Lycée et Bac Blanquer

LA REFORME BLANQUER...QUOI QU'IL EN COÛTE ?
Bilan de deux ans de réforme du lycée


Cette seconde année scolaire par temps de COVID correspond aussi à la seconde année de l'application de la réforme du lycée.
La gestion ubuesque de l'épidémie par le ministère de l'Education nationale, la succession de protocoles inapplicables, la mise en place d'une « continuité pédagogique » et d'un « enseignement distanciel » qui ressemblent pour l'un à un> oxymore et pour l'autre à une antiphrase, et aujourd'hui la fierté de proclamer que l'Education continue de fonctionner alors que les classes ferment par centaines chaque semaine depuis la rentrée des vacances d'hiver... pourquoi un tel déni, pourquoi tant d'acharnement à sauver les apparences d'une école qui tournerait « normalement » ? C'est oublier, entre autres, que M. Blanquer joue le sort de SA réforme du lycée et du bac, entrée en vigueur en 2019-2020. Il veut donner l'impression que s'applique envers et contre tout cette réforme mal pensée, délétère, contre laquelle nous alertons depuis sa conception.

En apparence, l'épidémie l'a empêché de se déployer : annulation des E3C puis de toutes les épreuves de bac en 2020 au profit du contrôle continu, annulation des épreuves de spécialités à miparcours en 2021... ce qui ressemble à un enterrement annoncé serait en réalité une aubaine pour le ministre, une façon de masquer les faiblesses inhérentes d'une véritable usine à gaz, qui ne tiendrait pas en temps « normal » - on se souvient de la fronde des lycéens en janvier 2020, qui dénonçaient une course d'obstacles intenable lors de la toute première session d'épreuves en cours de formation (ex « E3C », rebaptisées « épreuves communes »). Sauver les lettres tente de tirer un premier bilan de cette réforme qui change le lycée en profondeur, contenu et sens des études compris.

Mireille Kentzinger suggère que la mise en place d'un « bac de crise » recouvre une crise du bac – ce qui permet d'accélérer la liquidation d'un examen républicain, but initial de cette réforme.

Du côté des nouveaux enseignements, Didier Guilliomet démonte ce qui se cache sous le séduisant intitulé de la spécialité « Humanités, Littérature et Philosophie » , et Florence Costa Chopineau nous éclaire sur le contenu de l' « enseignement scientifique » qui a remplacé la physique-chimie , les sciences de la vie et de la terre et les mathématiques dans le tronc commun des premières et terminales.

Si Geneviève Belleflamme se réjouit de la réintroduction de la grammaire au programme de français des lycées, et réaffirme la nécessité de l'enseigner, elle s'interroge sur l'efficacité de cet enseignement, dans un cadre horaire toujours plus contraint, toujours ignoré par nos autorités de tutelle.

Véronique Marchais rappelle que cet enseignement repose sur du sable : elle montre à quel point, en amont, le flou règne sur les contenus des programmes de grammaire du collège, et elle pointe le manque de rigueur, sinon les erreurs qui plombent la « grammaire officielle », pourtant censée apporter de la clarté dans les esprits après des années d'errements dans la didactique de la discipline.

Analyse / Le Monde du 16/07/2019 / Résultats du baccalauréat 2019 : « L’idéal sacré d’égalité vient d’être bafoué » (collectif)
Des ordres contraires à la loi.
Il y a quelques jours à peine, un événement exceptionnel est intervenu dans l’histoire de notre profession et dans l’histoire récente de notre démocratie : un ministre n’a pas respecté la loi. Il a donné des ordres contraires à la loi, contraires à l’esprit de notre institution. Une note de service annoncée par voie de presse a considéré que l’on pouvait destituer des jurys pourtant définis comme « souverains » par le code de l’éducation. Elle a donné la possibilité à des personnels administratifs – chefs de centres d’examens, proviseurs ou adjoints – de remplacer des enseignants et de définir des résultats à leur place, sans même avoir une connaissance des copies et des règles spécifiques d’évaluation propres au baccalauréat.

