un individu éminemment louche puisqu’il est animé de valeurs humanistes et travaille depuis des lustres sur la langue grecque ancienne, cherchant à mettre en lumière – et à réhabiliter – les influences africaines sur la culture grecque de l’Antiquité. Un raciste qui s’ignore, donc, qui a eu la criminelle idée de rappeler que les «Suppliantes» avaient sans doute la peau cuivrée et qu’il a envisagé de leur brunir le visage avec un onguent, avant d’opter pour des masques de cuivre. Usant d’un raisonnement péniblement capillotracté, ces censeurs agressifs ont imaginé que ce déguisement de scène rappelait de manière insoutenable la pratique du «blackface» (se grimer en noir) en usage aux Etats-Unis aux temps de l’esclavage – ou après - pour se moquer des populations noires. Dans son inconcevable inconscience, Eschyle, vivant au Ve siècle avant Jésus-Christ, avait omis de prévoir que ses didascalies heurteraient un jour la conscience de certaines minorités.

Tribune / Le Monde du 18/03/2019 / Lorsque les enseignants courent après le temps » (Fanny Capel)
A quoi ressemble la journée type d’une classe de lycée ? Dans une tribune au « Monde », la professeure de lettres et membre de l’association Sauver les lettres Fanny Capel raconte ce « fléau de l’école qu’est le manque de temps, le temps perdu, le temps mal employé ».
Rue de Grenelle, la réflexion sur la question des horaires est considérée comme de la basse cuisine. Impossible de faire entendre à des experts qui n’ont jamais mis les pieds dans une classe qu’il s’agit du point névralgique qui détermine le succès ou l’échec de notre enseignement, et qui transforme les programmes successifs, aussi mirifiques soient-ils, en coquilles vides. Sur le pont, profs et élèves n’en ont pas fini avec les cadences infernales. Aujourd’hui, l’école fait parfois appel à des sophrologues en classe, pour lutter contre un stress qu’elle génère elle-même. En parallèle, les cours de soutien privés prospèrent, eux qui proposent aux élèves, contre monnaie sonnante et trébuchante, ce temps d’étude efficace que l’éducation nationale leur refuse.

Presse / Libération du 10/02/2019 / «On demande très tôt aux élèves de se comporter en consommateurs éclairés de l’offre scolaire» (Jean-Yves Rochex)
Interview. Jean-Yves Rochex est professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII et spécialiste des questions d’inégalités scolaires, de politiques éducatives et de l’éducation prioritaire.
L’objectif de donner plus de liberté aux élèves n’est-il pas louable ?

La cohérence entre la réforme du lycée et celle de Parcoursup conduit à demander très tôt, dès l’entrée au lycée, aux élèves de se comporter comme des consommateurs éclairés de l’offre scolaire, à même de construire un parcours de formation individualisé et cohérent. Cela aurait pu être un point positif de lier le parcours au lycée au premier cycle universitaire. Mais, d’une part, une telle individualisation contribue à nier la conception de l’école comme service public se référant à des valeurs et objectifs communs pour en faire une offre de services aux individus et aux familles. D’autre part, ces derniers ne disposent pas des mêmes ressources économiques et culturelles pour être à armes égales face à cette logique accrue de l’offre et de la demande ou pour faire valoir leurs expériences hors école.

Presse / Le Monde du 25/02/19 / La réforme Blanquer relance la concurrence entre les disciplines (Violaine Morin)
[…] Les changements induits par la réforme ont généré des tensions. Chaque année, les professeurs du lycée se répartissent une enveloppe d’heures. Cette question est particulièrement épineuse avec les nouvelles spécialités : pour pouvoir proposer tous les enseignements promis (entre sept et neuf spécialités en moyenne dans chaque lycée, et jusqu’à douze pour certains), les proviseurs sont obligés de rogner sur la marge horaire, qui permet en temps normal d’enseigner en demi-groupe en langues, en SVT, en physique-chimie… Et qui finance certaines options comme les langues rares ou les arts. De là, naît une concurrence pour se répartir les heures restantes.

Analyse / Café pédagogique du 11/03/2019 / Lycée : Le "libre choix" des élèves soumis à la gestion des moyens
" Vous avez la liberté de choisir en suivant vos goûts et vos centres d'intérêts". C'est ce que JM Blanquer promet aux lycéens dans une vidéo diffusée par le ministère de l'éducation nationale pour justifier la réforme du lycée. Or une note de la Dgesco en date du 6 mars 2019 éclaire "le traitement des choix des enseignements de spécialité de 1ère générale" par les établissements. Le principe du libre choix des élèves est en fait cadré par une règle bien plus forte : la gestion administrative. Les élèves ne sont libres de choisir que dans les spécialités que l'administration veut bien leur offrir et s'ils le méritent par leurs notes.
Note DGESCO mars_2019 Traitement des choix de _enseignements

Presse / Vousnousils du 19/03/2019 / Plan « Bienvenue en France » : un risque pour l’attractivité
En novembre dernier, le gouvernement annonçait l’augmentation des frais de scolarité dans les universités pour les étudiants extra-communautaires. Ainsi, dès la rentrée 2019 et la mise en place du plan « Bienvenue en France », les étudiants étrangers devront s’acquitter de 2770 euros de frais d’inscription en Licence et de de 3770 euros en master. Le rapport parlementaire présenté mercredi 13 mars déplore la mise en oeuvre « précipitée » de cette réforme. D’après les auteurs, « tous les acteurs du monde universitaire s’accordent (…) pour indiquer que la mesure devrait produire, dans le court terme, un effet d’éviction aux conséquences potentiellement importantes ». En d’autres termes, cela signifie que l’attractivité de la France dans l’enseignement supérieur risque de souffrir du plan « Bienvenue en France ». Pour illustrer cela, les auteurs prennent en exemple les cas de la Suède et du Danemark, pays ayant également mis en place des politiques similaires en 2011 et 2006. Dans ces deux pays, le nombre d’étudiants étrangers a baissé de 30% en 3 ans en Suède et de 35% au Danemark dès la première année.

14-02-19
 

Réforme / Bulletin officiel spécial n°1 du 22/01/2019 / Nouveaux programmes du lycée général et technologique

Presse / Le Figaro 18/12/2018 / Réforme du lycée : «Des déserts scolaires vont se constituer»
Interview. Professeur agrégé de lettres, Fanny Capel est membre du collectif «Sauver les lettres». Elle dénonce une réforme du baccalauréat à visée «purement économique».
Sur les douze spécialités proposées aux élèves dans le cadre de la réforme, trois intègrent la littérature. Est-ce satisfaisant ?
La suppression des filières et la mise en place des spécialités mettent inévitablement les disciplines en concurrence. Dans les établissements, on va assister à une véritable bataille de chiffonniers qui ne sera pas forcément profitable aux lettres. Si les filières S et ES pourront aisément se recréer, ce ne sera pas le cas pour la filière L. Qui va choisir la spécialité «Humanités, littérature et philosophie»? Cela ressemble à de la culture générale molle. Les professeurs de philosophie estiment qu'ils vont y perdre. Quant au programme, il renvoie une image plutôt rébarbative. Surtout, il sera directement en concurrence avec la spécialité «Langues, littératures et cultures étrangères», plus attractive pour les élèves. Que dire, enfin, de la spécialité «littérature, langues et cultures de l'Antiquité» qui ne sera sans doute pas proposée dans tous les lycées?

Réforme / 13/01/2019 / Lycée et post-bac, spécialités et options : effets d'annonce et de seuils (SNES-FSU)
Les lycées ruraux, les petits établissements ou les moins favorisés socialement ne pourront pas assurer le maximum de possibilités de parcours. Pour enrichir sa formation, le lycéen sera condamné à aller voir ailleurs pour une partie de ses enseignements, dans un autre lycée, en visio-conférences ou au CNED. Certaines spécialités sont affichées comme implantées dans un lycée alors que les cours auront lieu ailleurs. Il faut avoir en tête que ces cartes de formations (…) ne sont finalement qu’indicatives car il faut s’attendre à des ouvertures conditionnées par des effectifs minimum.

Presse / Le Monde / 29/01/2019 / Choix des spécialités en première : l’ombre du supérieur (blog de Claude Garcia)
Officiellement, la réforme du lycée doit le simplifier et donner plus de souplesse au parcours des lycéens, qui ne seraient plus enfermés dans des filières. [...] Théoriquement, un élève, si les spécialités sont ouvertes dans son établissement peut prendre: physiques, arts et langues. Il est normal de rencontrer un élève qui prendrait ce menu pour savoir, s’il est suffisamment cohérent et si cela ne débouchera pas sur une sévère crise de foi, quant à son futur parcours dans le supérieur. Ce qui est plus déplaisant, c’est que les professeurs et bientôt les familles se rendent compte que les dés sont pipés. Au moins, l’UPA (Union des professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles agronomiques, biologiques, géologiques et vétérinaires) ne s’embarrasse pas de scrupules. Leurs recommandations sont très claires. Les élèves doivent choisir dans l’ordre qu’ils veulent… uniquement trois spécialités parmi les trois spécialités:maths, SVT, physique. L’UPA en appelle donc à la reconstitution de la série S

Presse / Libération / 04/02/2019 / Réforme du lycée : tohu-bohu dans les bahuts (Marie Piquemal)
On a vite su que cette réforme allait aggraver les inégalités territoriales. Bien sûr, jusqu’ici, la situation n’était pas géniale, les élèves n’avaient pas les mêmes chances selon leurs origines territoriales et sociales. On sait bien que dans notre système éducatif, les différences sociales déterminent la réussite. [...] Mais quand même. L’offre restait comparable, il y avait un minimum de démocratisation. Tous les jeunes, y compris dans notre lycée rural, pouvaient choisir S, L, ES ou STMG [sciences et technologies du management et de la gestion, ndlr]. On les préparait le mieux possible au bac, pour leur ouvrir les portes de la fac au moins. Avec la réforme, les élèves n’auront le choix qu’entre sept spécialités maximum sur les douze existantes. Les cinq autres, ils en sont privés.

Action / 03/02/2019 / Communiqué de presse (associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, CNARELA, SEL, SLL)
Les associations signataires réunies autour de la CNARELA saluent la parution, au JORF du 25 janvier 2019, de l'arrêté du 31 décembre 2018 consacré aux épreuves du nouveau baccalauréat général de 2021 : « Le cas échéant, les points excédant 10 sur 20 de l’évaluation des résultats de l’élève au cours du cycle terminal pour chaque enseignement optionnel « Langues et Cultures de l’Antiquité », retenus et multipliés par un coefficient 3,s’ajoutent à la somme des points obtenus par le candidat à l’examen. » Ce texte offre des garanties claires aux élèves de lycée qui étudient le latin et le grec en option […] Cependant, la mise en oeuvre de la réforme du lycée soulève de très nombreuses inquiétudes. [...] Dans nombre d'académies, il sera difficile aux élèves de trouver un lycée comportant ces enseignements.

Analyse / Mezetulle, 10/01/2019 / Programme « Humanités, Littérature et Philosophie » : Jean-Michel Blanquer digne héritier de ses prédécesseurs. Où est passé l’enseignement de la philosophie ? (Jean-Michel Muglioni)
La nouvelle matière HLP – Humanités, Littérature et Philosophie –, qui n’est pas une discipline, a nécessairement donné lieu à un programme improbable, un fourre-tout, où la spécificité de l’enseignement philosophique français est remise en cause. Ses auteurs ont beau s’en défendre, ce n’est que de la culture générale au plus mauvais sens. Mais que pouvaient-ils faire d’autre une fois cette pseudo-discipline imposée ? [...] Je pose seulement une question : de quel droit une commission peut-elle non pas renouveler un programme de philosophie, mais proposer une nouvelle discipline qui ne correspond à aucune discipline universitaire, avec un programme qui remet en question tous les principes sur lesquels repose l’enseignement philosophique dans le second degré et en classe préparatoire, enseignement spécifique qui, comme l’a dit le ministre, fait (ou faisait !) l’originalité du secondaire français.

Action / 01/01/2019 / Pétition / Appel des 113 - Ne modifiez pas la Loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat
Depuis 113 ans, la Loi de séparation des Églises et de l’État est un texte fondateur de notre République. Cette loi et nulle autre, assure la liberté de conscience et affirme sans ambigüité ni faux-semblants que la République ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte. Elle garantit le libre exercice des cultes assuré par des associations dont l’objet et le patrimoine doivent être strictement cultuels. Par l’esprit et la lettre, elle œuvre au rassemblement des êtres humains par-delà leurs différences. Avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, elle est au cœur du fonctionnement de notre vie collective, elle est le moteur du développement de nos libertés, elle contribue de manière décisive à l’égalité entre tous les citoyens quelles que soient leurs convictions.

Trois éclairages rétrospectifs.

Manifestation laïque à Paris (collectif Sauver les lettres, 12/2005)
Nous tenons à rendre hommage à la loi de séparation de l’église et de l’état, dont on commémore le centenaire. Car l’école républicaine, partant du postulat d’Helvetius (" tant qu’ils s’obstineront à regarder les cieux, les hommes trébucheront sur terre "), a patiemment donné aux hommes les moyens d’observer avec raison, méthode, et rigueur, la terre et les hommes qui les entouraient, ainsi que leur passé. [...]
La revendication de la laïcité est l’exigence d’un lieu ouvert à l’échange libre, rationnel, et sans exclusive. Car il est arrivé que la littérature rende hommage à la portée littéraire - c’est à dire créatrice d’un univers imaginaire - de certains textes religieux ; il est même arrivé que des écrivains défendent par leur art, la liberté religieuse, ou la foi. Mais il n’est jamais arrivé que la religion, quelle qu’elle soit, défende la littérature.

La nécessité d'enseigner les Lumières (Agnès Joste, 06/2012)
L'enseignement des Lumières : accéder aux fondements de la laïcité.
L'effort des écrivains des Lumières est d'arracher l'homme à toutes les entraves à l'exercice de la raison (« Ecrasons l'Infâme !»), pour lui donner ou lui rendre sa liberté de pensée. La première entrave est la religion, qui asservit les esprits. Dans un contexte scolaire, les philosophes les plus accessibles et les mieux à même de le montrer sont Montesquieu et Voltaire. Leur étude, pendant la classe de Première, montre comment l'idée de séparer l'Eglise et l'Etat a pu mûrir et se faire jour, sans que la notion soit encore théorisée.

Tolérance et laïcité (Didier Guilliomet, 12/2013)
La laïcité est une sorte de catharsis du politique et du religieux : la séparation des Eglises et de l’Etat conduit à une autonomisation et à une affirmation de la souveraineté populaire et permet, d’autre part, de dégager la religiosité de tout l’aspect statique et étatique dans lequel il arrive que les religions perdent leur âme.

Tribune / Le Monde du 29/01/2019 / « Dans un salon consacré au livre, et à la littérature française, n’est-il plus possible de parler français ? » (collectif)
Dans une tribune collective au « Monde », une centaine d’écrivains, d’essayistes, de journalistes et d’artistes s’indignent de voir le « globish », un sous-anglais, supplanter notre langue dans les médias, à l’université et jusqu’au prochain salon « Livre Paris ». « Pour la deuxième année consécutive, la littérature Young Adult est mise à l’honneur au salon Livre Paris », lit-on sur le site Internet de cette manifestation qu’on appela longtemps le Salon du livre, et qui se tiendra du 15 au 18 mars. […] Nous savons fort bien qu’il s’agit au fond de commerce et de mercatique, d’impérialisme linguistique pour mieux vendre partout les mêmes produits, de colonialisme culturel accompagnant la mondialisation économique. Pervertissant jusqu’à l’inconscient de la responsable de la programmation de la « scène YA », qui écrivait à l’un d’entre nous trouver spontanément le mot « bookroom » plus « dynamique » que n’importe quel équivalent français.
Défense_du_français.pdf

15-11-18
 

Action / 15/11/2018 / Communiqué de presse / Programmes et baccalauréat de français au lycée : des avancées dans un champ de ruines. (Sauver les lettres)
L'amélioration sensible des études de français au lycée va se perdre dans des conditions de vie scolaire qui vont électriser établissements et élèves. […] Nous ne considérons pas l'enseignement du français comme une oasis qui serait préservée au sein d'un lycée et d'un baccalauréat en ruines. Nous nous élevons contre les conditions d'étude faites aux lycéens dans une massification brutale de leurs parcours, contre les inégalités de leur orientation, contre l'injustice territoriale des « déserts scolaires » qui vont se constituer faute d'offre de spécialités, et contre la perte du caractère terminal, national et anonyme de leur baccalauréat, qui va les assigner à leurs origines et déterminer par avance leur entrée dans le supérieur.

07-11-18
 

Réforme / Conseil supérieur des Programmes, 15/10/2018 / Élaboration des projets de programme du nouveau lycée / Projets de programme des classes de seconde et de première (voies générale et technologique)
La réforme du baccalauréat et du lycée (voies générale et technologique) annoncée le 14 février 2018 par le ministre de l’Éducation nationale appelle l’élaboration de nouveaux programmes ainsi que de nouvelles modalités d’évaluation des élèves qui s’inscrivent dans l’esprit de cette réforme.

Réforme / Compte rendu de l'audience de concertation organisée par le Conseil supérieur des Programmes avec les associations littéraires, le 4 octobre 2018 (Sauver Les Lettres)
Deux objectifs principaux étaient visés : premièrement remédier aux problèmes d'expression orale et écrite auxquels se heurtent de nombreux lycéens, en développant le « sens de la langue », et en réintroduisant l'étude de la grammaire au lycée (« Il faut en finir avec l'illusion qu'après le collège on en a fini avec l'enseignement de la langue ») ; deuxièmement renforcer la culture littéraire, et favoriser la construction d'une conscience historique des oeuvres – à la fois en les contextualisant, mais aussi en faisant percevoir le « fil » des évolutions, les scansions entre périodes.
Réforme / Sauver les lettres, 11/10/2018 / Note de Sauver les lettres destinée au CSP à l'issue de la réunion du jeudi 4 octobre 2018.
Sauver les lettres salue le sérieux et l'ambition qui semblent avoir présidé aux travaux des experts pour l'enseignement des lettres en lycée. Mais nous exprimons des craintes quant à l'application de ces nouveaux programmes sur le terrain : l'exigence se transformera en élitisme si nous n'obtenons pas les structures et les moyens nécessaires à leur application, et les moyens de compensation des inégalités de niveau entre élèves.
Outre la question des horaires, actuellement insuffisants, nous remettons en cause la réforme structurelle du lycée et du baccalauréat. Les élèves en Première, en parallèle avec le français, passeront au moins trois autres épreuves, dans une véritable course d'obstacles qui sera nuisible à la sérénité de leurs études et à la continuité des apprentissages, et dispersera leurs efforts. Par ailleurs, les inégalités territoriales qui vont découler de la carte académique des spécialités, et qui visent pour notre part les langues anciennes, nous heurtent fortement. La confiance que nous font nos élèves est mise à mal dans ce nouveau système dépourvu de repères et de justice.

Actions / 10/10/2018 / Déclaration de 44 professeurs de philosophie de l'académie de Rouen.
Contrairement à ce que les commentateurs répètent à l’envi, une réforme ne répond jamais seulement, ni d’abord, à des exigences techniques, ni même économiques. Elle vise essentiellement des effets d’ordre politique, au sens le plus large du terme : les formes de conscience et les conduites qui déterminent l’organisation de la société. C’est de ce point de vue qu’il faut donc d’abord la juger. L’enjeu est d’autant plus grave que ce projet concerne l’école, c’est-à-dire la jeunesse. Nous ne voulons pas d'une école d'inspiration ultra-libérale, «territorialisée», qui flatte hypocritement le consumérisme, s'appuie trompeusement sur une idéologie du libre choix accordé à des élèves de 14/15 ans, fait miroiter des perspectives mirobolantes de réussite et aboutit à une réduction drastique des possibilités réelles d'enseignement au lycée et à une compétition dans laquelle les familles (parents et enfants) en seront pour leurs frais.

Actions / 08/10/2018 / Menace de fermeture des Lettres Classiques à Pau (Julie Gallégo)
En proie à des problèmes budgétaires, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) compte sacrifier certaines formations du nouveau Collège Sciences Humaines et Sociales au nom de la « rentabilité ». Lettres Classiques, Histoire de l’Art et LEA Anglais-Allemand ont ainsi été pointés du doigt comme les mauvais élèves dont il faudrait se débarrasser. Une « hypothèse de travail » nous a été brutalement dévoilée ces derniers jours : pas d’ouverture de la première année de Licence (L1) Lettres Classiques à la prochaine rentrée, pour « faire mourir » en deux ans maximum ce parcours de la filière Lettres.

Actions / 10/10/2018 / Après les promesses rassurantes du ministre, nous attendons des actes (associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL, SLL)
Nos associations se réjouissent d’avoir été entendues sur le point crucial que représente le maintien du « bonus » (triplement des points au-dessus de 10) accordé aux candidats qui présentent l’option de latin et/ou de grec ancien au baccalauréat. […] Mais la plus grande prudence est de mise. Nos associations rappellent que les attaques de l’administration contre les langues anciennes perdurent, au collège comme au lycée ; ainsi, la récente note de service signée par le Directeur général de l’enseignement scolaire réduit-elle la nouvelle spécialité « Littérature, Langues et Cultures de l’Antiquité » à une portion congrue que se partageraient quelques lycées par académie.

Analyse / Mediapart du 28/09/2018 / L'enfant chargé de chiffres (blog de Stella Baruk)
Contribuant aux hautes températures de la rentrée, et pour qui l’ignorerait, depuis le 17 septembre et jusqu’au 12 octobre ceux de nos écoliers qui entrent en CP et en CE1, ont été ou seront soumis à des « évaluations ». Ce qu’il s’agit d’évaluer, ce sont leurs « compétences » dans les matières reines, français et mathématiques. La démarche d’ensemble concernant plus de un million et demi de « petits » élèves, elle ne peut laisser indifférent quiconque s’intéresse à l’école ; et une fois examinée de plus près, ne peut manquer de donner le désir d’intervenir. [...]
Ce que ces évaluations semblent laisser prévoir, c’est qu’avec les meilleures intentions du monde, le petit sujet connaissant qui entre en classe aujourd’hui a toute chance d’être regardé par l’institution scolaire comme un « sujet neurocognitif » qui, plutôt qu’un apprentissage, subira un entraînement, sur le mode sportif de la recherche de performance. Ce qui serait une erreur, elle, grave, éthique, psychologique, pédagogique, épistémologique. Et qui laissera nombre d’enfants en chemin.

Presse / Le Monde du 17/10/2018 / La Cour des comptes signe l’aveu d’échec des politiques d’éducation prioritaire.
C’est un constat déjà ancien, et pourtant d’une criante actualité : les politiques d’éducation prioritaire ne parviennent pas à accomplir leur mission première, qui est de réduire les inégalités de départ dans la réussite scolaire des enfants. Dans un rapport publié mercredi 17 octobre, la Cour des comptes dresse un bilan négatif de cette politique de « différenciation » des moyens, née en 1981 avec les « zones d’éducation prioritaire » (ZEP). La conclusion est sans appel : l’écart de résultat au diplôme national du brevet entre un enfant scolarisé dans un collège relevant du réseau d’éducation prioritaire (REP) et un enfant d’un collège favorisé reste situé entre 20 et 30 % en français et en mathématiques alors que l’objectif est de « limiter à 10 % ces écarts de niveau ». Certes, admet la Cour, les dispositifs prioritaires ont permis de les stabiliser, et la situation serait probablement plus préoccupante encore s’ils n’avaient pas existé.

