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Communiqué du 07/01/01 : orthographe

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Éducation Éducation Éducation Éducation

 

Collectif Sauver les lettres

www.sauv.net/

 

 

Communiqué de presse n° 1

 

Le 7 janvier 2001

 

 

La dictée du brevet des collèges

retrouve une longueur convenable.

 

Publiée dans le B.O. n° 46 du 21 décembre 2000, la note de service n° 229 adressée aux rectrices et recteurs d'académie, aux inspectrices et inspecteurs d'académie, directrices et directeurs des services départementaux de l'éducation nationale, aux chefs d'établissement, et intitulée " Modalités d'attribution du diplôme national du brevet à compter de la session 2001 ", comporte une section spécifique (II) relative au français où figure l’extrait suivant :

" L'annexe I à la note de service n° 123 du 6 septembre 1999 est modifiée ainsi qu'il suit pour ce qui concerne la structure de l'épreuve, première partie :
"(…) La maîtrise de la langue et de l'orthographe est évaluée :
(…)
- par une dictée de 12 à 15 lignes d'un texte prenant en compte les exigences du programme en matière de compétence orthographique." "

à consulter sur : http://www.education.gouv.fr/bo/2000/46/ensel.htm


Le Collectif Sauver les lettres prend note avec satisfaction de cette modification annulant les dispositions précédentes qui avaient rendu possibles les dictées d’une brièveté et d’une facilité dérisoires données lors de la session 2000 du brevet des collèges.

 

 

 

Pour mémoire, nous rappelons la dictée donnée dans les académies d’Île-de-France, Amiens, Lille et Rouen.

LE PETIT GAVROCHE

Pourtant il avait un père et une mère. Mais son père ne pensait pas à lui et sa mère ne l'aimait point. C'était un de ces enfants dignes de pitié entre tous qui ont père et mère et qui sont orphelins.

Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour ; mais il était joyeux parce qu'il était libre.

V. Hugo

 

Le Collectif Sauver les lettres se réjouit que le ministère de l’Éducation nationale ait pris la mesure de l’indignation des professeurs, mais aussi des parents d’élèves et de tous ceux qui sont attachés à un enseignement exigeant, alertés par la presse qui avait largement rendu compte de ce simulacre d’évaluation.

Cependant rien n’est dit des consignes de correction et du barème donnés aux professeurs.

Le Collectif Sauver les lettres entend demeurer vigilant et réaffirme son opposition absolue à la tromperie que constituerait le maintien de consignes de notation positive destinées à dissimuler le niveau d’orthographe extrêmement préoccupant d’une forte partie des élèves sortant du collège.

Pour mémoire nous rappelons les consignes correspondant à la dictée citée précédemment :

" CONSIGNES AUX CORRECTEURS

On attribuera 1/2 point pour la graphie correcte des mots suivants : Mais, à, aimait, ces, la marque du pluriel dans enfants dignes, pitié, tous, sont, orphelins, gîte, était, parce qu'.

On enlèvera un maximum de 2 points pour d'autres fautes commises, à raison d'1/2 point par faute "

(rappel : la dictée du nouveau brevet des collèges est notée sur 6 points.)

*
Collectif Sauver les lettres : sauv.net

 

Communiqué de presse n° 2

 

Le 7 janvier 2001

 

 

Maîtrise de l’orthographe

des élèves entrant en 2nde générale et technologique en septembre 2000.

Résultats d’une évaluation sans fard

effectuée par le Collectif Sauver les lettres.

En juin 2000, l’épreuve de français du nouveau brevet des collèges réduisait l’évaluation de l’orthographe à sa plus simple (et dérisoire) expression.

Pour mémoire, dans les académies d’Île-de-France, d’Amiens, Lille et Rouen, une dictée enfantine de 63 mots accompagnée de consignes de notation positive qui rendaient possible d’obtenir 13,5 sur 20 en commettant 29 fautes monstrueuses.