Analyse / AOC Média du 10/07/2019 / Pourquoi j'ai fait la grève pendant le bac (Marjorie Galy, enseignante agrégée de sciences sociales)
En juin 2021, il n’y aura plus que 3 épreuves organisées nationalement : le français en épreuve anticipée de première, la philosophie et le « Grand oral » en terminale (contre 12 épreuves en moyenne actuellement sans compter les options). À partir de la prochaine rentrée, toutes les autres disciplines vont être évaluées localement, dans chaque lycée, en cours d’année, dès la classe de première, soit avec des « examens partiels » en décembre et au printemps pour les disciplines du tronc commun, soit, pour les spécialités, avant ou après les vacances de printemps, afin que les notes puissent être prises en compte dans Parcoursup.

L’économie budgétaire réalisée est donc énorme pour le ministère mais le transfert de la charge supplémentaire de travail gratuit, effectuée localement, dans chaque établissement, par les équipes de direction, de vie scolaire et les enseignants sera considérable. […] Le « bac Blanquer » impose un régime permanent d’évaluation qui peut être contraire aux apprentissages et à l’épanouissement des élèves.

[…] La liberté de choix proposée aux élèves n’est qu’un leurre, et les élèves et parents de seconde cette année le savent parfaitement. Toutes les spécialités ne sont pas proposées dans tous les lycées, le nombre de places par spécialité est contingenté du fait de la taille des salles de classe et des dotations budgétaires en baisse dans chaque lycée. Sur le terrain, toutes les combinaisons de spécialités ne sont pas possibles. Les élèves peuvent être amenés à changer d’établissement ou à recourir à l’enseignement à distance du CNED en cas d’offre de spécialité manquante ou insuffisante dans leur lycée d’origine.

Analyse / Le Monde du 15/07/2019 / « Baccalauréat : « C’est l’entêtement du ministre qui a généré ce chaos » (Fanny Capel, Professeure au lycée Paul Eluard de Saint-Denis)
Professeure de lettres à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et présidente de l’association Sauver les lettres, Fanny Capel, dans une tribune au « Monde », s’insurge contre le « gigantesque retournement des rôles » qui voit les grévistes du bac accusés d’avoir perdu le sens du service public.

Qui a été sacrifié ? Les quelques milliers d’élèves qui risquaient de voir leur inscription à la fac retardée – ou les centaines de milliers de lycéens qui, dès l’an prochain, plancheront sur le bac six fois en deux ans, sans qu’on leur laisse le temps de progresser, sur des épreuves élaborées localement, au mépris de la plus élémentaire égalité républicaine ?
Qui a pris les lycéens « en otages » Nous, ou cette réforme qui les contraint désormais de construire leur « parcours » à l’aveugle, sans information fiable sur les attentes du supérieur, de choisir des spécialités virtuelles car leur lycée ne les ouvrira pas faute de moyens ?
Qui a perdu « le sens du service public » ? Nous, ou ce gouvernement qui va supprimer 2 600 postes de profs dans le secondaire, grâce à un tour de passe-passe qui consiste à supprimer les filières pour bourrer toutes les classes dites générales à plus de 30 élèves, pour « inclure » les élèves handicapés sans aide, pour orienter sans personnels qualifiés, pour faire passer des nouveaux programmes à l’ambition démesurée sans les horaires nécessaires ?

Texte complet : C'est l'entêtement du ministre qui a généré ce chaos.pdf

Réforme / Bulletin officiel spécial n°1 du 22/01/2019 / Nouveaux programmes du lycée général et technologique

Réforme / Conseil supérieur des Programmes, 15/10/2018 / Élaboration des projets de programme du nouveau lycée / Projets de programme des classes de seconde et de première (voies générale et technologique)
La réforme du baccalauréat et du lycée (voies générale et technologique) annoncée le 14 février 2018 par le ministre de l’Éducation nationale appelle l’élaboration de nouveaux programmes ainsi que de nouvelles modalités d’évaluation des élèves qui s’inscrivent dans l’esprit de cette réforme.