Presse / Libération du 24/10/2018 / L'Éducation nationale donne-t-elle vraiment plus aux élèves défavorisés ?
L’Education nationale ne s’en vante pas, mais elle a de plus en plus recours à des enseignants contractuels, c’est-à-dire des personnes titulaires d’un niveau licence ou master mais qui n’ont pas passé le concours d’enseignant, et n’ont donc pas suivi la formation initiale de deux ans. [...]
Les écarts sont saisissants : il y a trois fois plus de contractuels dans les territoires défavorisés que dans les beaux quartiers. Avec des différences encore plus accentuées à l’intérieur même des départements. Ainsi par exemple, dans les territoires les plus pauvres du Val d'Oise, les collèges comptent près de 18% d’enseignants contractuels, alors que dans les banlieues favorisées du 93, la proportion tombe à 7%. A Paris, qui à l’exception de quelques poches de pauvreté, est socialement favorisé, le recours aux contractuels est faible, mais là encore avec des différences : 5,4% dans la plupart des quartiers et 8,2% dans les lieux cumulant le plus de difficultés économiques.

19-09-18
 
Réforme / Journal Officiel du 17/07/2018 / Arrêté du 16 juillet 2018 relatif à l’organisation et aux volumes horaires des enseignements du cycle terminal des lycées, sanctionnés par le baccalauréat général.
Art. 2. – Conformément aux dispositions de l’article D. 333-3 du code de l’éducation, les enseignements de la classe de première et de la classe de terminale comprennent, pour tous les élèves :
  • des enseignements communs, dispensés à tous les élèves;
  • des enseignements de spécialité au choix dans les conditions définies à l’article 3;
  • des enseignements optionnels au choix des élèves. La liste et le volume horaire de ces enseignements sontfixés dans les tableaux figurant en annexe du présent arrêté. […]
Annexe : grilles horaires du cycle terminal de la voie générale.
[…] Les enseignements optionnels de LCA latin et grec peuvent être choisis en plus de l’enseignement optionnel suivi par ailleurs.

Réforme : Bulletin Officiel, n°32 du 06/09/2018 / Lycées d'enseignement général et technologique – Enseignements de spécialité.
Le recteur d'académie ou le vice-recteur arrête la carte académique des enseignements de spécialité. […] Les enseignements de spécialité plus spécifiques (arts, littérature et LCA, ainsi que numérique et sciences informatiques, et sciences de l'ingénieur, dont l'offre sera amenée à progresser dans les prochaines années) feront l'objet d'une carte académique, voire nationale pour les plus rares d'entre eux. (sic)

Réforme / 03/07/2018 / Réponse du ministre de l'Éducation nationale à la note d'analyse et de propositions du CSP (mai 2018)
Les programmes de français des classes de seconde et première devront viser la consolidation de la culture littéraire de l'élève, notamment dans la perspective des épreuves du baccalauréat. Ces dernières privilégieront la réflexion, la maîtrise de la langue et le goût de la littérature, en s'appuyant sur les exercices classiques de la discipline.
Action / 17/07/2018 / Contribution de Sauver les lettres en réponse à la note d'analyse et de propositions du CSP
Nous réaffirmons la place centrale que doivent occuper les lettres et l'étude de la langue (indissociables à notre sens), dans toutes les filières. La littérature ne doit pas être réservée aux « littéraires », car sa valeur formatrice est sans équivalent. La littérature est d'abord le lieu privilégié d’accès à une langue exigeante, porteuse de richesses syntaxiques et lexicales indispensables à l’élaboration d’une expression claire et correcte, d’une pensée structurée ; elle ouvre des horizons de connaissances multiples, permet de développer la curiosité intellectuelle, la réceptivité à l’inédit et à l’altérité ; fondée sur l’émotion et la sensibilité, elle offre l’occasion d’affiner les jugements de goût et de développer la créativité. La confrontation avec les grandes oeuvres permet la découverte d’univers singuliers qui éclairent d’un jour nouveau les problèmes d’aujourd’hui et constituent des défis intellectuels proposés aux élèves qui peuvent exercer leur ingéniosité pour les relever, avec l’aide des professeurs.

Réforme / Publications du CSP du 18/06/2018 / Projets d'ajustement et de clarification des programmes de quatre enseignements pour la scolarité obligatoire (cycles 2, 3 et 4)
Projet d'ajustement et de clarification des programmes de français des cycles 2, 3 et 4 Étude de la langue (grammaire, orthographe, lexique).
L’étude de la langue s’appuie sur l’observation et la manipulation d’énoncés oraux et écrits issus de corpus soigneusement constitués. [...] Les connaissances se consolident dans des exercices réguliers et répétés et des situations de lecture et d’écriture. La mémoire a besoin d'être entretenue pour que les acquis constatés étape après étape se stabilisent dans le temps et deviennent automatisés, facilités par des exercices de copie et de dictée. Des activités ritualisées fixent et accroissent les capacités de raisonnement sur des énoncés et l'application de procédures qui s’automatisent progressivement. (p. 14)

Réforme / Le Point du 30/06/2018 / Programmes : Je ne pense pas que la grammaire soit négociable (Souâd Ayada, présidente du Conseil supérieur des Programmes, propos recueillis par Émilie Trevert)
Quant au passé simple, temps jugé « discriminant » – qui n'était plus enseigné qu'aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel jusqu'en sixième –, vous le réhabilitez.
L'enjeu est majeur. Ce qui se joue dans ce traitement du passé simple, c'est l'idée que ce qui règle l'enseignement, ce sont nos manières de plus en plus appauvries de parler. C'est un parti pris, extrêmement contestable, qui renvoie à un autre parti pris : la langue orale serait la norme de la langue écrite. C'est un renversement inquiétant ! Jusqu'à il y a peu, c'était l'écrit qui constituait la norme de l'oral. On assiste à un nivellement par la langue orale, qui est soumise à l'impératif de communication, qui cède à la rapidité, à la simplification. Toutes les subtilités temporelles disparaissent dans l'expression orale ! [...]
Je ne comprends pas le choix, dans les programmes actuels, de n'enseigner le passé simple qu'aux troisièmes personnes. Comme si, en mathématiques, on apprenait 2 x 4 et pas 2 x 6 ! On interdit ainsi l'accès à des pièces maîtresses de notre littérature. Un élève qui n'a jamais appris le passé simple, comment pourra-t-il lire des oeuvres écrites à la première personne du passé simple ?

L'Intempestif du 11/06/2018 / Révision des programmes de collège : encore un effort Monsieur Blanquer ! (Virginie Blanchet)
Comment enseigner la grammaire dans ses subtilités et ses richesses, de manière progressive et spiralaire à raison d’une heure trente par semaine tout en faisant écrire régulièrement des textes longs, et lire et étudier suffisamment d’oeuvres exigeantes (et non pas seulement des oeuvres « brèves, simples, à la mode » pour que les élèves aient accès à un véritable bain culturel ? La mission est impossible et ces injonctions pédagogiques, pourtant de bon sens, ne feront que renforcer la culpabilité et le mal-être des enseignants si on ne leur donne pas le moyen de les appliquer. Et c’est d’autant plus vrai que les élèves d’aujourd’hui ont déjà manqué d’heures de français en primaire et arrivent au collège le plus souvent désarmés face aux mots.

Presse / Le Monde du 04/09/2018 / Faut-il brûler l'accord du participe passé ?
« Nous n’avons pas le temps nécessaire pour enseigner la grammaire ».
Sans être hostile à la proposition des Belges Arnaud Hoedt et Jérôme Pitron concernant la simplification de la règle sur l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, Fanny Capel, présidente de Sauver les lettres, pense que celle-ci est hors sujet, car il faudrait déjà que les élèves comprennent vraiment ce qu’est un participe passé.
Si les élèves, au collège et au lycée, comprenaient vraiment ce qu’est un participe passé et cessaient de l’écrire avec une terminaison en « er » (« le professeur est entrer ») ou en « ez » (« les professeurs sont entrez »), ce serait déjà un grand pas !
Alors, pourquoi dites-vous que c’est « hors sujet » ? Parce que dans les classes, nous ne disposons pas du temps nécessaire pour enseigner le participe passé, ni même la grammaire en général. Pour maîtriser la grammaire, il faut systématiser et intégrer des automatismes. Ce qui est le plus difficile et le plus long à enseigner, c’est la grammaire de phrase. Les élèves ne peuvent pas maîtriser leur expression s’ils ne peuvent pas repérer les différentes fonctions dans une phrase. Non seulement, il faut apprendre les règles, mais aussi, pour reconnaître ces différentes fonctions, il faut prendre le temps de manipuler les phrases.
Or, aujourd’hui, pour les élèves, la grammaire est une sorte de mangrove inextricable dans laquelle ils ne se retrouvent pas. Ils ne possèdent que des lambeaux de grammaire. Nous enseignons sur des sables mouvants. Il faut savoir quel est le trouble des élèves quand nous reprenons, en classe de seconde, la règle de l’accord du participe passé ! Mais tout cela vient de loin. Jusqu’au début des années 1980, il y avait six heures de français par semaine au collège, aujourd’hui c’est 4 heures ou 4 heures 30. Entre le CP et la seconde, les élèves ont perdu 600 heures d’enseignement du français par rapport aux années 1970.

Presse / Vousnousils du 25/04/2018 / Certains médias parlent de l'école sans la connaître (Danielle Manesse)
J’ai travaillé pendant 40 ans en banlieue populaire et ce qui me frappe, c’est la désinformation, la manière dont certains médias parlent de l’école sans la connaître.
Y aurait-il une désinformation au sujet des établissements de banlieues populaires ?
Cette désinformation résulte d’une vision préalable dramatisante. En banlieue, il y a certes des classes difficiles mais aussi des classes et des élèves qui marchent très bien ! J’ai vu des classes tenues d’une main de fer avec des profs experts, qui travaillent en équipe et qui s’intéressent aux enfants sans brader l’enseignement. Dans bien des médias, il y a un regard homogénéisant sur ces établissements. Quand on ne connaît pas, on lisse la réalité. Cette représentation dramatisante des établissements, ça participe de la peur des pauvres, dont on parle depuis le 19ème siècle (par exemple par Victor Hugo). Parce que l’on sait qu’il y a des casseurs qui brûlent des voitures la nuit de Noël, parce que l’économie de la drogue fait des ravages, que des enfants décrochent… mais il n’y a pas que cela !

Presse / Libération du 10/06/2018 / La sélection au mérite renforce-t-elle les inégalités sociales ? (Claude Obadia)
Les politiques de démocratisation du système éducatif n’ont fait que renforcer le phénomène de la reproduction des élites. Alors que 15 % des lauréats des trois concours les plus sélectifs (ENS, ENA, Polytechnique) étaient issus de la classe ouvrière en 1969, cette proportion est tombée à 7 % en 1999, soit après trente ans de politique de démocratisation du système éducatif ! La ségrégation sociale n’est donc aujourd’hui aucunement le fait des politiques méritocratiques. Et si la France, au sein de l’OCDE, est aujourd’hui la triste championne des inégalités sociales en matière de politique éducative, ce n’est pas parce qu’on y sélectionne les élèves mais au contraire parce qu’en cessant de les sélectionner dans l’enceinte de l’école, nous avons renforcé la sélection la plus cynique, la «sélection sociale» qui s’opère hors les murs lorsqu’on cesse de faire valoir les mêmes exigences pour tous les élèves quel que soit leur milieu socioculturel.

Presse / Le Monde du 06/08/2018 / Paul Devin : « Pour améliorer la formation des enseignants, il ne suffira pas d’être “ inventif ” »
Une […] prise en compte du mérite conduit à produire des réussites superficielles, essentiellement centrées sur la volonté de satisfaire les indicateurs mais incapables de répondre aux enjeux d’une éducation émancipatrice et d’une réelle égalité de réussite. Ensuite parce que, installant des concurrences entre les agents, elles se développent au mépris des dynamiques de l’action collective.
Enfin parce que l’impossibilité d’identifier la part précise de chaque enseignant dans les résultats des élèves conduit à fonder l’évaluation davantage sur des attitudes de conformité à la demande qui sont loin d’être, par nature, porteuses d’une amélioration de la réussite scolaire des élèves. Les évaluations des élèves prévues en CP, CE1, sixième et seconde seront-elles capables de faire la preuve de leur objectivité pour rompre avec l’expérience de l’évaluation CP 2017 ? Celle-ci était davantage apparue aux enseignants comme l’instrument de prescription pédagogique du ministre que comme un outil au service de l’organisation des enseignements.
L’expression de la volonté d’une nouvelle culture de l’évaluation nécessitant la création d’une instance interroge sur ses enjeux réels : le Conseil national d’évaluation du système scolaire n’est-il pas déjà, aujourd’hui, une instance permettant une évaluation transparente et publique ?

Presse / Marianne du 10/09/2018 / Pendant que Parcoursup déraille, les établissements privés sont à la fête
Alors que Parcoursup vient d'en finir avec la phase principale d'admission, [...] (le) 5 septembre, sur 812.000 candidats à une poursuite d'études au mois de mars, ils étaient encore 113.062 bacheliers ou étudiants en réorientation à ne pas savoir où diable ils allaient étudier cette année… Où en sont-ils aujourd'hui ? Impossible de le savoir, le ministère ayant interrompu la communication de statistiques jusqu'au 21 septembre. Ce que l'on sait, c'est qu'en six mois, près de 180.000 jeunes ont quitté la plate-forme sans que l'on connaisse leurs motivations. Soit un peu plus de 20% des personnes qui s'y étaient initialement inscrites sur la plate-forme. Reste à retrouver leur trace… Ont-ils été poussés dans les bras des établissements privés, découragés par la lenteur du successeur d'APB ?
Augmentation des demandes d'inscription
"Dans l'enseignement supérieur privé, une tendance se dégage, explique à Marianne Christine Fourage, secrétaire générale de la SNPEFP-CGT. Très clairement, il y a eu une augmentation sensible des demandes d'inscription pour cette rentrée 2018… Que ce soit dans les écoles privées (d'ingénieurs, de commerce ou de management par exemple) ou dans les universités catholiques qui proposent quelques formations hors Parcoursup". Une affirmation qui se vérifie auprès des établissements qui veulent bien communiquer leurs chiffres

Presse / Le Monde du 16/09/2018 / Blanquer annonce la suppression de 1 800 postes dans l’éducation nationale en 2019
Il se dit dans la communauté éducative que Jean-Michel Blanquer a mis un coup de volant à gauche avec les mesures sociales de la rentrée – montée en puissance des classes dédoublées, mise en chantier d’une réforme de l’éducation prioritaire… Mais en matière d’emploi, c’est plutôt à droite que le ministre de l’éducation se classe, affirmaient lundi 17 septembre, d’une même voix, les syndicats d’enseignants, réagissant à l’annonce de 1 800 suppressions d’emploi pour l’année scolaire 2019-2020 faite, la veille. Un virage, après les 60 000 postes créés sous la gauche – dont 54 000 dans l’éducation nationale.

25-06-18
 
Action / 15/06/2018 / Compte rendu de l'audience de Sauver les lettres au cabinet du ministre de l’Éducation Nationale.
Nos interlocuteurs, en gage de leurs bonnes intentions, nous assurent agir dans un objectif de « pragmatisme». Nous rétorquons que nous voyons dans ce pragmatisme la marque de l’idéologie individualiste du chacun pour soi, qui nous paraît néfaste à l’institution scolaire.Comme exemple de ce défaut, nous évoquons le principe de choix des « parcours» en Première et Terminale : les familles informées pourront orienter leurs enfants de façon plus habile que les autres. Et ce n’est pas le fait de confier aux professeurs, dont ce n’est pas la mission, le travail d’information sur l’orientation qui résoudra ces inégalités, alors qu’on a fermé les CIO et réduit le nombre des conseillers d’orientation.
Analyse / 15/06/2018 / Audience de Sauver les lettres au cabinet du ministre de l’Éducation Nationale : Remarques et propositions.
Le bac ne sert pas avant tout à « réussir » : il est d’abord un certificat attestant la maîtrise d’un certain nombre de savoirs fondamentaux pour poursuivre des études. Or en mettant l’objectif de réussite en premier on perd l’objectif principal qui est de vérifier des connaissances. Ce qui manque à certains bacheliers actuels n’est pas de n’avoir pas été entraînés à ce qu’on fait dans le supérieur, c’est de n’avoir pas les bases des savoirs indispensables pour toute formation intellectuelle (lecture, écriture maîtrisée dans des formes diverses, repères historiques, notions d’argumentation, raisonnement, connaissances propres à chaque discipline).

L'Intempestif du 11/06/2018 / Feu, flamme, erreurs, coquilles, « oublis »... Le ministère et les langues anciennes : je t’aime, moi non plus ! (Agnès Joste)
Dans les arrêtés définitifs une malencontreuse coquille (une regrettable confusion entre un « f) » et un « g) » dans les notes de bas de page) retirait aux langues anciennes leur statut particulier d’option supplémentaire en Première. Le diable se niche vraiment partout, jusque dans l’alphabet. [...]
Le collectif Sauver les lettres réclame donc de toute urgence une publication fidèle aux textes officiels promulgués par arrêté, et la suppression de toute version fautive du site ministériel.

EAF 2018 / 18/06/2018 / Les sujets de l'épreuve écrite (site Magister)
Série L – Objet d'étude : le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours.
Corpus et sujets SujetL.pdf

Séries ES / S – Objet d'étude : la question de l'Homme dans les genres de l'argumentation, du XVIe siècle à nos jours.
Corpus et sujets SujetESS.pdf

Séries technologiques – Objet d'étude : écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours.
Corpus et sujets SujetT.pdf

Presse / Le Point du 18/06/2018 / Bac 2018 - Consignes, pressions, menaces : comment on gonfle les notes du bac (Emilie Trevert)
« Le niveau baisse et on nous demande sans arrêt de tirer les élèves les plus faibles vers le haut aux dépens des plus forts, témoigne Jean*, prof en série technologique dans l'académie de Caen. Si je mets un 5/20 à une copie nulle et un 19 à une très bonne, on me dit : Ce n'est pas possible, il n'y a pas tant de différence que ça entre les élèves ! On doit donc les noter entre 8 et 14, et non pas de 0 à 20. Je ne parle même pas des académies comme la Polynésie, Mayotte ou la Guyane, où le taux de réussite est fixé à l'avance, et après, seulement, on harmonise ! » Jean a été vice-président de jury en Polynésie avant de se faire « éjecter » : « J'ai refusé de bidouiller. »

Réforme / Site SNUEP-FSU du 28/05/2018 / Réforme voie Pro 2018 – Projets de grilles horaires.
Après la perte d’une année de formation en 2009, la formation des élèves est de nouveau tronquée. Les grilles horaires proposées le 28 mai 2018 viennent contredire le discours du ministre autour des savoirs fondamentaux, qui font son fond de commerce depuis sa nomination au ministère de l’Éducation nationale. Les matières générales sont les premières concernées par une baisse de volume [-138 heures soit 18 %] . La globalisation de la PSE et de l’éco-gestion/éco-droit constitue un point de vigilance particulier : l’absence de fléchage pour ces disciplines peut sous-tendre une menace pour leur maintien.

Presse / Libération du 05/06/2018 / Blanquer porte le coup de grâce à l'enseignement professionnel (Tribune de V. Durey et E. Joshua).
Qui peut imaginer donner une formation correcte à nos élèves en les privant sur trois ans de 16% d’heures de mathématiques, 13% en lettres-histoire ? On s’en remet à l’apprentissage qui serait la solution de tous nos maux et on abandonne les fondamentaux. On abandonne l’égalité des chances. Ces futur.es salarié.es n’ont donc pas besoin de savoir ; il suffit de leur apprendre les gestes de l’exécution. Qui voudrait d’une telle école pour ses enfants ? [...]
En 2009, pour «revaloriser l’image de la voie professionnelle» – l’obsession de nos gouvernants – le gouvernement de M. Sarkozy décide la réforme du bac pro en trois ans. Jusque-là nous avions quatre années pour amener nos élèves au bac pro. […] Au final, cette réforme a permis de supprimer de nombreux postes d’enseignants mais de bilan pédagogique, il n’a jamais été question… Le bac pro a 30 ans. 30 ans c’est un bel âge, celui des premiers bilans et de tous les espoirs possibles. Votre réforme, M. Blanquer, est en train de les tuer.

Presse / Le Monde du 18/06/2018 / Parcoursup se limite à assurer la réussite des bons candidats (Monique Canto-Sperber))
En dépit de ses promesses initiales, Parcoursup ne tardera pas à apparaître comme un dispositif d’orientation peu apte à assurer la réussite du plus grand nombre d’étudiants ; il se limitera à assurer celle des candidats qui ont déjà le plus de chances de réussir. Que ces bons étudiants fassent leurs études dans des groupes de niveau homogène, n’a rien d’illégitime ; c’est même la condition pour que les cursus universitaires attirent les lycéens les plus brillants, qui aujourd’hui vers les classes préparatoires. Mais il est désolant que les candidats qui ont eu un parcours scolaire moins régulier ne disposent pas eux aussi des meilleures offres de formation.

Presse / Le Monde du 18/06/2018 / Pierre Mathiot : « Il faut intégrer le bac à Parcoursup pour lui redonner tout son sens »
Un autre sujet concerne le cadrage des enseignements de spécialités que les lycéens auront à choisir en première et en terminale, à côté de leur tronc commun. S’il est difficile d’imaginer que chaque lycée aura les moyens de proposer toutes les matières, il est important que l’institution garantisse une forme d’équité à tous les lycéens sur le territoire. Le ministre a évoqué en février le fait que les lycées souffrant d’un déficit d’image, les établissements « défavorisés », soient soutenus pour proposer une offre attractive. Cela me semble fondamental.

Presse / Le Monde du 31/08/2017 / Les 60% d'échecs à la fac cachent une réalité plus complexe (Camille Stromboni)
Ces 60 %, issus des enquêtes annuelles du ministère, apparaissent largement gonflés par rapport à une réalité bien plus complexe dans les amphis. [...]« Ces indicateurs doivent être remis en question, prévient François Sarfati, chercheur au Centre d’études de l’emploi et du travail. On ne peut parler d’échec ou de décrochage pour des jeunes qui n’ont jamais accroché à l’université. » « En mettant en avant seulement ces chiffres pour justifier l’action publique, le gouvernement fabrique une dramaturgie sur les jeunes à l’université, observe-t-il.

