Lettre ouverte sur les projets d'informatisation généralisée

Lettre ouverte aux responsables de l'Éducation Nationale
suite à l'article du Monde (15/02/2010)1 rapportant
les projets d'informatisation généralisée dans les établissements scolaires


Depuis quelques années, les décideurs de l'EN ont lancé l'école dans une course généralisée à la technologie. Bien entendu, absolument rien ni personne n'a démontré que les élèves apprenaient mieux ni ne réussissaient mieux leurs devoirs et examens grâce à l'informatique. En revanche, la pratique du copier-coller va bon train. Mais ce n'est qu'un aspect du problème.


Pour quoi l'informatisation ?

Eh bien, on se le demande... Cherchons donc :


Pourquoi l'informatisation ?

La course à l'informatisation a pris d'assaut une école qui n'est décidément plus pensée ni plus défendue, en tant que telle, par personne. Sinon, quelqu'un (au moins !), de l'EN, aurait fait l'effort de démontrer l'utilité de l'informatique pour l'enseignement scolaire. En 1999, MD Pierrelée propose de restructurer radicalement l'enseignement en France, supprimant les classes, détruisant le rôle traditionnel du professeur, généralisant l'informatique : il s'agit de changer la définition même de l'école, de l'apprentissage, de l'enseignant. On y arrive, peu à peu, voilà qui semble désormais tristement évident. On veut une tabula rasa sur laquelle on (im)pose maintenant l'ordinateur comme panacée pédagogique. Alors, répétons-le, que personne n'a jamais démontré que l'enseignement par ordinateur fonctionnait mieux que l'enseignement traditionnel pour lequel sont formés les professeurs durant leurs années universitaires. Les arguments qui révèlent que l'informatique n'a pas sa place dans l'école sont infinis, précisément parce que l'informatique n'est pas compatible avec la notion même d'école. Quand l'informatique aurait complètement rempli son office, il n'y aurait plus d'école à proprement parler.

Il y a dix ans, lors de la parution d'un ouvrage de MD Pierrelée qui fit date, les fameux Lurçat s'insurgeaient déjà contre ces idées informatophiles (nouvelle perversion sexuelle) : http://pagesperso-orange.fr/claude.rochet/ecole/docs/lurcat.pdf. Les idées qui y sont exposées pourraient elles-mêmes faire l'objet d'un ouvrage d'ampleur redéfinissant l'école face aux enjeux de la modernité technologique.

Un professeur de lettres inquiet des dérives graves et inquiétantes de l'Éducation Nationale


1 http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/02/15/les-douze-priorites-de-la-cyber-education_1305809_3224.html
Lire aussi sur ce site : NTIC à l'école : un pas de plus dans l’enseignement taylorisé d’une pensée taylorisée ?

02/2010