Réforme / Compte rendu de l'audience de concertation organisée par le Conseil supérieur des Programmes avec les associations littéraires, le 4 octobre 2018 (Sauver Les Lettres)
Deux objectifs principaux étaient visés : premièrement remédier aux problèmes d'expression orale et écrite auxquels se heurtent de nombreux lycéens, en développant le « sens de la langue », et en réintroduisant l'étude de la grammaire au lycée (« Il faut en finir avec l'illusion qu'après le collège on en a fini avec l'enseignement de la langue ») ; deuxièmement renforcer la culture littéraire, et favoriser la construction d'une conscience historique des oeuvres – à la fois en les contextualisant, mais aussi en faisant percevoir le « fil » des évolutions, les scansions entre périodes.
Réforme / Sauver les lettres, 11/10/2018 / Note de Sauver les lettres destinée au CSP à l'issue de la réunion du jeudi 4 octobre 2018.
Sauver les lettres salue le sérieux et l'ambition qui semblent avoir présidé aux travaux des experts pour l'enseignement des lettres en lycée. Mais nous exprimons des craintes quant à l'application de ces nouveaux programmes sur le terrain : l'exigence se transformera en élitisme si nous n'obtenons pas les structures et les moyens nécessaires à leur application, et les moyens de compensation des inégalités de niveau entre élèves.
Outre la question des horaires, actuellement insuffisants, nous remettons en cause la réforme structurelle du lycée et du baccalauréat. Les élèves en Première, en parallèle avec le français, passeront au moins trois autres épreuves, dans une véritable course d'obstacles qui sera nuisible à la sérénité de leurs études et à la continuité des apprentissages, et dispersera leurs efforts. Par ailleurs, les inégalités territoriales qui vont découler de la carte académique des spécialités, et qui visent pour notre part les langues anciennes, nous heurtent fortement. La confiance que nous font nos élèves est mise à mal dans ce nouveau système dépourvu de repères et de justice.

Actions / 10/10/2018 / Déclaration de 44 professeurs de philosophie de l'académie de Rouen.
Contrairement à ce que les commentateurs répètent à l’envi, une réforme ne répond jamais seulement, ni d’abord, à des exigences techniques, ni même économiques. Elle vise essentiellement des effets d’ordre politique, au sens le plus large du terme : les formes de conscience et les conduites qui déterminent l’organisation de la société. C’est de ce point de vue qu’il faut donc d’abord la juger. L’enjeu est d’autant plus grave que ce projet concerne l’école, c’est-à-dire la jeunesse. Nous ne voulons pas d'une école d'inspiration ultra-libérale, «territorialisée», qui flatte hypocritement le consumérisme, s'appuie trompeusement sur une idéologie du libre choix accordé à des élèves de 14/15 ans, fait miroiter des perspectives mirobolantes de réussite et aboutit à une réduction drastique des possibilités réelles d'enseignement au lycée et à une compétition dans laquelle les familles (parents et enfants) en seront pour leurs frais.

Réforme / Journal Officiel du 17/07/2018 / Arrêté du 16 juillet 2018 relatif à l’organisation et aux volumes horaires des enseignements du cycle terminal des lycées, sanctionnés par le baccalauréat général.
Art. 2. – Conformément aux dispositions de l’article D. 333-3 du code de l’éducation, les enseignements de la classe de première et de la classe de terminale comprennent, pour tous les élèves :
  • des enseignements communs, dispensés à tous les élèves;
  • des enseignements de spécialité au choix dans les conditions définies à l’article 3;
  • des enseignements optionnels au choix des élèves. La liste et le volume horaire de ces enseignements sontfixés dans les tableaux figurant en annexe du présent arrêté. […]
Annexe : grilles horaires du cycle terminal de la voie générale.
[…] Les enseignements optionnels de LCA latin et grec peuvent être choisis en plus de l’enseignement optionnel suivi par ailleurs.

Réforme : Bulletin Officiel, n°32 du 06/09/2018 / Lycées d'enseignement général et technologique – Enseignements de spécialité.
Le recteur d'académie ou le vice-recteur arrête la carte académique des enseignements de spécialité. […] Les enseignements de spécialité plus spécifiques (arts, littérature et LCA, ainsi que numérique et sciences informatiques, et sciences de l'ingénieur, dont l'offre sera amenée à progresser dans les prochaines années) feront l'objet d'une carte académique, voire nationale pour les plus rares d'entre eux. (sic)

Réforme / Juin 2018 / Transformer le lycée professionnel : former les talents aux métiers de demain. (Jean-Michel Blanquer)
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Réforme / Site SNUEP-FSU du 28/05/2018 / Réforme voie Pro 2018 – Projets de grilles horaires.
Après la perte d’une année de formation en 2009, la formation des élèves est de nouveau tronquée. Les grilles horaires proposées le 28 mai 2018 viennent contredire le discours du ministre autour des savoirs fondamentaux, qui font son fond de commerce depuis sa nomination au ministère de l’Éducation nationale. Les matières générales sont les premières concernées par une baisse de volume [-138 heures soit 18 %] . La globalisation de la PSE et de l’éco-gestion/éco-droit constitue un point de vigilance particulier : l’absence de fléchage pour ces disciplines peut sous-tendre une menace pour leur maintien.