Analyse / Economie et statistique (INSEE) du 13/06/2018 / 50 % à la licence... mais comment ? Les jeunes de familles populaires à l’université en France (Y. Brinbaum, C. Hugrée, T. Poullaouec).
Au moment où les débats concernant l’entrée et la réussite à l’université sont au plus vif, notre analyse identifie un des principaux noeuds du problème : d’un côté, des familles et des jeunes aspirant de plus en plus à un diplôme de niveau bac + 3, y compris dans les classes populaires, de l’autre des inégalités d’orientation et de réussite qui prennent principalement racine dans les premières années de scolarité. Plus que jamais, l’objectif de démocratisation de l’enseignement supérieur est indissociable de la lutte contre les inégalités scolaires dès l’enseignement primaire.
INSEE_499_Brinbaum-Hugree-Poullaouec-FR.pdf

Analyse / Le Monde du 03/06/2018 / Il faut lutter contre cet anglais simplifié qui formate la pensée. Vidéo (Barbara Cassin)
Élue à l’Académie française le 3 mai, Barbara Cassin explique pourquoi il ne faut pas céder au « global english », une langue anglaise simplifiée qui véhicule, selon elle, des valeurs contestables. Il ne s’agit pas de protectionnisme de la langue mais bien au contraire d’une volonté de défendre la diversité et de lutter contre le « ranking » (« classement ») et le « formatage de la pensée ». « Il n’y a pas un langage, explique la philosophe, mais des langues. » Contre cette pensée unique, une arme efficace et belle : la traduction.

Analyse / Blog, Le Monde 17/06/2018 / De quelle éducation aux médias avons-nous besoin (Danah Boyd)
L'obession autour des fake news relève du même type de conflit. D’un côté les experts accusent les gens « stupides » de ne pas comprendre ce qui est réel. On invite les experts à étiqueter ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Et on en appelle à une meilleure éducation aux médias. Tant et si bien qu’il suffirait de couper certaines sources de FB ou des réseaux sociaux pour résoudre le problème. Le problème est que les gens croient en l’information qui confirme leurs croyances. « Si vous leur présentez des données qui les contredisent, ils recourront à leurs croyances plutôt que d’intégrer de nouvelles connaissances dans leur mode de compréhension ». C’est pourquoi, souligne Danah Boyd, montrer aux gens du contenu labellisé qui contredit leurs opinions risque surtout d’augmenter leur haine de Facebook en tant qu’institution, plutôt que corriger leur croyance.

24-05-18
 
Actions / 09/05/2018 / Appel pour une autre réforme du lycée. Construire une véritable culture commune (syndicats FSU (SNES, SNEP, SNPI, SNUEP, SNETAP), CGT-Educ'action, SNFOLC, Sud-Solidaires, et associations APSES, APDEN, ACIREPh, GFEN, FELCO, APLV, Sauver Les Lettres, UDPPC, Aggiornamento)
Déstructuration de la voie générale et mise à mal de la voie technologique, introduction massive du contrôle continu dans le baccalauréat, adéquation forcée de l'orientation des élèves aux capacités du supérieur (« Parcoursup »), refonte d’ampleur des programmes, la réforme du lycée voulue par M. Blanquer réduit l’offre d’enseignements et fait voler en éclats les classes de Première et de Terminale générales. [...] Nous refusons le principe d’une réforme qui produira à coup sûr un accroissement considérable des inégalités géographiques et sociales. Nous exigeons le retrait des textes sur le bac et le lycée et demandons l’ouverture de discussions pour une autre réforme.

Réforme / Ministère de l’Éducation nationale, mai 2018 / Projets d'arrêtés pour la classe de Seconde et le cycle terminal des voies générale et technologique.
01_Arrete_organisation_et_horaires_classes_de_seconde_GT.pdf
02_Arrete_organisation_et_horaires_cycle_terminal_voie_generale.pdf
03_Arrete_organisation_et_horaires_cycle_terminal_voie_technologique.pdf

Réforme / Conseil Supérieur des Programmes, mai 2018 / Note d’analyses et de propositions sur les programmes du lycée et sur les épreuves du baccalauréat.
1.4. Français. [...] Le calendrier anticipé des épreuves impose de soumettre les élèves à un rythme soutenu d’apprentissage afin qu’ils construisent une culture et une réflexion spécifiquement littéraires, et qu’ils s’approprient les méthodologies d’un nombre important d’exercices (quatre pour l’épreuve écrite et deux modalités de prise de parole pour l’épreuve orale). Il serait donc bienvenu de réduire à la fois les dimensions du programme et le nombre des exercices figurant à l’épreuve écrite.
Plus précisément, le débat concerne les exercices suivants : pour l’écrit, la question sur corpus, confuse pour les élèves, et l’écriture d’invention. Cette dernière, étrangère à la formation initiale des professeurs de lycée, suscite chez nombre d’entre eux des réticences dans l’évaluation, notamment sur le caractère subjectif de l’appréciation de la créativité. [...] Le commentaire et la dissertation ne sont pas critiqués, paraissant aux professeurs consubstantiels à la discipline.

Réforme / Ministère de l’Éducation nationale, 10/05/2018 /Arrêté modifiant le CAPES de Lettres Classiques.
« 2° Épreuve écrite à partir d'un dossier : épreuve de latin et de grec.
« L'épreuve permet d'évaluer les compétences en langues et cultures de l'Antiquité des candidats.
[…] « L'épreuve se déroule en deux temps :
« a) Le premier, noté sur 15 points, consiste en une version dans chacune des langues, latine et grecque (7,5 points par version) ;
« b) Le second, noté sur 5 points, invite le candidat à proposer un projet de lecture pour une classe donnée, en mobilisant ses connaissances historiques, littéraires, culturelles, voire stylistiques, et celles des programmes de collège et de lycée, à partir de la mise en relation de l'un des deux textes de langues anciennes choisi par le jury et du document textuel ou iconographique inclus dans le dossier.
« Durée : six heures ; coefficient : 1..

Action / 09/04/2018 / Communiqué de presse / Apprentissage et enseignement du latin et du grec. Double langage, triple peine (Associations littéraires APLettres, CNARELA, Sauver les lettres)
Qu'en est-il du « retour du latin et du grec » annoncé par le nouveau ministre pour « les cinq années à venir » ?
Paroles.

Certes, le ministre restitue leurs noms au latin et au grec ancien ; un arrêté en juin 2017, puis une circulaire en janvier dernier, redonnent explicitement aux langues anciennes leur statut d'enseignements facultatifs au collège, ainsi qu'un horaire défini nationalement. Mais en réalité, ces textes officiels n'apportent pas de changement car aucun établissement n'est tenu de les appliquer : l'horaire nécessaire ne figure pas dans les « grilles » des enseignements mais dépend des « marges » laissées à l'autonomie des collèges. Sa définition perverse, reprise du ministère précédent, permet de minorer cet horaire. Les situations pour la rentrée 2018 restent donc analogues à celles de la rentrée 2017 sur l’ensemble du territoire, où les heures « retrouvées » relevaient déjà de la fiction.

Analyse / Le Monde du 28/04/2018/ Pourquoi Homère reste d'une brûlante actualité (Pierre Judet de La Combe)
S’intéresser à Homère aujourd’hui, le lire avec passion, en faire la base d’oeuvres nouvelles, l’enseigner, c’est aller à contre-courant. D’abord, c’est affronter la violence de la guerre dans tous ses aspects, personnels, économiques et sociaux, et donc aller au-delà d’un tabou. Les démocraties modernes, depuis les horreurs des deux guerres mondiales, ne savent pas parler de la guerre. Elles la condamnent avec vigueur, mais la font ou la font faire sans l’expliquer, ou en recourant à l’idée de guerre juste, libératrice ou même morale. Il n’y a rien de tel chez Homère : la guerre est là et, patiemment, il l’analyse dans ses aspects les plus concrets, de manière à offrir à ceux qui vont la faire ou la subir un symbole authentique et poignant de leur expérience. [...] C’est s’opposer à ce fondamentalisme technocratique qui partage avec tous les obscurantismes le même refus de prendre en compte l’Histoire, son opacité, sa complexité dans le long travail de réflexion qui a dessiné les traditions, leurs conflits. Or ce sont les langues, dans leur diversité et leur profondeur historique, et ce sont donc des textes majeurs qui ont fait aussi l’état du monde, que trop de dirigeants n’envisagent même pas de comprendre. On connaît les catastrophes militaires, politiques, culturelles qu’a produites récemment cette ignorance.

Analyse / Cnesco, mars 2018 / Écrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages
L’élève doit commencer à écrire très tôt dans sa scolarité – il n’est pas nécessaire d’être un lecteur expert pour se lancer dans l’écrit. Plus l’élève produit des textes, plus il développe des automatismes, plus il progresse dans l'écrit, l’enseignant doit donc fournir des occasions fréquentes aux élèves d’écrire. L’écriture doit se construire comme un processus ; elle doit être préparée (brouillon, schéma, tableau, dessin, carte mentale...), révisée, seul ou à plusieurs élèves. Les recherches montrent qu’être lu par d’autres élèves améliore la qualité du travail de révision de l’élève. […] Par ailleurs, pour appliquer les règles de la langue, il faut tout d’abord la comprendre. L’étude de la langue (orthographe, grammaire...), enseignée explicitement, doit donc être pensée dans cet objectif.

Analyse / Mezetulle, 18/03/2018/ L’école des illettrés, ou L’école malade d’elle-même (Tristan Béal)
À la suite de tests conduits auprès de 760 000 participants à la Journée Défense et Citoyenneté en 2016, la DEPP a publié une note d’information au titre inquiétant : « JDC 2016 : environ un jeune Français sur dix en difficulté de lecture ». […] À la suite de cette brève étude de la note d’information de la DEPP, il ne nous semblerait donc pas outré de conclure que ce sont 36,4% des jeunes gens évalués lors de la JDC de 2016 dont les mécanismes de base de lecture sont insuffisamment automatisés, voire nullement automatisés pour 5,1% d’entre eux. Autrement dit, près de quatre jeunes sur dix ont des difficultés en lecture plus ou moins sévères.

Analyse / Les blogs du Diplo, Le Monde Diplomatique du 15/03/2018 / De quelques propositions pour un plan livre pour la France (Guillaume Basquin)
C’est en effet en se basant sur ce qui s’est pratiqué depuis l’après-guerre dans le cinéma en France, avec le succès que l’on sait (la France est devenue l’abri pour tout le cinéma de recherche mondial et a réussi à imposer la notion d’exception culturelle), que l’on pourra tenter de sauver la Littérature de recherche française : imposition de quotas aux librairies qui bénéficient de subventions publiques avec un label bien identifiable. […] Sans quotas drastiques, c’est toujours la main aveugle du marché (et des lecteurs,qui risquent de ne connaître que les produits soutenus par le marché) qui dicte sa voix. Rien à faire ?… Si ! Comme dans le cinéma, où il est de notoriété publique que les salles « art & essai » n’ont pas accès aux gros films ni même aux « films du milieu », il faut, sous peine de perte des subventions d’État, qu’un lecteur qui entrera dans une librairie de type « Art & Essai » soit sûr de n’y pas trouver les mêmes livres qu’ailleurs !

Presse / Marianne du 25/03/2018 / Cliché. Une étude universitaire conclut que les écoles privées n'enseignent pas mieux que les écoles publiques (Hadrien Mathoux)
Une étude universitaire s'est intéressée aux résultats obtenus par les élèves français entre le CP et le CE2. Les conclusions remettent en cause de tenaces préjugés : l'avance de l'école privée sur le public s'explique uniquement par l'écart de classe sociale entre les élèves, et les élèves du privé ne progressent pas plus que leurs homologues.

Presse / Le Monde du 12/04/2018 / « Dans les quartiers populaires, nos enfants n’ont droit qu’à un enseignement de moindre qualité » (propos recueillis par Mattea Battaglia)
Qu’attendez-vous, précisément, du ministre de l’éducation ?
Nous lui demandons qu’une loi en matière de mixité scolaire puisse s’appliquer dans des territoires identifiés comme ségrégués, loi impliquant les écoles privées, afin de garantir aux familles que tous les établissements se valent bien. Nous lui demandons aussi de rééquilibrer les moyens, notamment humains et financiers, entre les territoires. Quand on voit la faible dépense éducative pour un jeune défavorisé scolarisé en ZEP qui s’arrête au CAP comparée à celle d’un jeune de centre-ville qui ira jusqu’à bac + 5 en bénéficiant d’options en plus et à d’enseignants plus expérimentés, on se dit qu’on peut faire beaucoup mieux sur le plan de l’équité.

Analyses / Groupe Jean-Pierre Vernant / 19/04/2018 / Parcoursup, le niveau qui baisse et la théorie des mariages stables (Partie 1/2).
En imaginant que l’on puisse classer un candidat en passant 5 minutes sur son dossier, le classement des 7 millions de voeux déposés sur ParcourSup consommerait en pure perte deux siècles de travail — 80 000 journées de 7 h. On réalise alors que le CV et les lettres de motivation ne serviront pas à classer les candidatures: elles ne sont exigées que pour imposer l’image d’un recrutement professionnel et faire disparaître le baccalauréat comme certification nationale ouvrant droit aux études universitaires. L’anxiété que ces éléments aussi absurdes qu’inutiles ont générée dans les familles des lycéens a donc été pensée pour marquer les esprits.

Analyses / Groupe Jean-Pierre Vernant / 18/05/2018 / Parcoursup, le niveau qui baisse et la théorie des mariages stables (Partie 2/2).
Les réformes en cours suppriment de facto le baccalauréat, qui procédait d’une volonté de certification homogène à l’échelle nationale et constituait un rituel de passage vers l’âge adulte. Dans ParcourSup, ce diplôme est remplacé par une évaluation du “capital humain” des élèves — de leur “portefeuille de compétences” mais aussi de leur origine sociale, de l’emplacement et de la réputation de leur lycée, de leur capital culturel et social, etc. Par compétence, il convient ici d’entendre ici des éléments de technicité ou de conformité comportementale qui soient potentiellement évaluables en se passant d’enseignants : la dévalorisation des diplômes nationaux vise ainsi à déposséder les enseignants d’un de leurs rôles : la certification qualitative de l’acquisition de savoirs et de grammaires de pensée.

Presse / Le Monde du 30/04/2018 / Sélection à l’université : « Nous, professeurs, demandons le retrait de la loi orientation » (Tribune)
La loi sur l’orientation et la réussite des étudiants (ORE) […] aggrave les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur. Elle méprise l’autonomie des élèves qu’elle prétend par ailleurs « responsabiliser » en ne leur permettant plus de hiérarchiser leurs voeux. Elle permet aux établissements de classer (chacun à leur guise) les dossiers des lycéens en fonction de leurs résultats scolaires de première et de terminale. Les formations les plus réputées (à tort ou à raison) attireront donc les meilleurs élèves, et les moins recherchées se retrouveront mécaniquement avec les publics les plus fragiles. Le marché universitaire ainsi créé produira bientôt une hiérarchie des établissements, une valeur différentielle des diplômes et, à moyen terme, rien n’empêchera les universités de facturer librement les diplômes qu’elles délivrent.

Presse / Libération du 21/05/2018 / Témoignage. Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement » (Marie Piquemal)
"L’autonomie des universités mise en avant est très relative, les éléments les plus importants nous ont échappé. Par exemple, nous avons appris le taux de sectorisation seulement le 14 mai : ce qui veut dire que beaucoup de dossiers que nous avons épluchés et pris soin de classer seront écartés automatiquement car ils sont hors secteur… Les élèves ignoraient ce critère au moment de faire leurs voeux. C’est honteux ! En définitive, je n’ai aucune idée des élèves qui seront dans mon amphi à la rentrée. Est-ce ceux qui sont en haut de mon classement ? Ou, au contraire, ceux qui sont tout en bas, car les autres auront préféré aller ailleurs ? On lance nationalement des grandes réformes, en demandant à tous les fonctionnaires de se plier en quatre, mais pourquoi au bout du compte ? Cela me met en colère.»

21-03-18
 
Actions / Sauver les lettres, 09/03/2018 / Compte rendu de l'entrevue du 9 mars 2018 avec le Conseil Supérieur des Programmes (CSP).
Tout d’abord il faut souligner que nous avons derrière nous une quantité invraisemblable de réformes de nos programmes et des épreuves, une tous les 5 à 8 ans. Les réformes sont abandonnées sans être évaluées, les problèmes demeurent. Globalement Sauver les Lettres préconise de revoir les moyens de faire acquérir à tous une maîtrise de la langue et un accès aux grandes oeuvres littéraires. Mais la réforme en cours paraît d’emblée suspecte parce qu’elle se fait dans le cadre imposé d’une autonomie accrue des établissements. Dans ces conditions les programmes ne seront que des coquilles vides, puisque, évidemment, on ne fera pas la même chose partout.

Analyse / Sauver les lettres, 14/03/2018 / Contribution adressée au Conseil Supérieur des Programmes à la suite de l'entrevue du 09/03/2018.
Les « bénéfices » attendus de la réforme par le gouvernement ne concernent pas les élèves ni la qualité de leurs acquis, mais les économies et le statut des professeurs (étranglement à l'entrée du supérieur, baisse des heures de cours des lycéens au niveau de la moyenne européenne, diminution du nombre de postes de professeurs, annualisation de leurs services, effacement de leur qualification d'origine dans des enseignements mal définis). Mettre en avant la nécessaire évolution du baccalauréat pour produire en retour un ébranlement majeur du métier d'enseignant et de la qualité des apprentissages scolaires est une opération biaisée qui ne peut susciter l'adhésion.

Analyse / Sauver les lettres, 17/03/2018 / Version longue » du communiqué de presse du 25/02/2018,
Ce nouveau bac n’aura de valeur que pour les élèves issus d’établissements haut de gamme et réputés tels, non parce que ces lycées seraient plus performants, mais parce qu’ils ont bénéficié d’un régime d’affectation des élèves qui a hypocritement favorisé les processus de tri et donc de ghettos. […] Dans cette configuration déjà inégalitaire et hypocrite, il est évident que le nouveau bac, avec l’augmentation de la part d’autonomie laissée aux établissements, ne fera qu’accroître les inégalités de niveau entre ces mêmes établissements.

Analyse / Sauver les lettres, 19/03/2018 / Brevet 2018, sujet « zéro » : une épreuve en dépit du (bon) sens (Virginie Blanchet)
Voilà comment, à partir de réelles bonnes idées, comme la suppression d’une étude systématique d’image et la réintroduction de questions précises de grammaire, la nouvelle mouture du sujet de brevet, parce qu’elle n’a pas su trouver la voie médiane entre l'écueil de la séquence, qui instrumentalise les textes et atomise la grammaire, et celui d'une grammaire déconnectée de toute réflexion sur la langue dans ses manifestations les plus fines, comme le sont les textes littéraires, finit par ne servir ni la grammaire, ni la compréhension des textes.

Presse / Le Monde du 13/03/2018 / Enjeu majeur du futur bac, le contrôle continu interroge. (Soazig Le Nevé, Mattea Battaglia, Violaine Morin)
Réduire le nombre d’épreuves terminales du baccalauréat en multipliant le nombre d’épreuves anticipées va-t-il dans le sens de la « simplification » de l’examen promise par le candidat Macron à l’horizon 2021 ?
A la lecture d’une première version des textes législatifs qui devaient leur être présentés mardi 13 mars au matin, tous [les syndicats enseignants] – ou presque – ont sorti leur calculatrice. Pour le SE-UNSA, organisation dite réformiste, le bac « nouvelle formule » pourrait compter une vingtaine d’épreuves au total, estime sa porte-parole, Claire Krepper. Le SNES-FSU, majoritaire, qui devait boycotter la réunion de mardi, a, lui, comptabilisé « 28 voire 29 futures épreuves ».
Une « usine à gaz », redoute Claire Guéville, la responsable du secteur lycée de ce syndicat qui, dans un communiqué lundi 12 mars, a demandé une « remise à plat totale du projet de réforme ». La secrétaire générale du syndicat réformiste SGEN, Catherine Nave-Bekhti, regrette une réforme « incohérente et bâclée ».

Presse / Le Monde du 09/03/2018 / Parcoursup, un nouveau marché pour les acteurs privés du conseil en orientation (Sébastien Graveleau)
Les acteurs privés du coaching et du conseil en orientation se frottent les mains. Les nouvelles règles à l’entrée de l’université, qui entrent en vigueur vendredi 9 mars, leur ont amené, racontent-ils, de nouveaux clients.
La fondatrice du cabinet Tonavenir.net, Sophie Laborde-Balen, estime ainsi la hausse de son activité « de 25 % à 30 % » par rapport à 2017. « Le tirage au sort en 2017 et les nouveautés de Parcoursup ont rendu les parents inquiets », observe-t-elle. Ici, parmi les forfaits vendus dans le coffret cadeau « Yes future », le « Pass sérénité » à 560 euros permet une « prise en charge totale » des inscriptions postbac : définition avec le futur étudiant de son projet d’études, écriture avec lui des lettres de motivation… Et à ce prix-là, le conseiller se charge d’entrer les voeux sur la plate-forme.

Presse / Le Monde du 12/02/2018 / L’inspection générale alerte sur « les difficultés philosophiques ou techniques » de Parcoursup (Soazig Le Nevé)
La loi réformant l’accès à l’enseignement supérieur est promulguée, mais la partie n’est pas gagnée. Dans une note de suivi de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, que Le Monde s’est procurée, l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) met en garde contre une loi qui « pose des difficultés philosophiques ou techniques liées à l’examen des candidatures ». [...]
Dans leur document présenté le 6 mars aux recteurs d’académie, les inspecteurs généraux relèvent que « dans beaucoup d’établissements visités, les procédures d’examen des candidatures sont loin d’être formalisées » et que « certains établissements ou communautés universitaires affichent une opposition ou une réserve à l’idée d’examiner et de classer des candidatures ».

09-03-18
 
Actions / 06/03/2018 / Propositions de Sauver les lettres pour les épreuves anticipées de français (EAF).
[Le ministre Jean-Michel Blanquer a annoncé le 14 février dernier que les épreuves anticipées de français seraient « revisitées ». Nous livrons nos réflexions et propositions sur ces épreuves.]

[…]Nous pensons qu’il faut garder l’architecture d’ensemble, avec un écrit et un oral de lettres, mais que les épreuves actuelles sont pour une part inutilement complexes, et d’ailleurs définies par une prolifération de textes officiels se corrigeant les uns les autres (BO de 2001, 2003, 2006 et 2011), avec une complication et une boursouflure qui nuisent à une certification exacte et équitable. […]
Il faut tout d’abord mettre au premier plan du « bac de français » la vérification de la connaissance et de la pratique diversifiée de la langue, écrite et orale, pour l’exactitude des analyses textuelles, la correction du langage, et l’expression d’une pensée complexe, précise et articulée. […]
Nous pensons qu'il faut conserver les deux exercices actuels de dissertation et de commentaire. L’un et l’autre relèvent de savoirs et de méthodes qui peuvent s’acquérir en classe et être enseignés explicitement au sein de l’école, à condition que l’on laisse aux élèves le temps d’apprendre et pratiquer : une augmentation de l’horaire, passant à 5 heures dans les deux classes de Seconde et Première, est indispensable au succès des élèves moins favorisés.