(communiqué de presse du 2 juillet du collectif Sauver les lettres ; information reprise, à notre connaissance, dans 14 organes de presse, ayant paru en première page de grands quotidiens nationaux, ayant fait l’objet d’un sujet dans le JT de France 2…)

Considérant qu’il ne suffirait pas de casser le thermomètre pour faire tomber la fièvre, le Collectif Sauver les lettres a entrepris d’évaluer, d’après un échantillon de plus de 1500 élèves, la qualité de l’orthographe des élèves entrant au lycée général et technologique en septembre 2000.

Le Collectif Sauver les lettres espère ainsi contribuer à l’information de Monsieur Lang, ministre de l’Éducation nationale, qui déclarait récemment dans un entretien, consécutif à la création du Haut Conseil de l’évaluation :

Je voudrais d’abord que l’on éclaire la question du niveau des élèves par rapport au passé et en comparaison avec les autres (sic) pays étrangers : nous devons mieux savoir les domaines où nous sommes bons, où nous avons progressé, mais aussi ceux où l’école a des difficultés ou même rencontre des échecs. "

(Le Nouvel Observateur n° 1880, p. 143)

 

 

Sauver les Lettres  http://www.sauv.net/

 

Le niveau d’orthographe à l’entrée en seconde

Une évaluation sans fard effectuée par

" Sauver les Lettres "

En fonction des critères d’évaluation en vigueur jusqu’en 1999,

deux élèves sur trois, à l'entrée au lycée, ne maîtrisent pas l'orthographe de leur langue.

 

Une évaluation claire, des conclusions alarmantes

Au cours du mois de septembre de la rentrée 2000, à la demande du collectif Sauver les Lettres, des professeurs ont donné à leurs élèves de 2nde une même dictée afin d'évaluer leur maîtrise de l’orthographe. Cette opération a été menée auprès de cinquante six classes de seconde (soit 1724 élèves), dans des lycées géographiquement et socialement assez variés pour constituer un échantillon représentatif (lycées de banlieue, de centre-ville, de province ...).

La montée en masse des élèves en seconde correspond-elle à une amélioration générale du niveau d’une classe d’âge, ou cela s’est-il fait, comme nous l’affirmons à Sauver les Lettres, au prix d’un coupable abaissement des exigences dans la maîtrise de la lecture, de l’orthographe, et l’écriture ? Pour pouvoir répondre à cette question, il suffisait de reprendre une épreuve d’orthographe antérieure : nous avons donc choisi un court texte d'Alphonse Daudet, extrait des Contes du lundi, donné au brevet des collèges en 1988.

Avec ses 170 mots, son niveau de difficulté assez moyen, ce n’est ni la dictée de Pivot, ni non plus le simulacre de dictée, apparu à la session 2000 du " nouveau brevet des collèges ", qui a scandalisé la France entière. Nous avons utilisé le barème en usage au brevet jusqu’en 1999, comme dans les classes de collèges : 2 points pour une faute d'orthographe grammaticale, 1 point pour une faute d’orthographe d'usage, une pénalisation maximale de 2 points pour les fautes d’accents, de tirets…

La plupart de ces élèves avaient obtenu une bonne note à la dictée du brevet des collèges, qui ne comptait que quatre lignes et était évaluée de façon si positive qu'il était difficile d'obtenir une note au-dessous de la moyenne. Ils arrivaient au lycée avec ces résultats.

Les nôtres sont malheureusement moins réjouissants.

Résultats de l’enquête : l’illettrisme des lycéens 

La moyenne générale est de 5,58 / 20.

Seuls 29,77 % des élèves obtiennent la moyenne,

9,27 % atteignent ou dépassent 15/20.

Près de 28% ont obtenu 0/20.

(Les notes négatives n’ont pas été prises en compte. Pourtant, les disparités sont grandes parmi ces élèves qui ont eu 0/20, un nombre non négligeable de copies présentant plus de 25 fautes).

Cela signifie que

Þ plus d’un quart des élèves entrant à quinze ou seize ans au lycée, après dix ans d’école, obtiennent zéro : ils ne possèdent pas les bases de l'orthographe courante.