Presse / Libération du 05/06/2018 / Blanquer porte le coup de grâce à l'enseignement professionnel (Tribune de V. Durey et E. Joshua).
Qui peut imaginer donner une formation correcte à nos élèves en les privant sur trois ans de 16% d’heures de mathématiques, 13% en lettres-histoire ? On s’en remet à l’apprentissage qui serait la solution de tous nos maux et on abandonne les fondamentaux. On abandonne l’égalité des chances. Ces futur.es salarié.es n’ont donc pas besoin de savoir ; il suffit de leur apprendre les gestes de l’exécution. Qui voudrait d’une telle école pour ses enfants ? [...]
En 2009, pour «revaloriser l’image de la voie professionnelle» – l’obsession de nos gouvernants – le gouvernement de M. Sarkozy décide la réforme du bac pro en trois ans. Jusque-là nous avions quatre années pour amener nos élèves au bac pro. […] Au final, cette réforme a permis de supprimer de nombreux postes d’enseignants mais de bilan pédagogique, il n’a jamais été question… Le bac pro a 30 ans. 30 ans c’est un bel âge, celui des premiers bilans et de tous les espoirs possibles. Votre réforme, M. Blanquer, est en train de les tuer.

Réforme / Information - Jean-Michel Blanquer - 04/05/2018 / Baccalauréat 2021 : un tremplin vers la réussite (Seconde version)

Réforme / Ministère de l’Éducation nationale, mai 2018 / Projets d'arrêtés pour la classe de Seconde et le cycle terminal des voies générale et technologique.
01_Arrete_organisation_et_horaires_classes_de_seconde_GT.pdf
02_Arrete_organisation_et_horaires_cycle_terminal_voie_generale.pdf
03_Arrete_organisation_et_horaires_cycle_terminal_voie_technologique.pdf

Analyse / Sauver les lettres, 17/03/2018 / Version longue » du communiqué de presse du 25/02/2018,
Ce nouveau bac n’aura de valeur que pour les élèves issus d’établissements haut de gamme et réputés tels, non parce que ces lycées seraient plus performants, mais parce qu’ils ont bénéficié d’un régime d’affectation des élèves qui a hypocritement favorisé les processus de tri et donc de ghettos. […] Dans cette configuration déjà inégalitaire et hypocrite, il est évident que le nouveau bac, avec l’augmentation de la part d’autonomie laissée aux établissements, ne fera qu’accroître les inégalités de niveau entre ces mêmes établissements.

Actions / Sauver les lettres, 09/03/2018 / Compte rendu de l'entrevue du 9 mars 2018 avec le Conseil Supérieur des Programmes (CSP).
Tout d’abord il faut souligner que nous avons derrière nous une quantité invraisemblable de réformes de nos programmes et des épreuves, une tous les 5 à 8 ans. Les réformes sont abandonnées sans être évaluées, les problèmes demeurent. Globalement Sauver les Lettres préconise de revoir les moyens de faire acquérir à tous une maîtrise de la langue et un accès aux grandes oeuvres littéraires. Mais la réforme en cours paraît d’emblée suspecte parce qu’elle se fait dans le cadre imposé d’une autonomie accrue des établissements. Dans ces conditions les programmes ne seront que des coquilles vides, puisque, évidemment, on ne fera pas la même chose partout.

Analyse / Sauver les lettres, 14/03/2018 / Contribution adressée au Conseil Supérieur des Programmes à la suite de l'entrevue du 09/03/2018.
Les « bénéfices » attendus de la réforme par le gouvernement ne concernent pas les élèves ni la qualité de leurs acquis, mais les économies et le statut des professeurs (étranglement à l'entrée du supérieur, baisse des heures de cours des lycéens au niveau de la moyenne européenne, diminution du nombre de postes de professeurs, annualisation de leurs services, effacement de leur qualification d'origine dans des enseignements mal définis). Mettre en avant la nécessaire évolution du baccalauréat pour produire en retour un ébranlement majeur du métier d'enseignant et de la qualité des apprentissages scolaires est une opération biaisée qui ne peut susciter l'adhésion.