Presse / Le Monde du 24/02/2018 / Réforme du bac : vers la fin du sujet d'invention à l’épreuve de français (Violaine Morin)
Fanny Capel, présidente de Sauvez les lettres et enseignante au lycée Paul-Eluard de Saint-Denis, déplore […] : « Les élèves moyens ont tendance à choisir l’invention, alors que c’est l’exercice le plus difficile. » […] Difficile parce qu’elle est « impossible à noter », ce qui a provoqué une « sous-notation » des copies. Les critères de correction sont flous, et le simple « respect des consignes » ne permet pas de déterminer la note. « Je ne sais jamais comment noter une copie d’invention, jamais », assure Fanny Capel, qui planche précisément sur celles du bac blanc au moment où nous nous parlons. […] « La seule chose que je puisse noter, c’est la cohérence des personnages. Tout le reste est implicite. » Or, c’est là que le bât blesse : la part d’implicite est la bête noire des élèves des lycées défavorisés, qui ne maîtrisent pas les codes pour placer « la petite allusion qui va bien, au bon moment ». Ces lycéens se repèrent mieux dans des exercices aux règles claires. De ce point de vue, selon la présidente de Sauvez les lettres, la dissertation devrait rester « l’exercice roi », avec sa méthode et ses objectifs affichés. « C’est mal connaître les élèves de croire qu’ils sont rebutés par l’exigence. Ils le sont au début, parce que c’est difficile. Mais bien préparés, ils sont capables de maîtriser un exercice intellectuellement exigeant, alors que l’invention reposera toujours sur une part de code. »

Analyse / La Vie Moderne, 28/10/2017 / La grande braderie de « Lilie », le fiasco du plus coûteux des ENT (Loys Bonod)
[...] À quoi bon une première interface, même libre et gratuite pour les établissements, si elle ne propose pas les services élémentaires qui sont ceux d’un ENT et s’il faut lui adjoindre une seconde interface propriétaire payante ? Entendons-nous bien : ce n’est pas le caractère libre de Lilie qui pose ici problème mais le caractère erratique des politiques publiques en matière de numérique scolaire. D'ailleurs la rente globale versée chaque année – pour des solutions propriétaires souvent médiocres– à de multiples sociétés privées, en l’absence de toute coordination nationale, constitue un autre scandale.
Communication, précipitation, absence de concertation avec les principaux intéressés : « Lilie » n’est qu’un exemple – parmi bien d’autres– d’une certaine irrationalité de l’école numérique confinant parfois à la plus atterrante des gabegies.

Presse / Blog Profs mis en examen du 12/02/2018 / Parcoursup : 5 effets pervers (Claude Garcia)
Le marché du « coaching scolaire » va prospérer.
L’argent est de plus en plus présent dans le système scolaire. Outre les prépa privées, on voit se multiplier les services payants proposés aux parents à qui ont fait croire (et c’est loin d’être totalement faux) que la réussite scolaire demande une véritable stratégie. Le nouveau système Parcoursup ne rassure pas en ouvrant encore un peu plus la porte à l’argent dans le parcours scolaire.

Analyse / Le Monde du 26/02/2018 / Orientation : la nouvelle loi risque de renforcer les différences entre filles et garçons (Tribune)
À appétences équivalentes pour les matières scientifiques et à notes égales à celles des garçons, les filles sont toujours moins orientées que ces derniers vers la filière scientifique du bac. Or la loi ORE risque d’entretenir, voire de renforcer, cette différenciation sexuée des orientations, par le biais des « attendus » désormais affichés sur la plate-forme « Parcoursup » pour chaque formation universitaire. En effet, ces attendus se fondent largement sur des compétences supposées déjà acquises par les candidats, qui renvoient à des dispositions inégalement valorisées – et suscitées – chez les filles et les garçons.

Réforme / Ministère de l’Éducation nationale, 22/02/2018 / Rapport : La voie professionnelle scolaire : viser l'excellence. (20 Mo)
Au terme de la mission confiée par le ministre à Céline Calvez, députée des Hauts-de-Seine et Régis Marcon, chef étoilé, un rapport a été remis le 22 février 2018.

Presse / Le Monde diplomatique, mars 2018 / Les lycées professionnels, parent pauvre de l'éducation (Jean-Michel Dumay)
Elle est la face cachée de la planète éducative, invisible dans les discours officiels, qui lui préfèrent l’apprentissage. La voie professionnelle scolaire instruit pourtant un tiers des lycéens et les trois quarts des jeunes qui s’orientent vers des métiers d’ouvrier ou d’employé. Jadis instrument d’émancipation, cette « école du peuple », promise à une « rénovation », souffre d’une double relégation : scolaire et sociale.

27-02-18
 
Actualité / 25/02/2018 / Communiqué de presse de Sauver les lettres / Le bac poker-menteur : les cinq coups de bluff de M. Blanquer pour faire passer sa réforme...
Un bac « plus simple », vraiment ? Gribouille n'aurait pas fait mieux : au lieu de passer le bac une fois, on le passera cinq fois. Deux fois en Première (en janvier et en avril), trois fois en Terminale (en décembre, en avril et en juin).[...]

Un bac « plus lisible », mais pour qui ? Les filières L, ES, S sont supprimées au profit de « spécialités ». Or, si les séries S et ES ressuscitent telles le Phénix, à travers les spécialités « Mathématiques » et « Sciences économiques et sociales », la série L disparaît corps et biens, puisqu’il n’y a plus de spécialité « Littérature » à part entière. […]

Un bac « plus juste », sans rire ? Avec 40 % des épreuves « maison » (organisées et évaluées par les lycées euxmêmes), dont 10 % de contrôle continu pur, et avec l'explosion des filières et des bacs « modulaires », les candidats ne seront pas évalués selon les mêmes critères ni sur les mêmes parcours, et ils seront forcément triés à l’entrée des formations supérieures en fonction de la réputation de leur lycée d’origine, ce qui est évidemment inacceptable. [...]

Réforme / Information - Jean-Michel Blanquer - 14/02/2018 / Baccalauréat 2021 : un tremplin vers la réussite (Première version)

Presse / Le Monde du 08/02/2018 / Réforme du bac : vers la fin du sujet d’invention à l’épreuve de français
« Ceux qui n’aiment pas tellement le français et pensent s’en sortir à moindres frais, c’est vrai, choisissent l’invention. » De son côté, Fanny Capel, présidente de Sauvez les lettres et enseignante au lycée Paul-Eluard de Saint- Denis, déplore peu ou prou la même tendance : « Les élèves moyens ont tendance à choisir l’invention, alors que c’est l’exercice le plus difficile. » [...]« Je ne sais jamais comment noter une copie d’invention, jamais », assure Fanny Capel, qui planche précisément sur celles du bac blanc au moment où nous nous parlons. « Là, par exemple, il faut écrire une scène comique à partir d’un texte de Ionesco. Déjà, qu’est-ce qui est drôle, qu’est-ce qui ne l’est pas ? On est déjà dans le subjectif. La seule chose que je puisse noter, c’est la cohérence des personnages. Tout le reste est implicite. » Or, c’est là que le bât blesse : la part d’implicite est la bête noire des élèves des lycées défavorisés, qui ne maîtrisent pas les codes pour placer « la petite allusion qui va bien, au bon moment ». Ces lycéens se repèrent mieux dans des exercices aux règles claires.

Action / 09/02/2018 / Compte rendu de la rencontre de Sauver les lettres avec la DGESCO
Nous refusons que pour régler des problèmes d'affectation somme toute réduits (les problèmes imputés à APB n'ont concerné que 0,5% des bacheliers), le ministère propose de désorganiser et détruire les trois années de lycée en amont. Pour Fanny Capel, la réponse n’est pas dans des épreuves placées en avril, mais dans des épreuves clairement définies, et dans des programmes aux contenus ambitieux, capables de donner toutes leurs chances aux lycéens dans leurs études supérieures. Elle demande ce qu’il en est de la filière L: autrefois, il existait une filière lettres/maths. Qu’en sera-t-ildans la réforme ?

12-02-18
 
Actualité / 09/02/2018 / Analyse du rapport Mathiot portant sur la réforme du baccalauréat et du lycée (Fanny Capel, présidente de l'association Sauver les lettres).
Texte remis à M. Xavier Turion (adjoint au Directeur général de la DGESCO) qui a reçu Sauver les lettres le 9 février 2018.
Laissons tout de même le dernier mot, de bon sens, à M. Mathiot : « le changement ne se décrète pas, il se réalise progressivement et uniquement si les acteurs du système éducatif en acceptent les termes et le trouvent légitime » … Il nous semble que ces conditions ne sont pas réunies. La mise en oeuvre de cette réforme à marche forcée, la consultation tronquée des enseignants de terrain (avec des audiences qui se poursuivent moins d'une semaine avant les annonces du ministre), le caractère largement erroné, pour ne rien dire de son illisibilité, du rapport d'expert présidant à cette réforme, font plus que nous inquiéter : ils nous révoltent.
Analyse_SLL_du_rapport_Mathiot.pdf

Lire aussi : Réflexions sur la réforme du baccalauréat par l'association Sauver les lettres, transmises à la commission Mathiot

Presse / Le Monde du 08/02/2018 / Le bac est un rite institutionnel et politique (Entretien avec la sociologue Annabelle Allouch)
Le bac n’est pas seulement un rite individuel : c’est aussi un rite institutionnel et politique. En passant ses épreuves, l’élève rencontre la transcendance de l’Etat. Sa copie, anonyme, porte la mention « ministère de l’éducation nationale » : tout lui indique qu’il passe un examen national. Au baccalauréat, le candidat n’est pas jugé par un professeur, mais par l’Etat. L’anonymat de la copie est la promesse que tous les candidats seront jugés sur la même base - même si ce grand principe égalitaire et méritocratique ne se traduit pas dans la réalité. Depuis le XIXe siècle, le baccalauréat est le symbole du monopole de la République sur la certification des diplômes.

Actions / 29/01/2018 / Lettre ouverte à M. Jean-Michel Blanquer – Pétition. (Conférence des associations de professeurs spécialistes)
Aucune réforme d’une telle ampleur ne peut se faire à marche forcée. Les délais annoncés conduiraient, en l’état, à définir des épreuves, et à écrire des programmes dans la précipitation. Un tel calendrier est manifestement déraisonnable. C’est pourquoi nous vous demandons un moratoire sur la réforme du baccalauréat et du lycée.

Actions / Février 2018 / Décryptages
« Il ne servirait à rien de proposer une réforme que sa complexité intrinsèque ou son illisibilité rendrait caduque » (Rapport Mathiot p. 22)
Décryptage 1 de l'illisibilité : https://www.snes.edu/IMG/pdf/projet_mathiot_decryptage.pdf (site du SNES/FSU)
Décryptage 2 de l'illisibilité : Réforme du lycée en synthétique (Lycée Claude Monet, Le Havre)

Presse / Le Monde du 15/12/2017 / Parcoursup, qui succède à APB, risque de créer du stress continu pour les candidats et leurs familles (Entretien avec Bernard Koehret, créateur d'Admission post-bac [APB])
La plate-forme APB a-t-elle dysfonctionné cet été ?
La procédure a fonctionné normalement cette année. Mais lorsqu’on a 808 000 candidats inscrits en début de procédure sur APB, pour 654 000 places proposées dans l’ensemble des formations, je ne vois pas comment on a pu penser une seconde que la demande pouvait être satisfaite. Ce n’est pas APB qui explose, c’est l’enseignement supérieur qui manque de places, en particulier l’université.

Analyse / Le Sup en maintenance, 28/01/2018 / ParcourSup du virtuel au réel, lettre ouverte à ma ministre et ma chère collègue conseillère formation (Yann Bisiou)
À cause des capacités d'accueil, les 1000, 2000 ou 3000 dossiers devront être classés. Les 250 premiers seront admis, les suivants « en attente » le temps que certains renoncent parmi les 250 premiers libérant des places pour les 750, 1750 ou 2750 autres… c'est "l'absence de sélection sélective". Et là ça va prendre beaucoup plus d’une minute. Combien ? […] Pour lire tout ça il faudrait 10 mn par dossier. Entre 166 et 500h de travail, 5 à 14 semaines à temps plein pour dire OUI dans l’ordre. Vous l’aviez fait ce petit calcul ?

Réforme / 25/01/2018 / Mise en oeuvre de l'enseignement facultatif de langues et cultures de l'Antiquité. (BO n°4 du 25 janvier 2018)
Au titre de l'enrichissement qu'apportent les LCA à toute étude des langues, notamment celle de la langue française, l'accès à cet enseignement ne saurait être refusé à des élèves volontaires en tirant argument de leurs résultats scolaires, de leur comportement ou d'éventuelles difficultés entravant leurs apprentissages, quelles qu'elles soient. Aucune procédure de sélection ou de tirage au sort ne saurait être envisagée : les LCA doivent pouvoir bénéficier à tous les élèves intéressés.

Actions / 30/01/2018 / Communiqué de presse des associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL.
La CNARELA, Sauver les Lettres, l’APLettres, Sauvegarde des enseignements littéraires, l’APFLA-CPL et l’APLAES renouvellent donc instamment leurs demandes : que les horaires de latin et de grec ancien en vigueur avant la réforme du collège soient rétablis en tant qu'horaires plancher au niveau national et qu'ils soient enfin financés par des moyens « fléchés » (c'est-à-dire réservés) dans les dotations horaires des collèges et des lycées, sans quoi les textes officiels resteront sans effet.

Analyse / 31/01/2018 / Rapport sur les Humanités au coeur de l'École (Pascal Charvet, inspecteur général honoraire)
En Europe, seule la France peut se prévaloir de proposer un enseignement optionnel de latin et de grec à tous ses élèves sur les deux cycles du secondaire. Mais, pour garantir cette égalité de l’offre éducative, encore faut-il que ce droit formel se concrétise en un droit réel et que les langues et cultures de l’Antiquité demeurent accessibles à tous sur tout le territoire, notamment dans les établissements de Rep et Rep+. Cet enjeu requiert une volonté clairement affirmée de toutes les instances et de tous les acteurs : ministère, académies, corps d’inspection, chefs d’établissement et professeurs.
Presse / Le Monde 02/02/2018 / Des professeurs moquent le #RapportBergé sur les « relations école-parents »
Parler de l’école peut conduire à s’exposer à de sévères retours de bâton. En témoigne, s’il le fallait, la promptitude avec laquelle a émergé, mercredi 31 janvier, le mot-clé #RapportBergé sur lequel des enseignants et des enseignantes se sont « appuyés » pour réagir aux préconisations de deux députées. Une compétition de saillies ironiques [...]

22-01-18
 
Actualité / 07/01/2018 / Réflexions sur la réforme du baccalauréat par l'association Sauver les lettres, transmises à la commission Mathiot
Une réforme du baccalauréat et, partant, de la structure et des contenus de l'enseignement secondaire, est donc éminemment souhaitable. Or, bien que rien ne soit en principe arrêté, les pistes proposées par le gouvernement - celles du moins dont nous avons pu avoir connaissance - posent de nombreux problèmes et risquent, si elles étaient retenues, d'achever la dévalorisation de l'examen, et d’accentuer durablement les injustices face à l’accès à la connaissance.

Action / 07/12/2017 / Le bac a du sens ! Pétition du SNES-FSU
Le gouvernement veut réformer le baccalauréat dans l'urgence, sans prendre le temps d'un bilan sérieux ni de discussions approfondies. Le projet est verrouillé par son objectif : 4 épreuves et du contrôle continu. Nous voulons une réforme du baccalauréat et du lycée, mais non un diplôme maison qui renforce les inégalités entre les lycées et les élèves.

Actions / 15/12/2017 / Compte rendu de l’audience au ministère de l’éducation nationale des associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL
Bien que la mission porte sur le lycée et le bac, la question de la maîtrise de la grammaire, entre autres, à l’école primaire et au collège, et celle des liens entre le collège et le lycée, ne peuvent être mises de côté. Promettre aux élèves une réussite dans n’importe quelle filière sans maîtriser correctement la langue, c’est leur mentir. […] Il ne faudra pas oublier que, moins l’institution joue un rôle prescripteur, plus le niveau baisse. Par conséquent, on ne saurait amoindrir les exigences en série littéraire ni laisser cette série se fondre dans un menu à vaste choix. […] Nous tenons par ailleurs à rappeler une opposition de principe sur le contrôle continu, car cette pratique reviendrait à faire fluctuer la valeur du baccalauréat en fonction de l’établissement qui prépare et délivre le diplôme, ce qui l’empêchera d’être un titre national.

Réforme / BO n°1 du 4 janvier 2018 / Diplôme national du brevet - Modalités d'attribution à compter de la session 2018
1.1 - Épreuve écrite de français (100 points) [...]
1.1.4 - Composition de l'épreuve
L'épreuve, d'une durée de trois heures, prend appui sur un corpus de français, composé d'un texte littéraire et éventuellement d'une image en rapport avec le texte. La maîtrise de la langue française à l'écrit est évaluée dans l'ensemble des exercices composant l'épreuve

Analyse / Alchimie du collège, 14/12/2017 / Plaisir d'apprendre, joie de rédiger (Maya Goyet)
L’on pourra disserter pendant des heures sur les compétences, les neurosciences, le magistral, l’inversé, le bonifié, ce sera en pure perte. Si l’on ne place pas au coeur de toutes ces questions le désir et le plaisir (les élèves ont trouvé ces arides considérations stimulantes, ils aiment ce qui est rare, abstrait, compliqué, érudit), le lien (ils ont vu que j’avais envie de leur raconter un truc un peu technique, que je prenais en considération leur curiosité intellectuelle) et la dimension personnelle de la transmission (ils ont vu que j’adorais raconter des trucs comme ça).

Analyse / 29/12/2017 / Faut-il sauver le soldat grammaire ? (Véronique Marchais))
Avec le passé simple sont portés disparus le COD, remplacé par la notion scabreuse de complément essentiel, ou pire, par celle de prédicat, l'analyse grammaticale, l'analyse logique, qui porte si bien son nom, et, dans une large mesure, toute idée d'un enseignement structuré et progressif de la grammaire. Cette disparition ne s’est pas faite en un jour. C’est le résultat de réformes successives menées aussi bien par la droite que par la gauche, et qui ont toujours été guidées, en ce qui concerne le français du moins, par une seule logique (outre la logique comptable), celle d’une approche purement utilitaire de la langue, réduite à quelques compétences immédiatement employables

Analyse / La Sociale du 21/01/2018 / La destruction du baccalauréat et l'offensive générale contre l'école de la République (Denis Collin)
Plusieurs conséquences s’en déduisent.
La première étant que l’importante part de contrôle continu fera que le baccalauréat ne sera plus un diplôme national et donc ne donnera pas les mêmes droits à tous suivant l’établissement où ils ont obtenu cet examen. Entre autres conséquences, cela percutera directement les conventions collectives de branche qui déterminent les salaires « plancher » en fonction d’une grille de qualifications reconnues nationalement, le baccalauréat étant aujourd’hui encore l’une de ces qualifications.
Deuxième conséquence : le système majeures/mineures privera le baccalauréat de sa valeur d’examen évaluant une culture générale et donc la suppression des filières aura pour conséquence directe de déterminer en bonne partie le parcours supérieur des élèves dès l’entrée en classe de première, sans vraie possibilité de bifurquer. Troisième conséquence : le nouveau système permettra une « optimisation » des moyens qui dégradera sévèrement les conditions de travail des professeurs.

Presse / Le Monde du 29/11/2017 / Un nouveau brevet des collèges sera en vigueur dès 2018
Alors que l’examen passé en 2017 par les collégiens donnait plus de place au contrôle continu qu’aux épreuves finales passées en juin (respectivement 400 et 300 points), le brevet de la session 2018 rétablit l’équilibre entre les deux modes d’évaluation (400 points chacun). La deuxième modification réside dans la répartition des points. Le poids du français et des mathématiques est renforcé, avec des épreuves désormais notées sur 100 points chacune, alors que celle d’histoire-géographie - enseignement moral et civique et celle portant sur les sciences et vie de la Terre, physiquechimie et technologie seront notées sur 50 points.
Presse / Le Monde du 30/11/2017 / Concours enseignants : les places au Capes et à l’agrégation en forte baisse
14 à 37 % de baisse du nombre de postes, selon les disciplines
« La baisse est générale et ne se limite pas aux postes non pourvus aux concours 2017 et aux matières qui peinent le plus généralement à recruter (lettres, mathématiques, anglais, allemand, arts plastiques), a réagi Alain Billate, chargé de la formation des enseignants au SNES-FSU. Cela signifie que le taux d’encadrement va baisser, puisque le nombre d’élèves dans le second degré augmente d’environ 20 000 chaque année. C’est un mauvais signal pour les étudiants, qui voient des débouchés se fermer et cela risque d’aggraver la crise de recrutement. ».
Presse / Libération du 05/12/2017 / Les compétences de lecture des petits Français baissent encore
Voilà une nouvelle enquête internationale qui va flanquer le mouron aux enseignants, et donner au ministre de l’Éducation matière à critiquer ses prédécesseurs… Ce mardi matin, sont dévoilés les résultats de l’enquête Pirls (pour «Progress in International Reading Literacy Study»), menée tous les cinq ans dans une cinquantaine de pays, sur des élèves ayant suivi quatre années de scolarité obligatoire (soit le CM1 en France). Résultat pour la session 2016 : les compétences en lecture et compréhension des CM1 français sont en baisse par rapport au début des années 2000. La France et les Pays-Bas sont les deux seuls pays à afficher un déclin de leurs scores depuis quinze ans…
Presse / Le Monde du 25/12/2017 / « Ce n'est pas la langue qui est sexiste, mais les comportements sociaux » (Claude Hagège)
La volonté de modifier les usages, actuellement exprimée dans divers milieux et typique de ce trait bien français qu’est la politisation de la langue, renverse l’ordre naturel des choses. Ce n’est pas l’intervention sur la langue qui transformera les comportements sociaux. C’est l’évolution des comportements sociaux qui s’inscrira dans la langue. Cela s’est toujours produit pour la plupart des idiomes, le suédois et l’hébreu étant des exemples, pour ne citer qu’eux. [...] C’est une illusion que de vouloir extirper de la langue les traces de la domination masculine. En revanche, c’est un combat sain et nécessaire que de s’en prendre au sexisme dans la société
Presse / Vousnousils du 10/01/2018 / Réforme du bac : des épreuves ponctuelles organisées chaque semestre en Terminale ? (Elsa Doladille)
Parmi les mesures présentées aux syndicats, Pierre Mathiot a notamment évoqué l’idée d’organiser des épreuves ponctuelles comptant pour l’examen, à la fin de chaque semestre de terminale. Toutefois, les syndicats précisent que cette mesure reste aujourd’hui en discussion, du fait de la charge de travail représentée par l’organisation de ces épreuves dans les établissements.

Parution / Novembre 2017 / Réparer le monde. La littérature française face au XXIe siècle (Librairie José Corti), Alexandre Gefen
Alexandre Gefen montre que "la littérature française d'aujourd'hui a l'ambition de prendre soin du moi, mais aussi des individus fragiles, des oubliés de la grande histoire, des communautés ravagées et de nos démocraties inquiètes ; sauver, guérir ou du moins faire du bien, tels sont les mots d'ordre, souvent explicites, placés au coeur des projets littéraires contemporains. »

 


14-11-17
 

Agenda / Prix de la Nouvelle Jacqueline de Romilly
L'association Sauvegarde des Enseignements Littéraires (www.sel.asso.fr) propose une quatrième édition de son concours de nouvelles, le Prix de la nouvelle Jacqueline de Romilly . Il s'adresse aux lycéens et aux étudiants (CPGE ou Licence). Le texte écrit doit avoir un rapport, même distancié, avec l’antiquité grecque ou romaine. De nombreux prix sont à gagner (remise des prix à l’Institut de France) et les meilleurs textes seront publiés dans le magazine Phosphore et sur le site de S.E.L. Date limite : 14 mars 2018 à minuit.

