Non à la fermeture des préparations aux Capes et à l'agrégation à Bordeaux 3 !


À l'attention de Monsieur Brun, président de l'université Bordeaux 3 "Michel de Montaigne".

Monsieur le Président,

Nous sommes étudiants en Lettres Classiques dans votre université et avons appris votre volonté de ne plus financer, à partir de la rentrée scolaire 2011, les préparations aux concours nationaux d'enseignement suivants : Capes de Lettres classiques, Capes d'Education musicale et chant choral, Capes d'occitan, agrégation de grammaire. Ces fermetures succèdent à d'autres fermetures similaires l'an dernier, concernant les préparations suivantes : Agrégation d'Italien, Capes de Basque, Capes de Portugais et Capes de Chinois.

Les raisons que vous alléguez sont celles d'une "restriction budgétaire" ; pourtant, vous projetez de créer dans le même temps cinq nouvelles licences, intitulées "Licence Culture humaniste et scientifique", "Licence design", "Licence danse", "Licence création et écriture", "Licence Chanson française". Or, le coût de chacune de ces nouvelles licences est si élevé que même en additionnant les coûts des quatre préparations aux concours qui vont être supprimées à la rentrée 2011, le coût total d'une seule de ces licences n'est pas atteint.

Nous en tirons la conclusion suivante : il ne s'agit en rien d'une restriction budgétaire subie, mais d'un choix politique qui, tout en nous privant de la possibilité de préparer les concours de l'enseignement dans notre région, appauvrit considérablement les filières existantes, dans l'intention à peine voilée d'en supprimer la plupart. Que sera donc Bordeaux 3, actuellement "Université de lettres, langues et sciences humaines", lorsque les Lettres classiques, l'Arabe, le Chinois, le Portugais, l'Italien, et, - transformons-nous en devins-, l'Allemand, le Russe, les langues rares, la Philosophie n'y seront plus enseignés ?

Il nous semble que l'université, qui est publique, se doit de préparer aux concours nationaux d'enseignement. Nous n'acceptons pas, Monsieur, vos choix budgétaires, car nous estimons qu'ils constituent un mal pour l'université de demain ; c'est pourquoi nous vous demandons instamment de renoncer à votre projet de fermeture des préparations au Capes et à l'agrégation à Bordeaux 3, et de rétablir dans les plus brefs délais les préparations aux concours d'enseignement que vous avez choisi de supprimer l'an passé, et dont nous avons besoin.

Nous remercions ceux qui ont pris le temps de nous lire, et plus encore ceux qui signeront cette pétition et la feront voyager ! Vous pouvez nous contacter si vous le souhaiez : notre adresse mail est etudiants-lettres-classiques@hotmail.fr.)


Signer cette pétition


Ci-dessous la lettre adressée par le collectif :

À Monsieur Brun, président de l'université Bordeaux 3 "Michel de Montaigne".

Le collectif Sauver les lettres apprend avec indignation votre projet de supprimer à la rentrée 2011 la préparation à des concours d’enseignement, dont le CAPES de lettres classiques et l’agrégation de grammaire qui, faut-il le rappeler, forme elle aussi des professeurs de lettres classiques.

Il relève que ce projet paraît quelques mois après que le président du jury du CAPES de lettres classiques, professeur dans cette même université de Bordeaux 3, a mené une vigoureuse action pour que ce concours continue à valider l'aptitude des candidats dans les trois disciplines français-latin-grec.

Il soutient sans réserve la pétition des étudiants de lettres classiques de Bordeaux 3, qui met en évidence le fait qu’il s’agit là non d’un choix budgétaire contraint, mais d’une orientation qui sacrifie délibérément une formation dont les responsables de l’emploi redécouvrent de plus en plus la valeur, au profit de licences à l’intitulé supposé plus séduisant.

Il déplore que l’autonomie croissante des universités pousse les responsables locaux à privilégier l’affichage, au détriment du respect des premiers devoirs de l'université française, et du souci de répondre aux attentes légitimes d'étudiants engagés dans un projet de culture aussi exigeant que socialement fécond.

Il note qu'étant devenu spécialiste d'épigraphie grecque et historien de la Grèce ancienne, vous avez largement profité de l'enseignement du latin et du grec, que votre projet s’apprête à tuer dans l'oeuf en supprimant la formation et le recrutement des professeurs de lettres classiques. Il estime qu’interrompre une telle transmission revient à construire le pire et le plus aveugle des élitismes.

Dans cet esprit, le collectif Sauver les lettres décide de signer cette pétition et de lui assurer la plus large diffusion médiatique, avec l’intention d’oeuvrer, en collaboration avec les étudiants et les associations qui se reconnaissent dans l’humanisme de progrès, pour le rétablissement des formations menacées.

Collectif Sauver les lettres

03/2011