Réforme / Ministèrede l'Éducation nationale, 13/03/2018 / Projets d'arrêtés concernant le baccalauréat 2021
Comparaison_code_bac_G_et_T2.pdf
Projet_arrêté_EA_bac_G_et_T_modif.pdf
Projet_arrêté_Controle_continu.pdf
Projet_arrêté_épreuves_bac_G.pdf
Projet_arrêté_épreuves_bac_T.pdf
Projet_décret_dispositions_bac_voies_G_et_T.pdf

Presse / Le Monde du 13/03/2018 / Enjeu majeur du futur bac, le contrôle continu interroge. (Soazig Le Nevé, Mattea Battaglia, Violaine Morin)
Réduire le nombre d’épreuves terminales du baccalauréat en multipliant le nombre d’épreuves anticipées va-t-il dans le sens de la « simplification » de l’examen promise par le candidat Macron à l’horizon 2021 ?
A la lecture d’une première version des textes législatifs qui devaient leur être présentés mardi 13 mars au matin, tous [les syndicats enseignants] – ou presque – ont sorti leur calculatrice. Pour le SE-UNSA, organisation dite réformiste, le bac « nouvelle formule » pourrait compter une vingtaine d’épreuves au total, estime sa porte-parole, Claire Krepper. Le SNES-FSU, majoritaire, qui devait boycotter la réunion de mardi, a, lui, comptabilisé « 28 voire 29 futures épreuves ».
Une « usine à gaz », redoute Claire Guéville, la responsable du secteur lycée de ce syndicat qui, dans un communiqué lundi 12 mars, a demandé une « remise à plat totale du projet de réforme ». La secrétaire générale du syndicat réformiste SGEN, Catherine Nave-Bekhti, regrette une réforme « incohérente et bâclée ».

Actions / 06/03/2018 / Propositions de Sauver les lettres pour les épreuves anticipées de français (EAF).
Nous pensons qu’il faut garder l’architecture d’ensemble, avec un écrit et un oral de lettres, mais que les épreuves actuelles sont pour une part inutilement complexes, et d’ailleurs définies par une prolifération de textes officiels se corrigeant les uns les autres (BO de 2001, 2003, 2006 et 2011), avec une complication et une boursouflure qui nuisent à une certification exacte et équitable. […]
Il faut tout d’abord mettre au premier plan du « bac de français » la vérification de la connaissance et de la pratique diversifiée de la langue, écrite et orale, pour l’exactitude des analyses textuelles, la correction du langage, et l’expression d’une pensée complexe, précise et articulée. […]
Nous pensons qu'il faut conserver les deux exercices actuels de dissertation et de commentaire. L’un et l’autre relèvent de savoirs et de méthodes qui peuvent s’acquérir en classe et être enseignés explicitement au sein de l’école, à condition que l’on laisse aux élèves le temps d’apprendre et pratiquer : une augmentation de l’horaire, passant à 5 heures dans les deux classes de Seconde et Première, est indispensable au succès des élèves moins favorisés.

Presse / Le Monde du 24/02/2018 / Réforme du bac : vers la fin du sujet d'invention à l’épreuve de français (Violaine Morin)
Fanny Capel, présidente de Sauvez les lettres et enseignante au lycée Paul-Eluard de Saint-Denis, déplore […] : « Les élèves moyens ont tendance à choisir l’invention, alors que c’est l’exercice le plus difficile. » […] Difficile parce qu’elle est « impossible à noter », ce qui a provoqué une « sous-notation » des copies. Les critères de correction sont flous, et le simple « respect des consignes » ne permet pas de déterminer la note. « Je ne sais jamais comment noter une copie d’invention, jamais », assure Fanny Capel, qui planche précisément sur celles du bac blanc au moment où nous nous parlons. […] « La seule chose que je puisse noter, c’est la cohérence des personnages. Tout le reste est implicite. » Or, c’est là que le bât blesse : la part d’implicite est la bête noire des élèves des lycées défavorisés, qui ne maîtrisent pas les codes pour placer « la petite allusion qui va bien, au bon moment ». Ces lycéens se repèrent mieux dans des exercices aux règles claires. De ce point de vue, selon la présidente de Sauvez les lettres, la dissertation devrait rester « l’exercice roi », avec sa méthode et ses objectifs affichés. « C’est mal connaître les élèves de croire qu’ils sont rebutés par l’exigence. Ils le sont au début, parce que c’est difficile. Mais bien préparés, ils sont capables de maîtriser un exercice intellectuellement exigeant, alors que l’invention reposera toujours sur une part de code. »