Analyse / Libération du 10/09/2017 / Méthode globale ou syllabique : de quoi parle-t-on ? (Jérôme Deauviau, Janine Reichstadt, Jean-Pierre Terrail)
Au-delà des querelles politiques, réhabiliter la méthode syllabique nous semble indispensable. Par la règle du «tout déchiffrable», elle exclut la lecture devinette sans pour autant s’opposer au travail sur la compréhension. Il faut ne jamais avoir appris à lire à quiconque pour méconnaître la propension des élèves à se précipiter pour deviner, imaginer, et éviter un décodage toujours pénible au début. Plutôt que d’encourager ce réflexe, l’apprentissage syllabique ramène constamment et précisément au texte écrit, dont il propose une appropriation progressive, méthodique, systématique. Puisqu’il y a avec elle tout à déchiffrer et rien à deviner, apprendre à lire peut contribuer à enrichir un lexique qui peut donc être découvert et pas seulement reconnu.

Analyse / Blog Mediapart du 11/09/2017/ Concurrence scolaire et inégalités : quelles leçons du Québec ? (Jean-Pierre Véran)
Une étude québécoise, analysant les résultats du développement de la concurrence au sein du marché scolaire depuis le début des années 2000, éclaire utilement les orientations données à notre propre système éducatif. Quand le ministre français de l’éducation nationale pourfend l’égalitarisme comme facteur d’inégalité scolaire et affirme le 27 juillet sur France Culture que « c'est par plus de liberté que l'on peut aller vers plus d'égalité [1]», la note socioéconomique documentée de l’IRIS[2], publiée en septembre 2017, observe la détérioration de la qualité des enseignements offerts à la majorité des jeunes québécois par un marché scolaire caractérisé par la concurrence entre privé et public et entre établissements publics.

Analyse / Alchimie du collège, 09/10/2017 / L'ignorance organisée (Maya Goyet)
[L’évaluation par compétences] m’a toujours semblé une manière pseudo-savante, laborieuse, faussement attentive d’appréhender le « niveau » des élèves. C’est une façon de pixeliser l’image pour ne plus la voir telle qu’elle est. […] Et donc, c’est, à terme, une façon de paumer tout le monde, enfants, parents et enseignants. L’évaluation par compétences, en ce sens, me semble participer à une certaine forme d’ignorance. Je me demande pourquoi, entre mille autres débats secondaires, on n’aborde pas celui-ci qui est, à mes yeux, majeur.

Analyse / Philosophie d'appartement, 09/11/2017 / Epuration poétique (Quamel Pusati)
Je suis de plus en plus sidéré, choqué même par le conservatisme de nos grands écrivains. Si nous tenons vraiment à créer une société ouverte sur le monde, dans laquelle les futures générations puissent s’épanouir et vivre en harmonie, il me paraît urgent de corriger certains textes afin d’en effacer les honteux stigmates sexistes, racistes, réactionnaires ou transphobes. Imaginez quel message d’espoir nous transmettrions à nos enfants si nous parvenions à leur léguer une littérature bienveillante, intersectionnelle, pluraliste et moins offensante.Voici ce que deviendrait, dans un monde idéal, l’un des poèmes les plus connus et les plus étudiés en classe de Paul Verlaine, « Mon rêve familier ». [...]

Presse / Vousnousils du 01/08/2017/ Aux USA, l’écriture cursive fait son come-back à l’école
Après avoir préféré le clavier d'ordinateur au stylo, les USA font machine arrière. Selon des chercheurs, l'écriture cursive a une grande importance pour apprendre. Depuis 2016, l’apprentissage de l’écriture cursive n’est plus obligatoire en Finlande. […] avec l’idée que le numérique prend une place toujours plus importante dans nos vies, que les jeunes adultes écrivent de moins en moins à la main, et que l’écriture cursive serait donc désuète. Pourtant, des scientifiques soulignent depuis longtemps l’importance de l’écriture cursive pour améliorer le développement du cerveau et de la motricité. Selon Edouard Gentaz, chercheur au CNRS, l’apprentissage de l’écriture cursive participe au développement d’une « motricité fine » que l’ordinateur ne permet pas, et a une place essentielle dans l’apprentissage de la lecture.

Presse / Paris-Normandie du 03/09/2017 /Le désastre d'un enseignement tiré vers le bas (Isabelle Dignocourt)
Vous vous décrivez comme une fille de « l’école d’avant ». Cela veut dire quoi ?
Je fais référence à l’école qui permettait à un enfant issu d’une famille de modeste condition de s’élever, de réussir des études et d’avoir des rêves qui pouvaient se réaliser. Aujourd’hui, un certain nombre d’élèves n’a plus cette chance-là.
Vous effectuez cette année votre 26ème rentrée, et vous écrivez « avant j’étais professeur ». Pourquoi utiliser le passé ? La succession de réformes et notamment la dernière, sur les collèges, a été le déclenchement d’une colère enfouie. On nous demande de plus en plus d’être animateurs – il n’y a pas de mépris dans mon propos, j’ai été animatrice de centre de loisirs - alors que ce n’est pas le rôle du professeur. On nous demande d’animer des choses mais plus d’apporter des connaissances. En formation, on nous dit que le savoir est disponible sur internet...
Presse / Le Monde du 11/10/2017 / Vers une énième réforme du brevet en 2018 ? (Aurélie Collas)
Le ministère de l’éducation propose de revenir à des épreuves cloisonnées, discipline par discipline. [...] La tentative de regrouper les épreuves par bloc interdisciplinaire – un bloc littéraire d’un côté, un bloc scientifique de l’autre – n’aura donc pas duré. Il est vrai qu’à écouter la communauté éducative, elle n’avait pas fonctionné, contribuant même à complexifier l’examen. [...]
Dans le barème toujours, le poids du français et des mathématiques est renforcé : ils comptent chacun à hauteur de 100 points, contre 50 antérieurement. De source syndicale, il n’est pas exclu que l’épreuve de français comporte une sousépreuve d’étude de la langue centrée sur de la grammaire – même si cela n’apparaît pas dans le texte.
Presse / Libération du 11/10/2017 / Sans le latin, la messe nous emmerde (Johann Chapoutot)
Je suis de ceux qui ont pleuré de rage en voyant le latin conspué, les classes bilangues entamées, et la réforme des rythmes scolaires mise en oeuvre au grand désarroi des collectivités locales. La justice sociale, brandie par la gauche au pouvoir, était bafouée : les grands lycées de centre-ville n’étaient pas fous au point de sacrifier leur latin et leurs langues. Quant aux grands établissements privés, certains font du latin, et de la grammaire dès l’école primaire, et ils ont raison.
Je ne connais pas M. Blanquer. Je n’aime pas ce qu’il dit sur l’autonomie des établissements. Mais je souscris à tout ce qu’il dit sur la langue, le latin (n’oublions pas le grec), les fondamentaux, la lecture. Les humanités sont la voie d’accès à notre humanité, tout simplement.
Le discours... mais aussi les faits...

Compte rendu de l'audience à l'Élysée des associations APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL, le 21 juin 2017.
Le 16 juin 2017, un nouvel arrêté a été pris par le nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer. Cet arrêté témoigne manifestement d’un changement d’orientation dans la politique éducative par rapport au dernier quinquennat. Nous nous en félicitons et prenons acte de la volonté de redonner leur place légitime aux langues anciennes dans la scolarité et de proposer une première traduction de l’un des engagements du Président de la République à ce sujet.
Cependant, vu la date à laquelle cet arrêté a été publié, nos inquiétudes subsistent : la rentrée est préparée depuis longtemps dans les établissements et un tel texte crée l’effet inverse de celui que l’on pourrait espérer. Nous pouvons, entre autres, donner l’exemple [...] de l’académie de Créteil, […], le rectorat refuse d’accorder une dotation horaire spécifique, pourtant signalée à l’art. 5 de l’arrêté. Dans d’autres cas, les chefs d’établissement refusent de revoir les DHG [dotations horaires] votées en mars. La concurrence avec les dédoublements de classes ou les autres disciplines optionnelles ajoute encore du désordre après une année très éprouvante pour nos collègues et nous le déplorons.
Texte complet de ce compte rendu : CRaudienceElysee-21_juin_2017.pdf
Presse / Le Monde du 22/10/2017 / Les MOOC font pschitt (Marine Miller)
Présentés il y a cinq ans par les universités américaines comme une révolution pédagogique, ces cours en ligne ont-ils tenu leurs promesses ? [...] « Tout le monde est d’accord sur le fait que les cours magistraux dans des amphithéâtres bondés sont à bannir, mais les professeurs n’en sont pas moins des acteurs de théâtre qui sentent les réactions du public et pas des acteurs de cinéma », estime Pascal Engel, philosophe et directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). L’enseignement est une activité « vivante » qui suppose des « allers-retours, des changements de vitesse et des adaptations ». « Le numérique est excellent pour stocker de l’information mais il est loin d’être évident qu’il apprenne à raisonner, à questionner ses sources, à réfléchir, ce qui est le but d’un enseignement universitaire », estime le philosophe.
Presse / Le Monde du 29-30/10/2017 / Servons-nous du bac comme instrument de l'égalité républicaine (Julien Picault)
Un garde-fou important est de garantir l’objectivité des notes du bac. D’où l’importance de ne surtout pas introduire de contrôle continu. Ce serait une grave erreur ! Car qui dit contrôle continu dit importance du niveau du lycée et dit une course potentielle à l’inflation des notes pour améliorer le taux de réussite au bac.
Presse / Vousnousils du 03/11/2017 / Les bacs S, ES et L bientôt supprimés ? (Elsa Doladille)
L’universitaire a notamment évoqué la fin des filières scientifique, littéraire, et économique et sociale du bac général. Il souhaiterait mettre en place, durant les 3 années qui précèdent l’examen, une « relative individualisation des parcours », afin d’aboutir à une « autre manière de délivrer le bac, avec des intitulés plus précis ».

31-07-17
 

L'Intempestif / 08/06/2017 / Sous le masque du consensus (Mireille Kentzinger)
C’est donc à une instance soumise à son chef qu’il reviendra de décider si au collège X on fera du latin ou un EPI sur le régime alimentaire de Gargantua ou bien si dans le collège Y on proposera des classes bilangues ou un projet de découverte de l’entreprise… A chacun donc un enseignement différent, perpétuellement mis en concurrence et soumis à négociation, voué donc à la variation en fonction des forces en présence. Une sorte de « loi-travail » de l’éducation où ce sont les décisions de telle ou telle entreprise scolaire locale qui auront force de loi localement, en lieu et place de la loi générale.

Action / 21/06/2017 / Compte rendu de l'audience à l'Élysée (Associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL, SLL)
Le 16 juin 2017, un nouvel arrêté a été pris par le nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer. Cet arrêté témoigne manifestement d’un changement d’orientation dans la politique éducative par rapport au dernier quinquennat. Nous nous en félicitons et prenons acte de la volonté de redonner leur place légitime aux langues anciennes dans la scolarité et de proposer une première traduction de l’un des engagements du Président de la République à ce sujet. Cependant, vu la date à laquelle cet arrêté a été publié, nos inquiétudes subsistent : la rentrée est préparée depuis longtemps dans les établissements et un tel texte crée l’effet inverse de celui que l’on pourrait espérer.

Analyse / Mezetulle / 17/04/2017 / OCDE et Terra Nova : une offensive contre l'école républicaine (Fatiha Boudjhalat)
Le Think Tank libéral « Terra Nova » a livré en 2016 un rapport Que doit-on apprendre à l’école ? Savoirs scolaires et politique éducative. […] Il n’est guère surprenant que les propositions d’Emmanuel Macron reprennent les préconisations de ce rapport qui salue les réformes entreprises aussi bien par la droite que par l’actuel gouvernement de gauche, parce qu’elles vont toutes dans le même sens. [...] On retrouve ce que le sociologue François Dubet avait déjà préconisé en incitant le monde de l’éducation à adapter les programmes à ce que l’élève le plus faible était en mesure d’acquérir. Lui et sa collègue Marie Duru-Bellat évoquaient dans leur livre Dix propositions pour changer d’école la « discrimination par le diplôme ». C’est l’inversion de la norme, « l’adaptionnisme scolaire», terme créé par Laurent Jaffro et Jean-Baptiste Rauzy dans leur ouvrage L’École désoeuvrée pour désigner « la pente actuelle dominante dans les réflexions sur l’école et dans l’institution elle-même qui incline à adapter l’école à l’élargissement de ses publics plutôt que de persévérer à amener ses nouveaux publics à des savoirs déterminés ».

Analyse / La Vie moderne / 7/07/2017 / Le métier en berne (Loys Bonod)
Les enseignants eux-mêmes sont de plus en plus dépossédés de leur métier : une formation parfois infantilisante, une liberté pédagogique de plus en plus écornée, une « posture » enseignante de moins en moins reconnue, des disciplines elles-mêmes de plus en plus remises en cause dans le secondaire. Le tout dans une déconsidération générale : les enseignants doivent désormais être « managés » comme des chevaux au manège. On le voit : il faut bien du courage pour se lancer aujourd’hui dans la carrière enseignante. Et, à vrai dire, les perspectives offertes par la nouvelle majorité sont malheureusement de nature à aggraver davantage cette crise.

Presse / Le Monde / 12/06/2017 / Bac 2017 : Faire des dissertations a-t-il encore un sens ? (Isabelle Dautresme)
Epreuve de questionnement et d’engagement personnel, la dissertation, particulièrement de philosophie, encourage aussi une certaine liberté de pensée. Elle oblige à sortir de son propre point de vue et à adopter celui de l’autre. « Il faut faire comme si on n’était pas d’accord avec soi-même. Dans une démocratie laïque où il est tellement facile de dire ce que l’on pense et de le faire savoir, la dissertation de philosophie nécessite de penser ce que l’on ne pense pas spontanément, et ainsi de transformer ses croyances en opinion dont on peut discuter avec les autres. C’est un exercice encore plus important aujourd’hui », souligne Pierre-Henri Tavoillot.

Un éclairage rétrospectif : Eloge politique de la dissertation (Robert Wainer, 2000)
Pourquoi la dissertation et le commentaire composé - formule rédigée et composée de l'" explication de texte " - ont-ils sous la Troisième République, remplacé au lycée les anciens exercices d'imitation de l'ancien régime ? Parce qu'il s'agissait justement de créer des citoyens libres penseurs. Héritiers de la pensée rationaliste et des Lumières, les pédagogues républicains savaient ce que la révolution devait aux philosophes des Lumières, et ce que ces derniers devaient à Descartes : qu'il n'y a pas de pensée libre et autonome sans l'exercice du doute ; que la simple affirmation d'une opinion ne relève pas de la pensée, mais du préjugé et de la croyance ; qu'on ne peut s'opposer à une opinion qu'on juge dangereuse qu'après avoir démontré qu'elle était fausse.

Presse / Le Monde / 04/07/2017 / Le premier ministre annonce un bac entièrement réformé en 2021 (Aurélie Collas)
Le projet s’articule autour de deux idées. La première est de « resserrer les épreuves finales autour d’un plus petit nombre de matières et [de] définir ce qui relève du contrôle continu », a déclaré M. Philippe. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à limiter le nombre d’épreuves finales obligatoires à quatre, et à faire passer les autres en contrôle continu. Le chef de l’État entend « moderniser » l’examen bicentenaire. Le « remuscler », pour reprendre l’expression de son ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.

Trois éclairages :
A quoi sert le baccalauréat ? Audition au Sénat (13/02/2008)
A quoi sert le baccalauréat ? Sauver Les Lettres
Toutes les mesures récentes dans l’organisation du bac visent à le compliquer, de façon à rendre préférable le contrôle continu. Mais ce dernier détruit la nature même de l’examen, et le lien organique qui unit la République, l’instruction, et les citoyens. Il faut donc le refuser. Le contrôle continu, sous forme d’épreuves organisées dans les établissements par le personnel qui y enseigne, ouvrirait la porte à toutes les pressions. La neutralité et l’objectivité de l’examen, sa totale indépendance des origines sociales, culturelles et ethniques, la garantie du niveau d’instruction, le principe d’égalité des chances et d’équité dans l’évaluation, y disparaissent totalement.
Les grands débats du baccalauréat juin 2016 (CNESCO, Conseil national d'évaluation du système scolaire)
Les comparaisons internationales montrent que, bien conçus et bien organisés, ces tests nationaux font progresser en moyenne les apprentissages des élèves et réduisent les inégalités scolaires globales et d’origine sociale. [...] Ces effets ne sont vertueux que si certaines conditions pédagogiques sont réunies: un nombre conséquent de matières doivent être testées sur la totalité de leurs programmes scolaires et des compétences attendues et les types d’exercices demandés aux élèves doivent être complexes (par opposition aux tests par QCM, par exemple). [...] Au total, le baccalauréat français qui embrasse un champ très large de matières et propose aux élèves une multiplicité d’épreuves complexes correspond bien aux formes d’évaluations qui peuvent avoir un effet bénéfique sur les résultats des élèves.
GRDS, 17/03/2017 / Quel français au lycée : la question de l'examen (Thierry Cecille, Agnès Joste)
Quel rapport le baccalauréat a-t-il avec la démocratisation ? Il est important, dans la perspective de la démocratisation, de défendre l’examen final. L’expérience en mesure chaque année la vertu, et montre qu’il constitue un rempart contre les ségrégations scolaires et géographiques. Il protège à la fois les élèves et la qualité de l’enseignement qui leur est dispensé. Égalitaire, dans la mesure où les épreuves sont anonymes, nationales et élaborées en fonction de programmes nationaux par des professeurs en exercice, le baccalauréat protège les élèves défavorisés de jugements négatifs liés à leur niveau supposé en raison de la localisation de leurs établissements d’origine. En proposant à tous le même horizon d’exigence et la même valeur certificative, le bac-nation protège du bac-maison. Il régule, par ses contenus, l’amont de bien des filières. Le recrutement sur dossiers par exemple, constamment utilisé contre le maintien du baccalauréat, n’est possible que parce que l’examen existe : le baccalauréat est la clef de voûte de l’enseignement au lycée, il en détermine la nature et le contenu. Les dossiers ne sont fiables que parce que les notes qu’ils présentent valident l’acquisition et la compréhension de programmes réglés sur cette certification finale.
Presse / Vousnousils / 28/07/2017 « Un retour du latin et du grec, adapté au XXIe siècle » (Jean-Michel Blanquer)
Jean-Michel Blanquer s’est aussi exprimé sur les cours de latin et de grec. « Lors de la réforme du collège menée par mes prédécesseurs, on a véhiculé un message contre-productif, selon lequel le latin serait désuet et élitiste. C’est totalement faux. Le latin est au coeur de notre langue, donc structure notre mentalité. [...]» Des propos qui font écho à ceux de François Martin, président de la CNARELA (coordination nationale des associations régionales des enseignants de langues étrangères) en avril 2017. « Cette réforme [du collège] a été complètement bâclée : changement de l’intégralité des programmes d’enseignement de la 6e à la 3e, explosion de la grille des horaires réglementaires (avec diminution des horaires de latin et de grec ancien de 50% en 5e et 30% en 4eet 3e) et disparition du latin et du grec ancien comme disciplines, transformés en « enseignements de complément », absents des grilles réglementaires, alors qu’ils y avaient leur place lorsqu’ils étaient des disciplines optionnelles », déclarait-il.

29-04-17
 
  Sauver les Lettres s'adresse aux candidats !
Questionnaire aux candidats à la présidentielle
Ce questionnaire n’a pas pour seul objectif de collecter les réponses des candidats, il est aussi une invitation à modifier en profondeur les cadres conceptuels auxquels se sont référés tous les politiques au pouvoir depuis 40 ans. Il s’adresse aux candidats qui auraient le courage, comme le disait Paul Ricoeur, d'honorer ”les promesses non tenues du passé”. Nous espérons que l’école sera au coeur de leurs préoccupations car l’avenir de l’école publique, c’est l’avenir de la démocratie. C’est pourquoi en tant que professeurs de terrain engagés dans un combat en faveur d’une école de qualité pour tous, nous leur soumettons les questions suivantes.
     Extrait :

Abrogerez-vous la dernière réforme du collège, qui retire 540 heures de cours aux élèves sur l'ensemble de leur parcours de la 6e à la 3e (soit l’équivalent d’une demi-année) ?
Abrogerez-vous, dans le primaire, la réforme des rythmes scolaires, qui déstabilise les écoles et épuise les élèves ?
Défendrez-vous la transmission des savoirs comme la mission principale de l’école ?
Rétablirez-vous dans le primaire et dans le secondaire les heures nécessaires aux différentes disciplines, heures perdues1 au fil des réformes au profit de dispositifs à l’utilité contestable (TPE, EPI, AP2, etc.) ?

      Télécharger le questionnaire complet
Actualité
Presse / L'Obs du 19/04/2017 / École : la lettre coup de poing d'un collectif de professeurs aux candidats http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/ecole-le-sos-d-un-collectif-de-professeurs-adresse-aux-candidats.html
(Sauver les lettres)

TRIBUNE. Égalité de l'instruction, enseignement du français et des lettres, métier de professeur... Sauver les Lettres, association "animée par un idéal scolaire de gauche", interpelle les prétendants à l’Élysée en leur soumettant un questionnaire.
Nous, professeurs de terrain, connaissons les dégâts des précédentes réformes, dont les promoteurs s’inscrivent, plus ou moins consciemment, dans une même logique appauvrissante : la connaissance y est de plus en plus vidée de ses contenus et soumise à la seule optique utilitariste de la concurrence économique. Nous avons donc décidé d’intervenir dans le débat électoral en exposant les principes qui devraient, selon nous, présider à une politique éducative démocratique, vraiment nouvelle.

Actions / Communiqué de presse / 14/03/2017 Réforme du collège : moins de latin pour tous !
(Associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL, SLL)
L’enseignement public est frappé de plein fouet par la perte d’élèves en latin (moins 4 920 élèves), le privé étant pour un moment encore bien loti (moins 1 451 élèves). Il faut préciser qu’il ouvre grand les bras pour récupérer les ouailles qui n’auraient pas encore succombé à ses appels après les réformes et refontes qui se succèdent depuis le début de ce siècle. La fuite dans le privé, que refuse de voir le ministère, est réelle. Car de nombreux établissements privés proposent ce que le public ne propose plus. [...]
La ministre ignore complètement les conséquences de ses choix en matière d’éducation, qui se révèlent catastrophiques tant les collègues du secondaire sont épuisés. Elle croit qu’il suffit de dire pour faire, mais ne connaît rien aux réalités du terrain : sans moyens clairement fléchés et dédiés pour les langues anciennes, ces dernières sont toujours plus fragilisées. Or, ses services ont choisi de les financer sur une marge de fonctionnement, les reléguant ainsi bien loin derrière les dédoublements de classes nécessaires dans les disciplines de SVT ou de sciences-physiques par exemple.