Þ sept élèves sur dix n'obtiennent pas la moyenne ; seuls trois élèves sur dix démontrent une maîtrise au moins moyenne de l’orthographe de leur langue.

Þ la moitié des élèves a moins de 5/20 ; un élève sur deux est donc incapable de rédiger un texte simple sans qu’il soit truffé de fautes courantes.

 

A la rentrée 2000, nous avons proposé d'évaluer les élèves de seconde à partir d'une dictée donnée au brevet des collèges en 1988 et des barèmes en vigueur jusqu’en 1999 (2 points pour une faute de grammaire, 1 point pour une faute lexicale, 0.5 point pour une faute d'accent, à concurrence de 2 pts).

On ne peut vraiment rien trouver de plus délicieux, de plus retiré que ce petit village perdu au milieu des roches, intéressant par son double côté marin et pastoral. Tous pêcheurs ou laboureurs, les gens d'ici ont l’abord rude, peu engageant. Ils ne vous invitent pas à rester chez eux, au contraire. Peu à peu pourtant ils s'humanisent, et l'on est étonné de voir sous ces durs accueils des êtres naïfs et bons. Ils ressemblent bien à leur pays, à ce sol rocailleux et résistant, si minéral, que les routes même au soleil prennent une teinte noire pailletée d'étincelles de cuivre et d’étain. La côte qui met à nu ce terrain pierreux est austère, farouche, hérissée. Ce sont des éboulements, des falaises à pic, des grottes creusées par la lame, où elle s’engouffre et mugit. Lorsque la marée se retire, on voit des écueils à perte de vue sortant des flots leurs dos de monstres, tout reluisants et blanchis d'écume, comme des cachalots gigantesques échoués.

Alphonse Daudet, Contes du lundi

 

56 classes ont fait la dictée, ce qui représente 1724 élèves.

classes

56

élèves

1724

moyenne générale

5,58 / 20

Dans six cas, les résultats ne nous sont parvenus que sous la forme d’une moyenne et de différentes observations chiffrées ne permettant pas un traitement statistique homogène. En l’absence de la distribution des notes, nous n’avons pu inclure ces six classes dans l’analyse suivante.

Moyenne (de classe)

Échantillon : 50

%

Supérieure ou égale à 10

4

8 %

Inférieure à 10

46

92 %

dont :

   

Inférieure ou égale à 8

43

86 %

Inférieure ou égale à 5

26

46 %

 

Notes (des élèves)

Échantillon : 1542

%

supérieures ou égales à 10

459

29,77 %

dont

   

dont supérieures à 15

143

9,27 %

     

inférieures à 10

1083

70,23 %

dont

   

entre 5 et 9,75

330

21,40 %

entre 0,25 et 4,75

322

20,88 %

0

431

27,95 %

 

 

L’analyse de " Sauver les Lettres "

 

 

Voilà qui devrait préoccuper M. Jack Lang s'il veut réellement relever le défi de la lecture et de l'écriture, comme il le déclare encore dans un entretien au journal Le Monde du jeudi 9 novembre 2000 : " Chacun a droit à recevoir une éducation de haute qualité. L'École de la République doit être l'école de l'exigence. D'abord une exigence sur l'acquisition des savoirs fondamentaux, et, avant toute chose, la connaissance et la maîtrise parfaite de la langue nationale. La plus grande injustice, la plus grande souffrance, c'est quand un jeune est privé du droit de voyager dans sa propre langue. Je ferai l’impossible pour gagner la bataille de la lecture et de l’écriture. "

Faire l’impossible ? S’agissant des mesures concernant l’école primaire, il n'est pas sûr qu'en introduisant trop tôt l'apprentissage d'une langue vivante, (mesure-phare de la rentrée), les élèves sauront mieux lire et mieux écrire. Il est sûr au contraire qu’en leur retirant le nombre d’heures nécessaires à l’apprentissage de savoirs fondamentaux, on les conduit vers l’illettrisme. En 1998, M. Jean Ferrier, Inspecteur général de l’Éducation nationale, notait dans un rapport remis à Mme Ségolène Royal, ministre déléguée à l’enseignement scolaire, intitulé Améliorer les performances de l’école primaire, " la qualité des apprentissages et les progrès des élèves sont en relation directe avec le temps consacré aux apprentissages. "