Actualité / 25/02/2018 / Communiqué de presse de Sauver les lettres / Le bac poker-menteur : les cinq coups de bluff de M. Blanquer pour faire passer sa réforme...
Un bac « plus simple », vraiment ? Gribouille n'aurait pas fait mieux : au lieu de passer le bac une fois, on le passera cinq fois. Deux fois en Première (en janvier et en avril), trois fois en Terminale (en décembre, en avril et en juin).[...]

Un bac « plus lisible », mais pour qui ? Les filières L, ES, S sont supprimées au profit de « spécialités ». Or, si les séries S et ES ressuscitent telles le Phénix, à travers les spécialités « Mathématiques » et « Sciences économiques et sociales », la série L disparaît corps et biens, puisqu’il n’y a plus de spécialité « Littérature » à part entière. […]

Un bac « plus juste », sans rire ? Avec 40 % des épreuves « maison » (organisées et évaluées par les lycées euxmêmes), dont 10 % de contrôle continu pur, et avec l'explosion des filières et des bacs « modulaires », les candidats ne seront pas évalués selon les mêmes critères ni sur les mêmes parcours, et ils seront forcément triés à l’entrée des formations supérieures en fonction de la réputation de leur lycée d’origine, ce qui est évidemment inacceptable. [...]

Réforme / Ministère de l’Éducation nationale, 22/02/2018 / Rapport : La voie professionnelle scolaire : viser l'excellence. (20 Mo)
Au terme de la mission confiée par le ministre à Céline Calvez, députée des Hauts-de-Seine et Régis Marcon, chef étoilé, un rapport a été remis le 22 février 2018.

Réforme / Information - Jean-Michel Blanquer - 14/02/2018 / Baccalauréat 2021 : un tremplin vers la réussite (Première version)

Action / 09/02/2018 / Compte rendu de la rencontre de Sauver les lettres avec la DGESCO
Nous refusons que pour régler des problèmes d'affectation somme toute réduits (les problèmes imputés à APB n'ont concerné que 0,5% des bacheliers), le ministère propose de désorganiser et détruire les trois années de lycée en amont. Pour Fanny Capel, la réponse n’est pas dans des épreuves placées en avril, mais dans des épreuves clairement définies, et dans des programmes aux contenus ambitieux, capables de donner toutes leurs chances aux lycéens dans leurs études supérieures. Elle demande ce qu’il en est de la filière L: autrefois, il existait une filière lettres/maths. Qu’en sera-t-ildans la réforme ?

Actualité / 09/02/2018 / Analyse du rapport Mathiot portant sur la réforme du baccalauréat et du lycée (Fanny Capel, présidente de l'association Sauver les lettres).
Texte remis à M. Xavier Turion (adjoint au Directeur général de la DGESCO) qui a reçu Sauver les lettres le 9 février 2018.
Laissons tout de même le dernier mot, de bon sens, à M. Mathiot : « le changement ne se décrète pas, il se réalise progressivement et uniquement si les acteurs du système éducatif en acceptent les termes et le trouvent légitime » … Il nous semble que ces conditions ne sont pas réunies. La mise en oeuvre de cette réforme à marche forcée, la consultation tronquée des enseignants de terrain (avec des audiences qui se poursuivent moins d'une semaine avant les annonces du ministre), le caractère largement erroné, pour ne rien dire de son illisibilité, du rapport d'expert présidant à cette réforme, font plus que nous inquiéter : ils nous révoltent.
Analyse_SLL_du_rapport_Mathiot.pdf

Lire aussi : Réflexions sur la réforme du baccalauréat par l'association Sauver les lettres, transmises à la commission Mathiot