Analyses / Séminaire GRDS des 3 et 17 mars 2017
Quel enseignement du français dans une école démocratique ?
Quelle entrée dans l'écrit à l'école élémentaire ? (Rachel Boutonnet)
Il est important d’ancrer (ou de consolider) un cadre à quatre composantes : l’écoute, la prononciation, l’écriture, la lecture. Il faut installer la conscience, ou l’habitude, d’une sorte de calque, d’identité stricte, entre quatre formes dans lesquelles va se déployer un même contenu. Dans l’acte de lire ou d’écrire, ce contenu circule du son à l’image visuelle en passant par la prononciation et le tracé, et opère une boucle, en continu.
Comment étudier le français au collège ? (Virginie Blanchet, Véronique Marchais)
Pour progresser à l’écrit, les élèves auraient besoin, dès l’école primaire, d’un travail soutenu en grammaire, en grammaire de phrase essentiellement, conjoint au travail de l’écriture, afin de développer parallèlement la conscience réflexive de ce que l’on écrit et la capacité à écrire, à structurer et développer ses phrases. Or, avec les nouveaux programmes, c’est le contraire qui se produit. La spécificité de cette matière (…) est, à travers l’étude de la langue et d’oeuvres phares du patrimoine, de faire accéder les élèves aux livres et à une culture humaniste, de former leurs capacités de réflexion et d’analyse. Réduire le français à un outil de communication (une langue « de service ») conduirait à marginaliser la langue littéraire « de culture », et à déconstruire le savoir littéraire, éloigner les élèves de sa spécificité et dès lors, leur en fermer l’accès.
Quel enseignement du français et de la littérature au lycée ? (Thierry Cecille, Agnès Joste)
Tous les textes résistants de la littérature classique ouvrent des perspectives sur les relations humaines et la vie de l’esprit, sur le conservatisme, la novation, la censure, les forces sourdes qui traversent les sociétés... Tous les professeurs de zones « sensibles » peuvent témoigner qu’en dépit, ou plutôt à cause, de la langue de culture qui s’y déploie, ces textes au premier abord difficiles et parfois étranges intéressent les élèves, et leur font faire de rapides progrès d’attention et d’analyse, leurs capacités étant profondément sollicitées.
Quel français au lycée : la question de l'examen (Thierry Cecille, Agnès Joste)
Égalitaire, dans la mesure où les épreuves sont anonymes, nationales et élaborées en fonction de programmes nationaux par des professeurs en exercice, le baccalauréat protège les élèves défavorisés de jugements négatifs liés à leur niveau supposé en raison de la localisation de leurs établissements d’origine. En proposant à tous le même horizon d’exigence et la même valeur certificative, le bac-nation protège du bac-maison.
Analyse / mars 2017 Conférence de consensus. Différenciation pédagogique. Comment adapter l'enseignement à la réussite de tous les élèves ? (CNESCO, Conseil national d'évaluation du système scolaire)
Il n’existe pas de « recette pédagogique » toute faite qui s’imposerait à tous les enseignants. Derrière cette expression, se cache en effet une multiplicité de conceptions, pratiques, dispositifs, supports pédagogiques, qui combinent des dimensions variées [...] Se cachent aussi des risques : par exemple, celui de croire qu’individualiser systématiquement les tâches proposées aux élèves est profitable pour tous, celui de croire que donner la possibilité aux élèves de travailler en groupes ou sur un ordinateur engendre nécessairement des apprentissages. […] La différenciation pédagogique ne doit pas entraîner une différenciation des objectifs. Les élèves fréquentant des classes où l’enseignant entretient des attentes élevées se montrent plus motivés et progressent davantage dans leurs apprentissages ; de plus les écarts entre élèves s’y réduisent. Les recherches invitent les enseignants à proposer à tous les élèves des tâches stimulantes présentant un défi.
Analyse /La Vie moderne, 24/03/2017 Affel de moins en moins net (Loys Bonod)
L'affectation au lycée en 2017
Pour l'affectation au lycée (à travers l'opaque algorithme Affelnet), certaines circulaires académiques se font encore attendre mais, d'ores et déjà, un nouveau système se met en place dans l'improvisation. […] Première nouveauté : les compétences sont désormais prises en compte, avec une importance démesurée (400 points) par rapport aux moyennes disciplinaires (112 points au plus : voir tableau plus bas). Une moyenne catastrophique en mathématiques (5 points sur 16 au plus par exemple) est facilement compensée par la maîtrise satisfaisante d'un domaine du socle comme les "méthodes et outils pour apprendre" (50 points) ou bien la "formation de la personne et du citoyen" (50 points), des domaines de compétences bien nébuleux, le plus souvent évalués à la va-vite et toujours de façon bienveillante (parfois même en urgence par la vie scolaire ou le chef d'établissement en fin d'année).
Analyse / Reconstruire l'école, le blog de la présidente du 06/04/2017 François Fillon et les lemmings (Françoise Guichard)
Tant qu’à rester dans la métaphore aquatique et rongeuse, ce n’est pas lemmings qu’il vous faut être aujourd’hui, mais CASTORS – comprendre le fameux « faire barrage » --, à François Fillon autant qu’à Marine Le Pen. Vous êtes des professeurs, votre métier c’est de réfléchir : sachez penser globalement ! Un programme électoral est un tout ! Souvenez-vous-en avant que de vous prononcer : CE QUI FAIT DU MAL À LA SOCIÉTÉ NE PEUT PAS FAIRE DU BIEN À L’ÉCOLE.
Analyse / Mezetulle, 17/04/2017 OCDE et Terra Nova : une offensive contre l’école républicaine (Fatiha Boudjhalat)
François Fillon n’a cessé durant cette campagne de brocarder les abus des pédagogistes qui auraient conduit l’école dans le mur. Mais c’est lui qui, ministre, a mis en place le « socle des compétences » en 2005, socle qui est le principe organisateur de l’abaissement des exigences scolaires. Le rapport Terra Nova lui livre pour cela un satisfecit : ce socle est « la réelle innovation de fond et de forme ». Et puisqu’il n’y a pas d’alternance politique, ce socle a été repris « dans la loi de refondation de l’école de 2013 », avec Vincent Peillon aux manettes et poussé à son paroxysme par la ministre Najat Vallaud-Belkacem. Qu’est-ce qui rend ce socle si innovant ? Il est « le premier essai d’une politique curriculaire en France. » En matière d’éducation, la France fait tout comme les Anglo-Saxons, avec cependant un décalage de plus de 30 ans, et alors que les Anglo-Saxons en reviennent
Analyse / Reconstruire l'école, le blog de la présidente du 21/04/2017 Emmanuel Macron : la chèvre et le chou... Y'a un loup ! (Françoise Guichard)
-- Vous convertiriez-vous donc à l’extrême-centre, chère Présidente ?
-- Oh qu’nenni, mon bon.
Ne serait-ce que pour une raison majeure : sauf erreur de ma part, M. Macron n’envisage d’ABROGER ni la réforme collège 2016, ni celle du lycée (Chatel-Descoings), et propose, en réduisant à quatre le nombre des épreuves finales du baccalauréat, d’y introduire une large part de contrôle continu, ce qui peut légitimement inquiéter. […] Que ce pragmatisme revendiqué en arrive à rompre l’égalité entre les élèves sur l’ensemble du territoire ne semble pas effleurer le candidat : mystère de l’autonomie et autonomie du mystère.
Presse / Mediapart du 18/03/2017 Le réservoir, les jolies fleurs et la poubelle (blog de Guillaume Mélère)
Une plongée édifiante dans une ÉSPÉ : le récit véridique d'une matinée de formation d'un jeune professeur de français.
« Notre métier, c’est d’arroser les jolies fleurs des qualités plutôt que les mauvaises herbes des défauts. Si je dis à un élève « tu es nul ! », j’arrose ses mauvaises herbes. Mais si je lui dis : « tu as réussi cet exercice ! » j’arrose les jolies fleurs de son jardin ! » Apparemment, à côté du réservoir, il y a aussi une poubelle, dans laquelle il faut jeter les mauvaises herbes. La formatrice invite d’ailleurs chacun de nous à jeter à la poubelle les mauvaises herbes de ses défauts, et elle nous annonce qu’à la fin du séminaire, nous irons tous ensemble vider notre poubelle à la déchetterie. Plusieurs questions me viennent à l’esprit : Le réservoir est-il au milieu du jardin ? Qu’est-ce que l’arrosoir ? Contient-il de l’eau ou du carburant ? Est-ce que les mauvaises herbes peuvent attaquer le réservoir ? Que se passe-t-il si on met trop de carburant dans notre réservoir, et qu’on fait déborder l'amour et l'amitié sur les mauvaises herbes ? Peut-on arracher les mauvaises herbes de ses élèves sans les violenter ?
Presse / Vousnousils du 03/04/2017 « Le numérique engendre des effets négatifs » (Cnesco)
« La recherche montre que tous les outils numériques n’ont pas que des effets bénéfiques sur les apprentissages, voire dans certains cas engendrent des effets négatifs », indique le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) dans son rapport d’une conférence consensus, tenue en mars 2017, et intitulée « Comment adapter l’enseignement pour la réussite de tous les élèves ? » [...]
Dans sa synthèse, le Cnesco appelle ainsi à ne pas surcharger les élèves en sources d’informations : « La recherche montre que lorsque les formats de présentation de l’information sont trop nombreux (ex : liens hypertextes), ils peuvent engendrer des difficultés chez les apprenants et une charge cognitive importante et inutile. Ainsi, la plupart des élèves apprennent mieux à partir de deux sources d’information plutôt que trois ».
Presse / Vousnousils du 14/04/2017 « Le latin pour tous n'est qu'une promesse en l'air du ministère » (François Martin)
Aujourd’hui, quel constat peut-on faire de la réforme du collège sur l’enseignement du latin et du grec ? Il faut être prudent car nous sommes seulement à quelques mois d’application de la réforme. Mais il est clair que le constat est négatif. A la rentrée 2016, en 5e, plus de 6 000 élèves manquent à l’appel en latin, si l’on se réfère aux effectifs de la rentrée 2015. Cette réforme a été complètement bâclée : changement de l’intégralité des programmes d’enseignement de la 6e à la 3e, explosion de la grille des horaires réglementaires (avec diminution des horaires de latin et de grec ancien de 50% en 5e et 30% en 4e et 3e) et disparition du latin et du grec ancien comme disciplines, transformés en « enseignements de complément », absents des grilles réglementaires, alors qu’ils y avaient leur place lorsqu’ils étaient des disciplines optionnelles. L’ambitieux projet du ministère ‘le latin pour tous’ n’a donc pas du tout fonctionné ! Cela n’a été que des promesses et des paroles en l’air….
22-02-17

Agenda / Séminaire GRDS (Groupe de Recherche sur la Démocratisation Scolaire) 3 et 17 mars : quel enseignement du français dans une école démocratique ?
www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?article241
Ces deux séances seront consacrées à une première réflexion sur les transformations qui pourraient paraître souhaitables en matière d’enseignement du français, dans la perspective d’une école s’attachant à transmettre à tous la même culture commune. La séance du 3 mars s’intéressera aux premières années de l’entrée dans la culture écrite, celle du 17 mars à l’enseignement secondaire.
L'Intempestif / Vu, lu, entendu, 27/12/2016 Ma Part de Gaulois Magyd Cherfi, Actes Sud
Un livre qui comporte peu de « scènes d’école », puisque l’essentiel se déroule dans la cité des quartiers nord de Toulouse où vivent l’auteur et sa famille à la fin des années 70 ; un livre plutôt sur le « hors champ » de l’école donc, et c’est ce qui en fait le prix.Au départ, le rêve insensé d’une mère dans ce quartier où les espoirs de réussite scolaire sont presque inexistants : que son fils, l’auteur, obtienne le bac. Cet hybris maternel va faire de Magyd Cherfi un amoureux de la langue et de la littérature françaises, l’écrivain public et l’animateur socio-culturel de tout le quartier, mais aussi un paria aux yeux de beaucoup d’autres garçons de la cité.
L'Intempestif / On aurait aimé le dire, 11/02/2017 Les langues anciennes font de la résistance François Rastier
Les langues anciennes exercent une critique silencieuse mais définitive à l’égard de la conception pragmatique du langage et de l’idéologie communicationnelle : elles ne sont pas des instruments, mais elles fascinent par leur richesse. Paradoxalement, une langue de service semble alors moins vivante qu’une langue morte, car elle se réduit à un code qui fait l’objet d’un apprentissage technique et non d’une transmission culturelle.
Réforme / Septembre 2016 / Rapport 2016-62 La mise en place des écoles supérieures du professorat et de l'éducation au cours de l'année 2015-2016 (IGEN, IGAENR)
Cette année encore, la mission a pu constater que les difficultés logistiques compromettent la mise en place du tronc commun de formation : emplois du temps qui rendent impossible le suivi d'une formation, enseignements qui ne sont pas assurés faute de formateurs capables de les dispenser, groupes de travail figés qui interdisent les changements et le croisement des regards, enseignements reproduits à l'identique entre la première et la deuxième années de master, modalités d'évaluation qui peinent à convaincre les étudiants..
Analyse / 31/08/2016 Le gouvernement souhaite-t-il vraiment la mixité sociale ? Thomas Piketty
Rappelons tout d’abord que le ministère de l’éducation avait annoncé en 2015 la mise en place de nouveaux dispositifs visant à réduire la ségrégation en vigueur dans les collèges. On avait même évoqué l’idée d’une ambitieuse expérimentation à Paris, avec des annonces précises à la rentrée 2016 et une mise en place à la rentrée 2017, suivie d’une possible généralisation dans le reste du pays. Malheureusement tout reste très flou à ce stade, et le ministère comme la Ville de Paris ne semblent guère pressés de passer de la rhétorique à la réalité. C’est d’autant plus regrettable que le niveau de ségrégation sociale observée dans les collèges atteint des sommets inacceptables, notamment à Paris.
Analyse / La Vie moderne, 18/12/2016 De l'esprit critique dans l'Éducation nationale Véronique Marchais
Sait-on à quel point réfléchir devient, pour les professeurs, une gageure ? Tout est mis en oeuvre, à chaque niveau de l’institution, pour rendre tout esprit critique, et donc toute véritable pensée, à peu près impossible. Qu’apprennent les professeurs lors de leur formation initiale, dans les ÉSPÉ ?[...] Ils sont formatés à une seule et même approche, dont les principes varient à peine selon les disciplines, et se sont au fil des années imposés comme des modèles irréfragables : travail en séquences, socio-constructivisme (l’élève doit construire lui-même ses connaissances par l’expérience et les manipulations, le professeur devant éviter la transmission directe), culte de la technologie pour elle-même, souci de varier les activités pour complaire à un public habitué au zapping...
Analyse / Reporterre, 23/01/2017 Le numérique à l'école, inutile en pédagogie mais bon pour Microsoft. Anthony Laurent
Le Plan numérique à l’école, lancé en 2015, promet de « développer les compétences » des élèves dans une société « irriguée par le numérique ». Mais aucune étude ne valide les vertus pédagogiques de cet outil. Microsoft, en revanche, qui a passé un accord fructueux avec le gouvernement français, se frotte les mains.
Analyse / UFAL, 27/01/2017 Teach for finance Vincent Ramecourt
« Teach for France » est une association de loi 1901, membre du réseau « Teach for all », dont le but affiché est de favoriser un soutien à l’enseignement public par entreprenariat local. Bien que l’ambition paraisse pétrie des meilleures intentions, des voix, pourtant, s’élèvent. […]
Pour postuler à TFF, le candidat ne doit jamais avoir exercé en tant qu’enseignant. Il dépose un CV en ligne, passe des tests et fait un mois de stage, pardon, « brainstorming », durant l’été. Il est ensuite affecté pendant deux ans sur un poste REP en tant que contractuel.
Presse / Télérama du 29/11/2016 Le choc de simplification des bulletins trimestriels Lucie Martin
Déjà, en amont, pour évaluer, c’est n’importe quoi. Comme personne ne veut trancher, ni le ministère en haut, ni la direction de l’établissement en bas, nous pratiquons dans mon établissement l’évaluation par note (sur vingt, le truc que tout le monde connaît) ET par compétences (les ronds rouges, oranges, jaunes, et fifty shades of green…). Enfin non, certains enseignants tiennent aux notes et refusent d’évaluer par compétences. D’autres, eux, sont passés entièrement aux compétences, et se voient obligés de mettre quand même une note en fin de trimestre
Presse / Libération du 02/01/2017 Culture Cécile Alduy
Depuis quelques années déjà, le mot «culture» dépérit dans le débat politique. Non qu’il ait été entièrement abandonné, à l’instar de son voisin d’hier, «humanisme». Le mal est plus retors : le mot «culture», à force de n’être utilisé que dans son sens civilisationnel ou ethnographique («culture française»), a été vidé de son sens premier, artistique et intellectuel (les arts et les lettres), pour se pétrifier dans la bouche des politiques en obsession identitaire.
Presse / L'Humanité du 02/02/2017 A propos du prédicat et de l'école élémentaire. Le français perd sa grammaire. Antoine Desjardins
Le prédicat est à la fois une complication et un appauvrissement. Quand Michel Lussault ose tweeter « le prédicat va apprendre aux élèves à rédiger », on se dit qu’il se moque du monde. Son prédicat guérit-il aussi des écrouelles, permetil les retours d’affection ? On est dans la pensée magique. On ne voit pas en quoi repousser l’analyse de la phrase en cinquième et sans doute même à terme se passer tout à fait de la grammaire permettrait de mieux maîtriser l’écrit…
Presse / Télérama du 08/02/2017 Tzvetan Todorov, mort d'un penseur humaniste Gilles Heuré
Les livres de son enfance, notamment ceux de Mark Twain et de Victor Hugo, le persuadèrent, quand il entra à l’université de Sofia en 1956, que les étudier deviendrait sa « profession ». Dans La Littérature en péril, recensant les méthodes aujourd'hui en vigueur – histoire littéraire, analyse structurale –, il confiait redouter qu’elles ne parviennent pas à saisir la véritable fin de la littérature, « celle du sens qui permet au lecteur de mieux comprendre l’homme et le monde, pour y découvrir une beauté qui enrichisse son existence ; ce faisant, il se comprend mieux lui-même ».
Analyse / 23/02/2017 Todorov : une certaine idée de la littérature (Didier Guilliomet)
"Quand Todorov est venu à l’E.N.S. de la rue d'Ulm à une journée organisée par le collectif Sauver les lettres (en 2007), il a précisé qu'il n'était pas d'accord sur tout ce que le collectif avançait et qu'il n'en faisait pas partie. Mais s'il est venu, c'est parce qu'il défendait une certaine idée de la littérature qui est aussi la nôtre. Hommage lui soit rendu !"
Presse / Le Monde du 07/02/2017 Education prioritaire et classe bilangues : les approximations de Najat Vallaud-Belkacem Laura Motet
Le directeur du collège privé Saint-Stanislas de Plouër-sur-Rance a annoncé sur le site de l’établissement qu’une section bilangue ouvrira bien à la rentrée 2017. Le 1er février, le secrétaire général du service départemental de l’éducation nationale des Côtes-d’Armor a signé l’attribution des heures d’enseignement correspondant à l’ouverture d’une classe bilangue allemand dans son établissement.Après vérification, le collège public du Val de Rance de Plouër-sur-Rance (Côtes-d’Armor) a bien vu sa classe bilangue supprimée à la rentrée 2016.


24-12-16

L'Intempestif / Temps d'école, 17/10/2016 Au tableau (Rachel Boutonnet)
Les élèves aiment beaucoup venir écrire au tableau. Il ne faut pas créer d’injustice. Alors je coche scrupuleusement, sur une liste de la classe, tous les élèves qui passent chaque jour, et personne ne viendra une deuxième fois avant que chacun soit passé une fois. Ils surveillent… Et il faut voir leur mine scandalisée quand je fais l’erreur de faire repasser l’un d’entre eux qui est pourtant passé hier et que j’aurais oublié de cocher. Cette année, pour cette première période, les élèves passent tous les jours pour l’orthographe d’accord. Ce –s à la fin des noms au pluriel, et ce –ent à la fin des verbes, il est tellement difficile à obtenir, en dictée ou en rédaction, qu’il vaut mieux le pratiquer tous les jours.
L'Intempestif / Temps d'école, 09/11/2016 Fruits de la terre (Rachel Boutonnet)
La semaine dernière, j’ai fait une leçon sur la Terre qui tourne autour du Soleil. Je voulais que les élèves comprennent à quoi étaient dues les saisons. On rappelle d’abord ce qu’on sait – ou pas – : les saisons, leurs noms, leurs différences, les fleurs au printemps, les fruits en été, les feuilles qui jaunissent et qui tombent en automne, et en hiver, les oiseaux migrateurs, les animaux qui prennent un poils épais, ceux qui hibernent, les arbres « tout nus »…
L'Intempestif / Temps d'école, 20/12/2016 Réapprendre à lire, quand deux sociologues passent à l'action (Florence Costa)
Sandrine Garcia et Anne-Claudine Oller sont sociologues de l’éducation et elles se sont penchées sur le problème de l’apprentissage de la lecture grâce à une expérimentation audacieuse. Elles ont comparé les résultats obtenus en lecture an cours préparatoire, dans des plusieurs écoles différant par le niveau socio-professionnel des parents, après avoir utilisé une « pédagogie rationnelle de lecture » qu’elles ont mise au point.
Actions / Novembre 2015 / Réapprendre à lire ; un jeu d'enfant
Conférence de Sandrine Garcia et Claudine Oller, auteurs de Réapprendre à lire, de la querelle des méthodes à l'action pédagogique (Seuil 2015), aux Journées littéraires de Pau. A partir d’une enquête de terrain menée durant trois ans dans plusieurs écoles primaires, ces spécialistes en sciences de l’éducation proposent une manière plus égalitaire d’apprendre à lire, centrée notamment sur l’entraînement et la répétition en partie délaissés.
Actions / 30/11/2016 / Conditions de correction des épreuves de français au baccalauréat (SNES-FSU)
Sur l’initiative du SNES, le CHSCT Ministériel a voté un avis à l’unanimité concernant les conditions de travail des enseignants de Lettres, correcteurs et examinateurs des épreuves anticipées de français (EAF). "Constatant que les conditions de travail des enseignants convoqués aux épreuves anticipées de français se sont dégradées, les représentants au CHSCTM demandent que des consignes soient envoyées par la Ministre aux recteurs [...] »
Analyses / Octobre 2016 / La réforme du collège n'est pas « de gauche » (Loys Bonod, La Vie moderne)
La droite n’est pas si opposée à la réforme du collège qu’on a pu le croire. Son opposition s'est surtout focalisée sur des marqueurs idéologiques comme les programmes d’histoire, jugés ne pas tenir assez compte de la chronologie ou du « roman national ». Ou encore - pour de mauvaises raisons - la défense des sections bilangues ou des options de langues anciennes. Mais les grands principes de collège 2016 (vers une forme de libéralisation de l'école) ne lui déplaisent pas… loin s'en faut ! De fait, celle-ci correspond bien aux préconisations d’un « audit de modernisation » (et surtout d’économies budgétaires) commandé par la droite en 2006.
Analyses / 11/10/2016 / Le débat sur l’école : le camp progressiste doit se battre sur deux fronts (Alain Beitone, Raphaël Pradeau, Revue Les Possibles n°11, Attac)
Ainsi, Les Cahiers Pédagogiques, figure emblématique de l’éducation nouvelle, dont les militant(e)s sont progressistes et attachés à la démocratisation scolaire, saluent des propositions qui s’inscrivent explicitement dans la logique de la mise en oeuvre au sein de l’école d’une approche très clairement inspirée du libéralisme économique. Loin d’être anecdotique, cette note de lecture est révélatrice. Tout un discours porté par les mouvements pédagogiques, par un certain nombre d’intellectuels de gauche, de militants syndicalistes, de responsables du système éducatif, converge avec le discours libéral sur le plan économique. (Télécharger le fichier pdf : Les possibles)
Analyses / Novembre 2016 / Mais qui sont les déclinistes ? (Loys Bonod, La Vie moderne)
« Les pédagogues ne sont pas des "assassins". » Telle est intitulée la tribune signée par plusieurs personnalités du monde éducatif, de Philippe Meirieu à Florence Robine en passant par François Dubet. Les sept auteurs de la tribune se désignent d’abord comme « les pédagogues ». Comme s’ils représentaient à eux seuls tous les pédagogues, ou comme s’il n’existait qu’une et une seule pédagogie et non des choix pédagogiques. […] Une telle confiscation est d’autant plus saisissante que « les pédagogues » de cette tribune sont des pédagogues… sans élèves. Ils ont tous ou presque exercé (ou exercent encore) des responsabilités institutionnelles. Ils ont d’ailleurs inspiré, soutenu, mis en place les dernières réformes décidées contre la grande majorité… des pédagogues qui ont réellement des élèves.
Analyses / 30/11/2016 / La concurrence des écoles agit contre l'intérêt général (Blog de Paul Devin)
La question reste en fait toujours la même. Considérons-nous l’intérêt général comme soluble dans la satisfaction de quelques intérêts particuliers ou affirmons-nous que sa finalité égalitaire doit contraindre à renoncer à des libertés qui ne visent que la satisfaction des classes les plus favorisées ? La démocratisation de l’accès aux savoirs nécessite une politique déterminée capable de renoncer à des demandes particulières quand l’intérêt général l’exige. A défaut de quoi l’écart entre le discours sur la démocratisation et son effectivité continuera à se creuser.
Presse / Libération du 17/10/2016 : Cher François Dubet (Laurent Joffrin)
C’est être progressiste que d’interroger des changements qui n’aboutissent pas. […] De toute évidence, le débat sur la lecture ne met pas seulement aux prises la droite réactionnaire et la gauche progressiste. Elle divise aussi ceux qui cherchent à réduire les inégalités scolaires et à promouvoir une école pour tous. Autrement dit, la gauche. Et ce n’est pas forcément rejoindre la réaction que de s’interroger sur le bien-fondé de réformes qui, de toute évidence, peinent gravement à améliorer les choses.
Presse / Le Monde du 09/11/2016 : Une réponse à Najat Vallaud-Belkacem : « Le devoir d’un ministre de l’éducation est de défendre les professeurs »
(Cécile Ladjali) la fin de la diffusion, la ministre de l’éducation est interrogée par la journaliste qui lui demande de réagir à ce qu’elle vient de voir. [...] Mais rien ne se passe. [...] Pas un commentaire concernant le caractère spécieux du reportage qui ne montre pas la réalité du terrain, à savoir celle de 850 000 titulaires, excellemment formés, conscients que l’Ecole de la République et la transmission des valeurs humanistes demeurent le nerf d’une guerre que l’on dit déclarée. C’est évidemment à cela que l’on pense quand une équipe de télévision choisit la place de la République comme décor à son émission. On espère alors que des liens vont être établis… Mais non, rien. Cette mise en scène médiatique sert au contraire de promontoire à la ministre, qui dévide son laïus habituel.
Presse / Vousnousils du 12/12/2016 : Réforme du collège : difficile de faire du latin en une heure. (Fabien Soyez)
A la base, le but de Najat Vallaud-Belkacem était « d’ouvrir le latin au plus grand nombre » , mais c’est le contraire qui se produit. Avant, les heures de latin étaient intégrées dans la dotation horaire globale… mais avec la réforme, elles ont disparu des grilles, et les moyens pour assurer son enseignement sont beaucoup plus restreints.