Rappelons qu’au cours de sa scolarité primaire, un élève de l'an 2000 a perdu au minimum l’équivalent d’une année, si l’on compare les horaires de français actuels à ceux qui étaient en vigueur dans le primaire avant 1969. Au collège, le système des " fourchettes horaires " peut conduire, d’un établissement à l’autre, à des écarts tout aussi considérables. Voilà peut-être une explication : plutôt que de chercher à se défausser sur des causes extérieures à l’école couramment invoquées (la société, les effets de la télévision et des jeux vidéo...), l’Éducation Nationale, si elle veut réduire cette " grande souffrance " des jeunes sur laquelle se penche avec tant de sollicitude le ministre, devrait commencer par rétablir les horaires d’apprentissage.

Nous ne sommes pas les premiers à tirer la sonnette d'alarme, à dire qu'il y a urgence : en 1996, une enquête de la Direction de la prospective et de l’évaluation (DPE), ancêtre du nouveau Haut Conseil de l'évaluation de l'école, avait montré que sur une dictée du Certificat d'études de 1920 les élèves d'aujourd'hui avaient des résultats deux fois et demie moins bons que ceux de leurs aînés.

M. Jean Ferrier notait dans son rapport : " Selon les années, ce sont entre 21 et 42 % des élèves qui, au début du cycle III (entrée au C.E. 2), paraissent ne pas maîtriser le niveau minimal des compétences dites de base en lecture ou en calcul ou dans les deux domaines. Ils sont entre 21 et 35 % à l'entrée au collège."

 

On nous dira encore une fois que le public a changé - combien de fois n'a-t-on pas entendu ce refrain ? Le public a changé ? Et alors, qu'est-ce que cela change ? L'école pour tous ne doit-elle pas continuer à avoir pour mission de donner à tous la maîtrise des acquis fondamentaux ? Pense-t-on peut-être que certains élèves en soient incapables, ou pire, n'en aient pas le droit ?

 

Mais les responsables politiques et les responsables de l'Éducation Nationale semblent moins se consacrer à cette mission qu’à cacher les déplorables résultats du déficit d’apprentissage qu’ils mettent patiemment en place.

Il ne s’agit plus d’évaluer réellement, mais de fournir à l’opinion des chiffres rassurants. En juin dernier, par exemple, cette nouvelle dictée du brevet du collège, courte, dont l’évaluation " positive " (il s’agissait essentiellement de " valoriser les graphies correctes "), a été perçue par tous, professeurs, élèves, parents d'élèves, comme une évaluation factice, manifestant un inadmissible mépris pour les élèves eux-mêmes et pour l’effort qu’ils pourraient fournir. Au-delà, en obtenant des moyennes illusoirement élevées, il s’agissait d’une grave tentative pour cacher les réelles difficultés de maîtrise de la langue. Devant le scandale qu’ont constitué, à la session 2000, la brièveté et la facilité de cette nouvelle épreuve, le ministère est rapidement revenu en arrière : le B.O. du 21/12/2000 fixe les modalités du brevet 2001, qui comportera " 12 à 15 lignes d'un texte prenant en compte les exigences du programme en matière de compétence orthographique. " Mais rien n’est dit concernant la récente doctrine de " l’évaluation positive ".

Le culte béat de la " modernisation " et la priorité accordée aux mesures médiatiques valent-ils vraiment que l'on procède encore longtemps au sacrifice de générations d'élèves ? " À partir de maintenant, il y aura tous les quinze jours, l'annonce d'un changement. Un bon matin on se réveillera et on finira par constater que le paysage a été transformé, dit le ministre. "

Nouvo péissage ?

***

Documents accessibles à la page http://www.sauv.net/dict0900.htm

du site du Collectif Sauver les lettres : sauv.net

 

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