Presse / Le Monde du 08/02/2018 / Le bac est un rite institutionnel et politique (Entretien avec la sociologue Annabelle Allouch)
Le bac n’est pas seulement un rite individuel : c’est aussi un rite institutionnel et politique. En passant ses épreuves, l’élève rencontre la transcendance de l’Etat. Sa copie, anonyme, porte la mention « ministère de l’éducation nationale » : tout lui indique qu’il passe un examen national. Au baccalauréat, le candidat n’est pas jugé par un professeur, mais par l’Etat. L’anonymat de la copie est la promesse que tous les candidats seront jugés sur la même base - même si ce grand principe égalitaire et méritocratique ne se traduit pas dans la réalité. Depuis le XIXe siècle, le baccalauréat est le symbole du monopole de la République sur la certification des diplômes.

Actions / 29/01/2018 / Lettre ouverte à M. Jean-Michel Blanquer – Pétition. (Conférence des associations de professeurs spécialistes)
Aucune réforme d’une telle ampleur ne peut se faire à marche forcée. Les délais annoncés conduiraient, en l’état, à définir des épreuves, et à écrire des programmes dans la précipitation. Un tel calendrier est manifestement déraisonnable. C’est pourquoi nous vous demandons un moratoire sur la réforme du baccalauréat et du lycée.

Actions / 24/01/2018 / Remise du rapport Mathiot : Bac 2021 Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles (Conférence des associations de professeurs spécialistes)

Analyse / La Sociale du 21/01/2018 / La destruction du baccalauréat et l'offensive générale contre l'école de la République (Denis Collin)
Plusieurs conséquences s’en déduisent. La première étant que l’importante part de contrôle continu fera que le baccalauréat ne sera plus un diplôme national et donc ne donnera pas les mêmes droits à tous suivant l’établissement où ils ont obtenu cet examen. Entre autres conséquences, cela percutera directement les conventions collectives de branche qui déterminent les salaires « plancher » en fonction d’une grille de qualifications reconnues nationalement, le baccalauréat étant aujourd’hui encore l’une de ces qualifications.

Actualité / 07/01/2018 / Réflexions sur la réforme du baccalauréat par l'association Sauver les lettres, transmises à la commission Mathiot
Une réforme du baccalauréat et, partant, de la structure et des contenus de l'enseignement secondaire, est donc éminemment souhaitable. Or, bien que rien ne soit en principe arrêté, les pistes proposées par le gouvernement - celles du moins dont nous avons pu avoir connaissance - posent de nombreux problèmes et risquent, si elles étaient retenues, d'achever la dévalorisation de l'examen, et d’accentuer durablement les injustices face à l’accès à la connaissance.

Actions / 15/12/2017 / Compte rendu de l’audience au ministère de l’éducation nationale des associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL
Bien que la mission porte sur le lycée et le bac, la question de la maîtrise de la grammaire, entre autres, à l’école primaire et au collège, et celle des liens entre le collège et le lycée, ne peuvent être mises de côté. Promettre aux élèves une réussite dans n’importe quelle filière sans maîtriser correctement la langue, c’est leur mentir. […] Il ne faudra pas oublier que, moins l’institution joue un rôle prescripteur, plus le niveau baisse. Par conséquent, on ne saurait amoindrir les exigences en série littéraire ni laisser cette série se fondre dans un menu à vaste choix. […] Nous tenons par ailleurs à rappeler une opposition de principe sur le contrôle continu, car cette pratique reviendrait à faire fluctuer la valeur du baccalauréat en fonction de l’établissement qui prépare et délivre le diplôme, ce qui l’empêchera d’être un titre national.

Presse / Le Monde du 29-30/10/2017 / Servons-nous du bac comme instrument de l'égalité républicaine (Julien Picault)
Un garde-fou important est de garantir l’objectivité des notes du bac. D’où l’importance de ne surtout pas introduire de contrôle continu. Ce serait une grave erreur ! Car qui dit contrôle continu dit importance du niveau du lycée et dit une course potentielle à l’inflation des notes pour améliorer le taux de réussite au bac.