09-10-16

L'Intempestif / Temps d'école, 06/09/2016 Cette année ils ont l'air tout petits mes CE2. (Rachel Boutonnet)
On dirait que ça va me changer de l’année dernière, qui était quand même une année très particulière [...] Au bout du compte, cette année a compté de belles histoires. Un des plus agités m’a écrit un jour, sur une de ses copies : « Merci, maîtresse, de nous faire travailler. » Un autre hochait la tête en approuvant des paupières fermées, pour dire « d’accord, j’ai compris », quand je lui demandais de se calmer en classe, il était content de se sentir compris et aidé dans ses difficultés, il m’a offert un joli collier le dernier jour, et il a couru vers moi pour me raconter tout sourire ses vacances le premier jour de la rentrée… Ceux qui étaient tellement fragiles en lecture en arrivant ont bien progressé…
L'Intempestif / Désintox / 16/09/2016 Les faux-amis de l'école (Mireille Kentzinger)
Il faut insister sur le fait que toute oeuvre culturelle, y compris française, est le résultat de croisement avec d’autres cultures. Écoutons ce que dit François Rastier à ce sujet : « Dire que les littératures sont des produits nationaux et doivent être interprétées dans un cadre national, c’est complètement aberrant, parce qu’on sait très bien, par exemple dans le cas de l’Europe, que les écrivains ont fait l’Europe bien avant et bien mieux : Goethe répond à Richardson qui répond à Rousseau, etc. Tout corpus d’élaboration des oeuvres est un corpus multilingue. C’est une donnée générale de la culture ; se cultiver c’est dépasser sa culture d’origine. ».
L'Intempestif / Temps d'école, 19/09/2016 Poésie (Rachel Boutonnet)
Une élève, dans un CE2, il y a quelques années, est arrivée en cours d’année du Portugal, sans un mot de français. Elle apprenait et progressait tous les jours, mais je n’insistais pas pour la faire parler, attendant qu’elle prenne ses marques. Les élèves apprenaient « Le Loup et l’Agneau ». Ce jour là, ils passaient un par un, comme d’habitude. Elle a levé la main. Je n’avais presque jamais entendu sa voix. « Tu veux réciter ? » Elle a hoché la tête en souriant. Elle s’est levée calmement, s’est posée sur ses deux pieds, sur l’estrade, a laissé un temps de silence. Et elle a commencé , toute droite, immobile, les bras le long du corps, les yeux levés sur un point fixe, avec un léger sourire.
Actions / Compte rendu de l’audience du 7 juillet 2016 au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, des associations de langues anciennes APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL.
L’organisation de l’EPI varie beaucoup d’un établissement à l’autre (trimestre, semestre...). 1 établissement sur 10 propose un EPI latin + grec. L’EPI serait assuré par un collègue de Lettres Classique dans plus de la moitié des établissements, mais 20% des établissements proposeraient des EPI sans professeur de Lettres Classiques, ce qui est inacceptable pour l’enseignement des langues anciennes. Quelques établissements ne respectent pas les horaires de l’Enseignement de Complément (1h-2h-2h). Le Cabinet nous a pourtant dit que ces horaires n’étaient pas négociables, en juillet 2015. Les établissements qui avaient plusieurs groupes sont très souvent limités pour l’ouverture en 5e : un seul groupe (ou alors des propositions de deux groupes mais un par semestre !). Le grec disparaît (ou son horaire est diminué) dans plus de la moitié des établissements.
Analyses / Février 2016 Les leurres de la classe inversée (Blog de Paul Devin)
Au dire de certains, la classe inversée constituerait une révolution pédagogique. Elle ferait renaître la motivation d’élèves s’ennuyant dans la classe « traditionnelle », permettrait une différenciation favorable à une meilleure réussite des élèves en difficulté, tout en offrant à tous d’être « acteurs de leurs apprentissages et producteurs de leur savoirs ». Mais est-on sûr que cela est vrai pour tout contenu disciplinaire ? Est-on sûr que pour apprendre aux élèves de cycle II à distinguer le présent, du futur et du passé, le visionnement d’une vidéo qui devra recourir à des analogies figurables est réellement adapté et facilitateur ? Pour la plupart des élèves, les problèmes d’accord du verbe avec son sujet ne proviennent pas d’une ignorance de la règle mais de la difficulté à maîtriser les catégories grammaticales. Le wagon sujet s’accrochant à la locomotive verbe ou le petit personnage bleu bondissant sur un ressort pour aller s’accrocher au verbe ne pourront pas grand-chose pour lui ! L’observation partagée et débattue de la langue écrite au sein de la classe, à partir d’énoncés judicieusement choisis par l’enseignant, me parait très clairement une stratégie plus pertinente. Le numérique reste contraint par les limites de tous les outils : il ne peut prétendre à un apport qualitatif systématique. Parfois, il n’améliore rien, parfois il n’est qu’une illusion de progrès.
Analyses / Juin 2016 Faut-il supprimer le baccalauréat ? CNESCO(Conseil national d'évaluation du système scolaire)
Alors que le baccalauréat fait l’objet chaque année de débats sur sa suppression, ce modèle d’évaluation nationale externe aux établissements scolaires s’est fortement développé depuis 20 ans dans les pays de l’OCDE, sous la pression des demandes des parents, des universités et des entreprises. Les recherches sur les effets des examens nationaux, conduites depuis 15 ans dans les pays de l’OCDE, montrent que leur présence permet à la fois une élévation générale du niveau scolaire des élèves et une réduction des inégalités à l’école. Cependant, pour atteindre ces effets vertueux, ces épreuves doivent remplir un ensemble de conditions pédagogiques : porter sur un champ de contenus d’enseignement large, proposer des épreuves permettant d’évaluer des compétences complexes, … À l’inverse, dans le cas d’examens nationaux trop pointus utilisant des modalités d’évaluation trop simples (QCM, par exemple), des effets négatifs peuvent apparaître.
Un éclairage rétrospectif : A quoi sert le baccalauréat ? Audition au Sénat (02/2008)
Analyses / Septembre 2016 Comment l'école amplifie-t-elle les inégalités sociales et migratoires ? CNESCO (Conseil national d'évaluation du système scolaire)
Une analyse synthétique des réformes conduites depuis trente ans montre qu’elles présentent de nombreux points communs : une faible autorité scientifique des mesures proposées - les résultats des recherches participent peu à l’élaboration des politiques, ce qui favorise leur contestation par les acteurs de terrain peu convaincus ; peu d’expérimentations des réformes fondées sur des protocoles scientifiques solides et conduites à des dimensions territoriales significatives avant de les étendre à l’échelle nationale ; quasiment aucune évaluation scientifique des effets des dispositifs mis en place ; des formations continues des enseignants centrées étroitement sur des dispositifs précis (quand elles existent, selon la Cour des comptes) plutôt qu’une formation large à des compétences en pédagogie et en didactique; un cumul des dispositifs et des mesures qui conduit dans le temps à une action publique illisible pour les acteurs de terrain, les parents et les élèves eux-mêmes.
Analyses / Septembre 2016 Mais qui sont les assassins de l'école ? (Carole Barjon)
20 % des jeunes Français savent à peine lire.
Comment a-t-on pu en arriver là, dans une démocratie comme la France, longtemps enviée pour la qualité de son système éducatif ? Qui sont les véritables responsables de ce désastre ? De ce qu'on pourrait presque qualifier de « crime contre la société », au vu de la gravité du mal et de ses conséquences, constatées par tous les gouvernements, gauche et droite confondues, depuis maintenant plus de vingt ans, dans un bel aveu d'impuissance collective ? Pour m'expliquer l'origine de cette faillite, j'ai voulu connaître les auteurs, ou plutôt les fauteurs, des politiques éducatives qui y ont conduit. Les identifier, afin de comprendre ce qu'ils avaient en tête au moment ou ils ont conçu et/ou appliqué ces nouveaux contenus, ces nouvelles pratiques, ces nouvelles méthodes, ces nouvelles règles. À l'heure de la transparence et de la traçabilité dans tous les domaines, j'ai voulu savoir comment des gens en principe sains d'esprit ont pu engendrer de telles aberrations, ce que ces réformateurs mal inspirés pensent du résultat de leurs initiatives et s'ils en éprouvent aujourd'hui des regrets, voire des remords.Paradoxe terrible : ceux qui voulaient rendre l'école moins inégalitaire en sont arrivés à la rendre plus injuste. C. B.
Analyses / Septembre 2016 Les vérités de Céline Alvarez (Blog de Paul Devin)
Se rend-elle compte, qu’en réalité, ce qu’elle considère comme une intangible certitude, est lié à un contexte particulier et que ses idées sont en réalité le produit d’une société qui en permet l'émergence pour un ensemble de raisons qui n’ont pas toujours une relation directe avec les enjeux qu’elle croit défendre? Céline Alvarez, que certains journalistes qualifient de pédagogue révolutionnaire, produit en définitive de l’idéologie, au sens marxiste du terme, c’est-à-dire qu’elle transforme des réalités contingentes, sociales et économiques, en caractéristiques universelles et naturelles de l’être humain. Et cela n'est pas sans lien avec une société qui préfère ignorer l'influence de ces réalités économiques et sociales pour se réfugier dans l'idéologie d'une égalité naturelle que la bienveillance suffirait à faire naître.
Presse / Vousnousils du 17/06/2016 L'apprentissage de l'allemand est fortement ébranlé par la réforme du collège
[Cette discipline] est fortement ébranlée par la réforme du collège. Une enquête, réalisée auprès d’enseignants d’allemand de collège, montre que cette réforme fait reculer notre discipline. Le nombre d’heures attribuées à l’allemand dans les dotations horaires des collèges à la rentrée 2016 est en forte baisse. [...] D’autant que toutes les sections européennes de collège sont supprimées. […] La réforme entre en vigueur de façon très inégale selon les académies. Tandis que les classes bi-langues seront massivement supprimées dans les académies de Caen, Rouen, Rennes, Poitiers, Lyon, Lille, et Reims, la quasi-totalité est maintenue à Paris.
Presse / Vousnousils du 01/07/2016 Les élèves sont très attirés par le grec – même plus que par le latin.
Dans le secondaire, la mise en application de la réforme du collège est extrêmement dangereuse pour le grec. D’après les informations dont nous disposons, 28% des sections de grec risquent de fermer en collège. C’est scandaleux ! […] Le grec permet d’accéder à de nombreux textes qui sont souvent très motivants pour les élèves, comme les textes mythologiques par exemple. Quand j’enseignais dans le secondaire, j’ai constaté que les élèves étaient très attirés par le grec -même plus que par le latin. C’est une langue qui les intrigue et qui peut leur apporter une vaste culture générale. Cette dernière servira d’ailleurs pour l’étude des textes de la littérature française.
Presse /Le Monde du 03/07/2016 Les Français sont atteints de la rage de ne pas parler leur langue. (Michel Ocelot, réalisateur, auteur des films d’animation Kirikou, Les Contes de la nuit (2011), Azur et Asmar (2007)
Je fais des films. J’ai l’honneur d’être distribué au Japon par un studio prestigieux d’auteurs que j’admire. Ils ont dernièrement soumis l’affiche japonaise d’un de mes ouvrages au distributeur français et au réalisateur, avec leur courtoisie habituelle. C’était l’affiche française telle quelle, avec quelques lignes ajoutées en japonais. Le distributeur français, un des plus importants, un ténor du cinéma français, avec expérience et connaissances, mais français, a immédiatement envoyé ses instructions : enlever tout le français et le remplacer par de l’anglais. Nos interlocuteurs ont alors demandé la permission de conserver le français, pour vendre mieux.
Presse /Café Pédagogique du 13/07/2016 Simplifier le bac, une bonne idée ? (François Jarraud)
"Le bac reste un rite initiatique très important en France" déclare la ministre de l'éducation nationale dans Les Échos le 12 juillet. […] Cette vision est fausse. Si le bac n'est plus qu'une formalité pour, en gros, les candidats au bac général, où 9 élèves sur 10 sont reçus, ce n'est pas le cas de tous les Français. Plus d'un jeune sur cinq n'a toujours pas le bac. Et cette absence de diplôme a de lourdes conséquences sur son devenir, en lui fermant l'accès à l'enseignement supérieur et en lui ouvrant en grand la porte de Pôle Emploi. Autrement dit cette idée d'un bac rituel vient tout droit des beaux quartiers.
Presse /Le Monde du 29/08/2016 Rentrée scolaire : la mise en oeuvre de la réforme du collège s'avère difficile. (Aurélie Collas)
[…] Quel que soit le stade de mise en oeuvre, la réforme continue malgré tout à susciter beaucoup d’inquiétudes. D’abord, parce que tout n’a pas pu être anticipé. « On a essayé de se préparer au mieux, mais dans mon collège d’éducation prioritaire, on a un tiers de nouveaux professeurs qui arrivent à la rentrée et qu’il va falloir intégrer à nos projets. Que ce soit pour l’AP ou les EPI, il reste beaucoup d’inconnues », rapporte « Monsieur Samovar », un enseignant blogueur de lettres classiques qui exerce dans l’académie de Versailles.
Presse /Le Monde du 29/08/2016 Rentrée scolaire : la polémique autour du latin et du grec couve toujours (Mattea Battaglia)
« Sur le terrain, les établissements ont essayé de maintenir l’existant », concède François Martin, président de la fédération Cnarela, qui regroupe 28 associations de défense du latin et du grec sur tout le territoire. […] Mais la communauté de vues s’arrête là. « Derrière un même sigle – EPI –, on se confronte d’un collège à l’autre à une grande diversité de formes, d’horaires, de contenus, fait valoir François Martin, dont la fédération a sondé 450 collèges de 25 académies. Les collégiens les plus chanceux bénéficieront de trente-six heures d’enseignement dès la 5e, quand d’autres devront se contenter de dix heures sur toute leur scolarité au collège… Peut-on, dans ces conditions, parler d’équité ou de démocratisation ? », interroge cet enseignant de l’académie de Créteil.
Presse /Le Monde du 31/07/2016 Fin des redoublements… le niveau monte ? (Tribune)
Cette rentrée 2016 accueille une nouvelle génération d’élèves : celle qui, suite au décret du 20 novembre 2014, ne comporte quasiment plus aucun « redoublant(e) », de la primaire à la terminale. Désormais, les enseignants ne peuvent plus demander le redoublement d’un élève, même s’il a 5 de moyenne générale et/ou qu’il est absentéiste notoire. Seuls les parents peuvent décider son « maintien ». Le passage des élèves dans la classe supérieure était déjà devenu quasiment systématique. On vient de supprimer les derniers redoublements et réorientations possibles en fin de troisième et de seconde… Les élèves seraient donc de plus en plus compétents ? Là n’est pas la question… Ce qui compte, c’est la « gestion des flux ». Car telle est, malheureusement, l’expression qu’on emploie en langage de ministère, depuis 25 ans, pour parler du passage ou du redoublement des élèves.
Presse /Marianne du 01/09/2016 Ne détournons pas l'école de ses deux missions : l'excellence et la citoyenneté (Jacques Julliard)
Quant à l'égalité... Je sais bien que je brise ici un tabou. Mais enfin il ne faut pas confondre, dans une institution, son objectif principal et ses produits dérivés. En démocratie, toute institution doit fonctionner avec le plus d'égalité possible, c'est une affaire entendue. Mais le but des impôts n'est pas principalement de réduire les inégalités entre les citoyens, c'est de procurer à l’État l'argent dont il a besoin. Le but de l'armée, comme hier du service militaire, n'est pas d'opérer un brassage social, c'est de défendre le pays contre ses agresseurs. Le but de la Sécurité sociale n'est pas de réaliser l'égalité des citoyens en termes d'espérance de vie, il est de soigner les malades. Le but de l'Académie française n'est pas de procurer une vieillesse heureuse à tous les écrivains, c'est de défendre la langue française. Eh bien, le but de l'éducation est d'abord d'éduquer ; le but de l'enseignement est d'abord d'enseigner. Le but du prof est d'abord de professer. Et non, comme le lui demande aujourd'hui la race servile des inspecteurs généraux, de distraire les élèves pendant que les parents sont au travail.
Presse /Libération du 16/09/2016 La Suède en business classes (Anne-Françoise Hivert)
Au lycée Drottning Blanka à Malmö, les 280 élèves des programmes esthétique, stylisme, soins et sciences sociales ont fait leur rentrée le 22 août. Tout s’est passé comme d’habitude, assure la directrice, Annika Silverup, qui n’a remarqué aucun changement depuis le 15 juin et l’entrée en Bourse du groupe scolaire AcadeMedia, auquel appartient le lycée. [...] Le Premier ministre social-démocrate, Stefan Löfven, s’est ému, pour sa part, que «60 000 élèves [soient] mis en vente sur le marché boursier». Au coeur du débat, particulièrement vif : un système unique au monde, bien loin de l’idée qu’on se fait du «modèle social suédois», qui permet non seulement aux sociétés privées de gérer des écoles financées par le contribuable, mais d’en dégager des bénéfices, afin d’accroître leurs profits ou de financer leur développement à l’étranger. Mais si les notes des jeunes Suédois progressent régulièrement, au point que certains dénoncent une inflation déconnectée de la réalité, le niveau des élèves s’est effondré. […]
Presse /L'Obs du 20/09/2016 Les assassins de l'école habitent la rue de Grenelle. (Paul Quinio)
La journaliste de "l'Obs" arrache à ses interlocuteurs de quasi mea culpa, ou à défaut des concessions sur "les erreurs" commises. Au printemps 2016, Philippe Meirieu lui confie ainsi :"A l'époque, tout le monde [sic] disait, à la suite de Bourdieu, des trucs du genre 'il faut partir de ce qui intéresse les masses', ou bien 'il faut apprendre sur des écrits fonctionnels' (affiches, panneaux, modes d'emploi). Moi-même, j'ai dit qu'apprendre sur des notices n'était pas pire qu'apprendre dans des manuels débiles. C'était dans l'air du temps, c'était Bourdieu avec la culture perçue comme une violence symbolique. On a eu tort." François Dubet ? "L'école française accentue l'effet des inégalités sociales sur les inégalités scolaires. (...) C'est une énigme...", confie-t-il au sortir d'un rendez-vous avec l'auteure.
Presse /Le Canard Enchaîné du 21/09/2016 L'école et sa filière pro... de chagrin.
Les lycées professionnels perdent des milliers de profs. Et les budgets s'effritent. Trois mille trois cent quarante postes de moins ! C'est – calculé en « équivalent temps plein » - le déficit de profs dans l'enseignement professionnel accumulé depuis 2012. Cette baisse spectaculaire, confirmée au Canard par le ministère, est particulièrement voyante, alors qu'un tout récent rapport de l'OCDE vient de rappeler que l'école française est l'une des plus inégalitaires des pays riches.
Presse /Le Monde du 26/09/2016 Nous devons nous inquiéter du mépris que l'on porte à un travail manuel exigeant et noble (Alain Bentolila)
Les collégiens les plus fragiles sont ceux qui, privés des outils intellectuels essentiels et ayant perdu le goût d’apprendre, se voient souvent « honteusement » proposer une orientation professionnelle par défaut ; comme si les activités manuelles étaient le juste aboutissement ou la juste sanction de l’échec scolaire. Disons-le fortement, il s’agit là d’une insulte aux savoirs fondamentaux comme à la noblesse du geste. Le geste comme la parole assurent aujourd’hui une prise de moins en moins ferme sur le monde. Et nous devons nous inquiéter du mépris que l’on porte à un travail manuel exigeant et noble comme de l’indifférence que l’on témoigne à une langue juste et précise. Je déteste ce goût, complaisamment partagé, pour l’imprécision et la banalité de l’un et de l’autre au détriment de la rigueur et de l’originalité qu’on leur doit.
Presse /Le Monde du 27/09/2016 Comment le système éducatif français aggrave les inégalités sociales (Mattea Battaglia et Aurélie Collas)
Des inégalités sociales à l’école, produites par l’école elle-même… C’est la démonstration que fait le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), en rendant publiques, mardi 27 septembre, les conclusions d’une vingtaine de rapports. Tout un spectre de la recherche – des sociologues aux économistes, des didacticiens aux psychologues, français et étrangers – a été mobilisé deux années durant, pour interroger ce mythe de l’égalité des chances dans notre système éducatif. Et rendre plus transparente la fabrique de l’injustice scolaire. […} Là où un tabou tombe, c’est sur la qualité et le temps d’enseignement dispensés. Ainsi, au collège, les enseignants de ZEP estiment consacrer 21 % du temps de classe à « l’instauration et au maintien d’un climat favorable », contre 16 % hors de l’éducation prioritaire et 12 % dans le privé. C’est autant de temps en moins consacré à l’enseignement. Les 4 heures de français par semaine programmées en 3e deviendraient 2 h 30 en ZEP, 2 h 45 hors ZEP et 3 heures dans le privé. Problèmes de discipline mais aussi exclusions, absences d’élèves et d’enseignants pèsent sur les emplois du temps.

20-06-16

Réforme / Juin 2015 Rapport sur l'efficacité de la réforme des rythmes scolaires (IGEN)
Des premiers constats en demi-teinte. […] La réflexion pédagogique a été plutôt absente du coeur des débats. Au lieu de porter sur le temps de l’enfant, appréhendé dans sa globalité, la réforme a paru reposer pour l’essentiel sur une nouvelle organisation du temps périscolaire.
Réforme / Mai 2016 Présentation de l'entrée « Se chercher, se construire (Eduscol)
Dans la rubrique « N'oublions pas d'en rire »... Après « l'équilibre horizontal en milieu aquatique profond standardisé » de l'éducation physique et sportive, , voici « le déplacement qui s'opère entre le sujet percevant et l'objet perçu » (sic!). Quand les disciples de Diafoirus rédigent les programmes de français...voici ce qu'on peut lire dans les très officiels documents d'accompagnement des nouveaux programmes du cycle 4 (5e, 4e, 3e) :
« L'expression « Se chercher, se construire » propose un couple dynamique, témoin d'une tension ontologique propre à chaque individu et sans doute exacerbée à l'adolescence, âge où les possibles s'esquissent tandis que les premiers choix font naître la crainte d'un avenir dilué dans les sables ou à l'inverse pétrifié. Les deux verbes à l'infinitif placés en miroir au sein du libellé de l'entrée induisent un geste différent voire antithétique sur le monde, qui se double, en raison de la forme pronominale, d'une perspective d'examen de soi, de retour sur son être propre, d'action même portée sur sa personne. La dynamique de l'entrée réside aussi dans cette logique évolutive de la perception de soi ; la forme pronominale réfléchie des deux verbes signale à cet égard le déplacement qui s'opère entre le sujet percevant et l'objet perçu [...] »
Analyses / Les frontières de la laïcité, de F. de La Morena (Mezetulle)
Nulle entente a priori, nulle société secrète, nulle armée de l’ombre n’orchestrent les multiples, répétées et graves entorses au principe de laïcité qui en attaquent les frontières. Non, c’est pire : l’agent dissolvant n’est autre que la pensée naturelle des politiques, à laquelle des décisions jurisprudentielles souscrivent à grand renfort d’acrobaties dont on est effaré de découvrir les détails et les détours.
Presse / France-Inter du 04/05/2016 Ce n'est pas une réforme du collège mais une réforme du collage (Le billet de Nicole Ferroni)
Ce n'est pas les cloisons qu'elle abat, mais les murs porteurs.
Presse / Le Monde du 19/05/2016 Réforme du collège : un an de préparation, et toujours beaucoup d’inquiétudes
Principal point de blocage : la perte d’heures de cours. Jusqu’alors, comme c’est souvent le cas en éducation prioritaire, le collège utilisait une partie de ses moyens supplémentaires pour renforcer l’enseignement en français et en mathématiques. Or, la réforme impose un « plafond » limitant la semaine des élèves à vingt-six heures. « Cela induit, d’une part, une perte sèche en apprentissage, et d’autre part, que les élèves seront dehors au lieu d’être pris en charge au collège », déplore Sophie Colson, professeure d’anglais. L’équipe, après avoir obtenu le maintien de l’option latin et de la classe bilangue – deux dispositifs « sur la sellette » –, tente aujourd’hui d’obtenir une dérogation pour dépasser le plafond.
Presse / Le Monde du 27/05/2016 Refuser les QCM à l'université (Alain Garrigou)
Ainsi l¹administration universitaire, convertie au management, abolit-t-elle lentement, doucement, imperceptiblement, à petits pas, l¹autonomie pédagogique des universitaires. Là, comme ailleurs, il est encore possible de résister. Et d¹abandonner les QCM aux sondages et aux jeux télévisés.
Presse / Vousnousils du 6/06/2016 Brevet des collèges 2017 : le sujet zéro de français est une invitation aux bavardages
Nous demandons que le français soit correctement enseigné avec une ambition réelle de transmettre une culture exigeante aux élèves et une maîtrise de la langue. Pour cela, il faut réhabiliter considérablement la grammaire car le programme de français a été allégé. Par exemple, nous sommes maintenant censés n’enseigner le passé simple qu’à la troisième personne. C’est consternant, cela va fermer l’accès à un grand nombre d’oeuvres. Nous réclamons aussi la rédaction d’autres exemples d’examens fondés sur des oeuvres littéraires pouvant mesurer un niveau réel de réflexion, d’analyse et de maîtrise de la langue française des élèves. Enfin, nous avons des revendications en termes d’horaires. Le collectif demande plus d’heures d’enseignement car à un moment nous ne parviendrons plus à enseigner correctement avec des horaires qui diminuent sans cesse !
Presse / Le Monde du 11/06/2016 Le tableau mitigé de la réforme des rythmes scolaires
Journées chargées et morcelées, siestes tronquées, et plus de mercredi pour souffler… Ces effets supposés de la réforme sont largement ressentis sur le terrain, notamment en maternelle, apprend-on à la lecture d’une étude menée, à Arras, par l’Observatoire des rythmes (Ortej). A l’échelle nationale, c’est le même constat que dresse l’Inspection générale, avec pour conséquence : moindre attention des enfants, énervement, augmentation des incidents, retards…

20-05-16

Actions Communiqué de presse du 20/05/16 : Nouveau brevet des collèges - Sujet zéro.
Entre les tenants du français comme discipline linguistique et littéraire garante de l'accès aux œuvres des écrivains et à une pensée autonome, et d’autres affirmant que seul importe ce qui relève d’une communication utile, c'est manifestement cette dernière conception, la plus pauvre, qui a été retenue par le ministère.

16-04-16

L'intempestif / Le millepattes, le nénufar et la maitresse (Joëlle Fanger)
Un millepattes se repose sur un nénufar de l’étang de Bourglareine. Il parait épuisé. Il faut dire que ce weekend il a tellement marché qu’il a mille ognons ! Un à chaque patte ! Un avantgout de l’enfer…
L'intempestif / Sorcelleries (Mireille Kentzinger)
L’Education Nationale saura-t-elle résister à un tel déferlement de décoctions retorses et d’élixirs trompeurs ? Surtout que ce laboratoire méphitique est, comme de juste, pavé de bonnes intentions.
L'intempestif / Quand Sarkozy prétend « sauver les lettres »... ou sauver la face ? (Philippe Le Quéré)
Nous n’avons pas à montrer la moindre complaisance pour ces grossières simagrées, d’autant que nous savons que sur le fond, en dépit des proclamations électoralistes, LA politique des partis qui se relaient au gouvernement est très largement cornaquée de Bruxelles. Nous sommes bien placés pour le savoir dans notre domaine sinistré de l’éducation, et ce n’est pas le racolage indécent d’un ancien président largement responsable du désastre actuel qui doit abuser les vrais défenseurs de l’École républicaine.
Réforme / Motion sur la politique éducative du gouvernement (APLettres)
En supprimant tous les dispositifs et tous les enseignements qui excèdent un socle commun sur lequel rien décidément ne doit reposer, le ministère fabrique une école de charité, une école pour pauvres, que les classes aisées et les classes moyennes vont fuir plus résolument encore.
Réforme / Incroyable mais vrai : Fais bouger ta littérature. Culture et création artistiques, EPI 4e (Eduscol)
Construction d’un « roman-photo » à partir d’une chorégraphie collective (en danse ou arts du cirque) inspirée de la réception que les élèves ont des textes lus et étudiés en classe de français, notamment ceux travaillés au sein de l’objet d’étude « dire l’amour ». Le geste chorégraphique est là, non seulement pour témoigner de leur compréhension des textes et des émotions qu’ils ont suscitées en eux, mais également pour les aider à construire leur interprétation.
Réforme / Lettre ouverte du syndicat des inspecteurs d'académie (décembre 2015)
Il est aujourd’hui de notre devoir de vous alerter, dans un contexte politique et sociétal particulièrement difficile, sur les tensions inédites observées dans les établissements scolaires. Nous courons le risque de voir cette réforme (et les dispositifs de formation qui l’accompagnent) être l’otage d’un mécontentement et d’un malaise du monde enseignant. Il est également de notre devoir de relayer auprès de vous le profond abattement, voire le désarroi, des professeurs de lettres classiques et d’allemand qui ont le sentiment d’avoir été injustement pointés comme responsables des inégalités grandissantes, sociale et culturelle, de notre système éducatif. C’est pourquoi nous vous demandons, Madame la ministre, de réinterroger la mise en œuvre de cette réforme.
Action / Pétition pour l'abrogation de la réforme du collège APLettres
L’Association des Professeurs de Lettres vient de mettre en ligne une pétition à texte minimal demandant purement et simplement la suppression de la réforme du collège, en espérant qu’une pétition de ce type rassemblera tous les citoyens hostiles à cette réforme, quelles que soient leurs raisons et pour que justement un vrai débat ait lieu après la suppression.
Action / Compte rendu du colloque Qualité de la Science française (Mireille Kentzinger)
I – Une alerte lancée aux politiques. De nombreux universitaires et en particulier ceux qui étaient présents à ce colloque, font le constat d’une baisse de niveau inédite chez leurs étudiants, tels qu’ils arrivent après le bac et tels qu’ils demeurent souvent dans la suite du cursus.
Analyse / Interdisciplinarité, idéologie et nouvelles pédagogies (Didier Guilliomet)
L'interdisciplinarité s’est transformée subrepticement dans le discours des pseudo-réformateurs en tout autre chose : elle est devenue ce qu’on pourrait nommer une espèce d’anti-disciplinarité, même si l’appellation première s’est conservée.
Analyse / Les enjeux cachés de l'interdisciplinarité au collège (Jean-Pierre Terrail, GRDS)
En portant exclusivement l’éclairage sur les vertus pédagogiques des dispositifs que nous avons examinés ici, leurs promoteurs enterrent donc la seule question qui mériterait de faire débat : quelle école voulons-nous ? Ils y répondent d’avance, en donnant comme allant de soi le renoncement à une véritable démocratisation de l’accès aux savoirs élaborés.
Analyse / Microsoft, Amazon, l'Education nationale et les Princesses (Blog de Monsieur Samovar)
Tout cela est bien entendu effacé par le point 5 de l’accord avec Microsoft, qui accordera une aide financière et technique (tu as bien vu le mot « financière » ? Je peux le mettre en plus gros, si tu veux) aux « acteurs français » de l’E-éducation. Ce qui est une jolie expression pour dire à ceux qui appliqueront leurs solutions.
Analyse / Pour une école de l'exigence intellectuelle, changer de paradigme pédagogique (Jean-Pierre Terrail, La Dispute, février 2016)
Si l’on admet, ce que je me suis efforcé d’argumenter de près par ailleurs, que le préjugé déficitariste laisse dans l’ombre la réalité des capacités intellectuelles des élèves issus des classes populaires, une réelle volonté de démocratiser l’école inviterait à en finir avec le leitmotiv des réformateurs des années 1960-70, pour lesquels il fallait avant tout éviter de mettre ces élèves en difficulté ; et à lui substituer le principe d’une forte exigence intellectuelle à leur égard.
Analyse / L'alphabet, machine libératrice (Catherine Kintzler, Mezetulle)
L’alphabet est probablement la découverte la plus puissante jamais inventée pour libérer les esprits. Or c’est parce qu’il abandonne l’ambition de représenter les pensées, et parce que, à la différence de tout autre système d’écriture, il rend l’acte de lecture totalement mécanique, ne s’attachant qu’à la matérialité des sons et de leur émission, que l’alphabet déploie cette puissance.
Analyse / Manifeste pour la reconquête d'une école qui instruise. L'école du négoce, commentaire du manifeste (Tristan Béal, Mezetulle)
L’école de l’instruction est une école de lutte, pas une école de polissage : on n’y façonne pas un citoyen moutonnier mais un esprit critique, un esprit qui, dès le plus jeune âge, sera renvoyé à ses seules forces. Faire de l’analyse grammaticale, effectuer des opérations, écrire des dictées, tous ces enseignements que l’on voudrait réduire à leur seule dimension rébarbative, tous ont pourtant une seule et unique vertu libératrice : apprendre à faire la distinction du vrai et du faux en rapportant le cas à la règle expliquée et apprise.
Presse / FigaroVox du 19/05/2015 : Touche pas à ma 3e C, le coup de gueule d'un prof de ZEP (Jean-François Chemain)
Ma 3e C est le fleuron, et je n'imaginais pas que la décrire amoureusement ferait un jour de moi un futur hors-la-loi. Classe bilingue anglais-allemand dès la 6ème, comportant un fort taux de latinistes, permettant au collège public particulièrement difficile où j'enseigne de limiter les stratégies d'évitement dans le privé, dans un quartier pourtant sensible. [...] Des gamins - aurai-je moi aussi droit aux foudres pour me livrer à ces «statistiques ethniques» sauvages? - presque tous issus de l'immigration (d'une bonne dizaine de pays différents), presque tous musulmans... Une classe avec laquelle on parvient à boucler, à peu près, le programme, au lieu qu'avec les autres on en fait la moitié...
Presse / FigaroVox du 29/05/2015 : École : «L'idée que le savoir n'a plus d'importance est le plus grand mythe des pédagogues»
Le plus grand mythe contemporain à propos de l'éducation, c'est l'idée que la connaissance n'a plus d'importance. On dit désormais que le savoir-faire a plus d'importance que les savoirs, puisque de toute façon les enfants n'ont pas besoin de savoir des choses qu'ils peuvent à tout instant chercher sur leur smartphone.Toutes ces justifications de l'abandon de la connaissance sont fausses, parce qu'elles nient la manière dont le cerveau humain fonctionne. La science n'est pas du côté des pédagogues progressistes. La recherche menée ces cinquante dernières années par la psychologie cognitive montre bien combien nous dépendons du savoir stocké dans la mémoire longue pour tous nos procédés mentaux
Presse / L'Humanité du 22/03/2016 : Maintenant, comment sauver les enseignements du grec et du latin ?
Sortir par le haut Privilèges, les langues anciennes ? 93% des collèges - dont les Zones d’Éducation Prioritaire – offrent aujourd’hui le latin et parfois aussi le grec ! La DEPP, service statistique du ministère, vient même de démontrer que l’étude du latin, loin d'être l'apanage d'une élite, participait à la réussite des élèves défavorisés, à la mixité sociale, et corrigeait les inégalités. Maintenus, les horaires ? Ils ont été sabrés pour la rentrée 2016 : 50% de moins en 5e et 30% en 4e et 3e, véritable insulte aux milieux populaires.
Presse / Acteurs publics du 07/04/2016 : Exclusif : l'Inspection générale alerte le ministère sur la réforme du collège
À six mois de l’entrée en application de la réforme du collège, 10 à 25 % des établissements sont en difficulté, selon un rapport confidentiel. L'alerte est officielle : les formations ne portent pas leurs fruits et l’autonomie accrue des établissements n’est pas palpable. [...]Au sujet de la dotation horaire des collèges, “l’inquiétude” s’est fait jour “dans les petits établissements qui vont devoir gérer des problèmes de service partagé”, relève l’inspection générale. Un comble quand on se souvient que la réforme du collège devait créer 4 000 postes. D’ailleurs, “quelle sera la marge d’autonomie pour ces établissements ?”,interroge encore l’IGAENR, alors que le principe de “marge d’autonomie accrue” présidait à la réforme du “nouveau collège”.
Presse / Le Monde du 31/03/2016 : Des profs du lycée Bergson à Paris : « Ces images ont tué notre effort pour réconcilier les jeunes avec la société. »
Ce que l’image des violences policières a tué à la cité Bergson, c’est l’effort quotidien des professeurs pour réconcilier les jeunes avec la société. Ce que cette image a terni, c’est la réputation d’une cité scolaire que nous aimons et pour laquelle nous nous battons tous les jours. Ce que cette image a abîmé, c’est la confiance des élèves dans notre parole quand nous évoquons une République ouverte et fraternelle.

03-02-16
Actions / Pétition des associations APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL, SLL : Latin et grec au collège - L'égalité : un leurre.
Les dotations de fonctionnement pour la rentrée 2016 font aujourd’hui tomber les masques : faute d’heures spécifiquement dédiées au latin et au grec, ces matières sont amputées, voire sacrifiées. Les premières victimes en sont les élèves des établissements difficiles : eux, qui n'ont que l'école pour réussir, n'auront pas la chance de bénéficier du même éventail de matières que leurs aînés (en 2014-2015, 93% des collèges offraient l'option latin). Prôner l'égalité ne doit pas se réduire à un artifice rhétorique ou à une acrobatie verbale publicitaire. Pour réduire les inégalités l’École doit prendre les mesures judicieuses et informées qui permettront enfin d’accorder le discours et les faits. Pétition_LA_égalité_2016-01-28.pdf
Actions / Communiqué intersyndical – Réforme du collège, 29 janvier 2016
L’intersyndicale réaffirme sa détermination à obtenir l’abrogation de la réforme du collège, à bloquer sa mise en oeuvre à la rentrée 2016 et appelle l’ensemble des collègues à poursuivre la lutte. Elle soutient toutes les initiatives décidées collectivement dans les établissements en lien avec les organisations syndicales de l’intersyndicale.
Actions / Lettre au Président de la République des associations APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL, SLL, le 26 janvier 2016
Faute d'heures disponibles, des établissements annoncent déjà qu'ils ne pourront respecter les assurances de Madame la Ministre, qu'ils doivent limiter l'EPI de langues et cultures de l'Antiquité à un seul niveau (alors que le BO de juillet l'étendait à l'ensemble du cycle 4 et que cet EPI aurait représenté en 5e 50%, en 4e et 3e 30% de l'horaire actuel), restreindre le nombre d'élèves étudiant les langues anciennes en n'ouvrant qu'un groupe par niveau, ou limiter l'horaire de l'enseignement de complément, voire parfois supprimer les sections de grec, réduisant ainsi l'enseignement des langues anciennes ou les effectifs de latinistes et d'hellénistes à une peau de chagrin - quand ils ne ferment pas purement et simplement l'enseignement des langues anciennes dans leur établissement.
Analyses / EPI : l'interdisciplinarité et la réforme du collège (Paul Devin)
A bien regarder les finalités données aux EPI par l’arrêté de mai 2015, ce n’est pas tant leur finalité interdisciplinaire qui est mise en avant que leur finalité pratique. Il s’agit de parvenir à une « réalisation concrète » : maquette, journal, vidéo, … Ce n’est donc pas tant la cohérence des savoirs qui guide l’intention des EPI que la volonté de redéfinir la nature même des savoirs pour privilégier la capacité à produire des objets concrets au dépens de la construction de concepts et de l’acquisition de connaissances.
Analyses / Instruire d'abord ! La finalité de l'école. Instruction, pédagogie et pédagogisme. (Jean-Michel Muglioni, Mezetulle)
Ainsi une exigence morale dans son fond – libérer l’homme – appelle une politique de l’école, une politique d’instruction publique : il faut choisir entre la contrainte du milieu, origine des motivations, et un ordre d’artifices et de contraintes qui se revendique comme tel, à savoir l’institution scolaire : la fonction institutionnelle de l’école est de délivrer l’homme de la société. Entre subordonner l’école à la société, donc la détruire, et instituer une véritable école, il faut choisir.
Analyses / Le concours l-EPI-ne est lancé ! (blog L'Intempestif, Les élucubrations d'Antoine)
Quand je vois les sujets d'EPI, je suis stupéfait… entre autres, cet intitulé de « projet » SVT-lettres proposé au cours d’une formation dans l’académie de Lyon – avec l’aval des inspecteurs, donc… Gargantua et Emma Bovary mangeaient-ils équilibré ?
Presse / Le Monde du 16/12/2015 : Le livre, ce remède souverain
Le livre fait travailler une dimension essentielle de l’humain. « Nous sommes des animaux poétiques, assoiffés de symbolique », dit-elle encore. La lecture, comme activité créatrice de sens, aiderait donc à surmonter les épisodes douloureux, les moments de rupture, de perte de repères. Le mot « repère », d’ailleurs, revient dans la bouche des libraires interrogés après le 13 novembre. La lecture permet d’essayer de comprendre l’incompréhensible, mais aussi de sortir de la tristesse par la « rencontre » avec un autre esprit. Marcel Proust conseillait cette activité à « l’esprit paresseux », sujet à la neurasthénie : « Ce qu’il faut donc, c’est une intervention qui, tout en venant d’un autre, se produise au fond de nous-mêmes, c’est bien l’impulsion d’un autre esprit, mais reçue au sein de la solitude. »
Presse / Libération du 06/01/2016 : A quoi sert le latin ? La réponse des humanistes (Luigi-Alberto Sanchi)
On trouve dans l’Antiquité les multiples exemples des formes que peuvent prendre la société et l’Etat, des théories que l’esprit peut concevoir loin de toute révélation religieuse, des sentiments variés qui marquent la vie familiale, civile ou militaire. L’Europe moderne, mais aussi les Etats-Unis, les pays d’Amérique latine et plusieurs autres réalités ont été bâties à partir des matériaux livrés par l’étude fiévreuse des Anciens et par les réflexions contrastantes qu’une telle étude a pu suggérer. Aujourd’hui aussi, le défi qui semble se présenter à la France et à ses élites est celui de forger la nouvelle société française.
Presse / Le Monde du 07/01/2016 : Penser autrement, grâce au grec et au latin
L’Avenir des Anciens. Oser lire les Grecs et les Latins, de Pierre Judet de La Combe, Albin Michel. Ne serait-ce pas au fond la confrontation difficile avec un texte venu de loin, résolument insolite et sophistiqué, et les obstacles à franchir pour en acquérir la maîtrise par une relation entre maître et écolier (on n’ose pas dire disciple) qui procure à ce savoir des Anciens la capacité de nous changer vraiment ?


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