Analyse / Blog Mediapart du 11/09/2017/ Concurrence scolaire et inégalités : quelles leçons du Québec ? (Jean-Pierre Véran)
Une étude québécoise, analysant les résultats du développement de la concurrence au sein du marché scolaire depuis le début des années 2000, éclaire utilement les orientations données à notre propre système éducatif. Quand le ministre français de l’éducation nationale pourfend l’égalitarisme comme facteur d’inégalité scolaire et affirme le 27 juillet sur France Culture que « c'est par plus de liberté que l'on peut aller vers plus d'égalité [1]», la note socioéconomique documentée de l’IRIS[2], publiée en septembre 2017, observe la détérioration de la qualité des enseignements offerts à la majorité des jeunes québécois par un marché scolaire caractérisé par la concurrence entre privé et public et entre établissements publics.

Trois éclairages :
A quoi sert le baccalauréat ? Audition au Sénat (13/02/2008)
A quoi sert le baccalauréat ? Sauver Les Lettres
Toutes les mesures récentes dans l’organisation du bac visent à le compliquer, de façon à rendre préférable le contrôle continu. Mais ce dernier détruit la nature même de l’examen, et le lien organique qui unit la République, l’instruction, et les citoyens. Il faut donc le refuser. Le contrôle continu, sous forme d’épreuves organisées dans les établissements par le personnel qui y enseigne, ouvrirait la porte à toutes les pressions. La neutralité et l’objectivité de l’examen, sa totale indépendance des origines sociales, culturelles et ethniques, la garantie du niveau d’instruction, le principe d’égalité des chances et d’équité dans l’évaluation, y disparaissent totalement.
Les grands débats du baccalauréat juin 2016 (CNESCO, Conseil national d'évaluation du système scolaire)
Les comparaisons internationales montrent que, bien conçus et bien organisés, ces tests nationaux font progresser en moyenne les apprentissages des élèves et réduisent les inégalités scolaires globales et d’origine sociale. [...] Ces effets ne sont vertueux que si certaines conditions pédagogiques sont réunies: un nombre conséquent de matières doivent être testées sur la totalité de leurs programmes scolaires et des compétences attendues et les types d’exercices demandés aux élèves doivent être complexes (par opposition aux tests par QCM, par exemple). [...] Au total, le baccalauréat français qui embrasse un champ très large de matières et propose aux élèves une multiplicité d’épreuves complexes correspond bien aux formes d’évaluations qui peuvent avoir un effet bénéfique sur les résultats des élèves.
GRDS, 17/03/2017 / Quel français au lycée : la question de l'examen (Thierry Cecille, Agnès Joste)
Quel rapport le baccalauréat a-t-il avec la démocratisation ? Il est important, dans la perspective de la démocratisation, de défendre l’examen final. L’expérience en mesure chaque année la vertu, et montre qu’il constitue un rempart contre les ségrégations scolaires et géographiques. Il protège à la fois les élèves et la qualité de l’enseignement qui leur est dispensé. Égalitaire, dans la mesure où les épreuves sont anonymes, nationales et élaborées en fonction de programmes nationaux par des professeurs en exercice, le baccalauréat protège les élèves défavorisés de jugements négatifs liés à leur niveau supposé en raison de la localisation de leurs établissements d’origine. En proposant à tous le même horizon d’exigence et la même valeur certificative, le bac-nation protège du bac-maison. Il régule, par ses contenus, l’amont de bien des filières. Le recrutement sur dossiers par exemple, constamment utilisé contre le maintien du baccalauréat, n’est possible que parce que l’examen existe : le baccalauréat est la clef de voûte de l’enseignement au lycée, il en détermine la nature et le contenu. Les dossiers ne sont fiables que parce que les notes qu’ils présentent valident l’acquisition et la compréhension de programmes réglés sur cette certification finale.

Presse / Le Monde / 04/07/2017 / Le premier ministre annonce un bac entièrement réformé en 2021 (Aurélie Collas)
Le projet s’articule autour de deux idées. La première est de « resserrer les épreuves finales autour d’un plus petit nombre de matières et [de] définir ce qui relève du contrôle continu », a déclaré M. Philippe. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à limiter le nombre d’épreuves finales obligatoires à quatre, et à faire passer les autres en contrôle continu. Le chef de l’État entend « moderniser » l’examen bicentenaire. Le « remuscler », pour reprendre l’expression de son ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.