Notions de grammaire au collège : répartition et progression

On trouvera ci-dessous une sorte de résumé du programme en langue française, mais qui distingue clairement ce qu’il convient d’étudier (grammaire de phrase, conjugaison, lexique) de ce qui apparaît de plus en plus comme superflu (communication, grammaire dite de texte ou de discours) et qui a proliféré au détriment de l’essentiel.

En caractères gras sur fond grisé, donc, l’indispensable. On devrait même ajouter : plus que jamais nécessaire. Les supports modernes de communication instantanée qui appauvrissent la langue des jeunes de façon spectaculaire, exigent en contrepartie un effort d'intelligence de la langue complexe, cette " haute langue " que Philippe Meirieu feint de découvrir aujourd’hui. L'enjeu est de civilisation. Comme toutes les langues, cette " haute langue " s'apprend par immersion et le professeur s'efforcera, à l'oral notamment, d'employer toutes les ressources de la syntaxe et du vocabulaire face à ses élèves, quitte, souvent, à les dépayser, mais aussi les charmer. Cependant cette immersion ne suffit pas : il faut une forme d'intelligence grammaticale, qui, bien qu’elle ne relève pas d’une érudition d’un autre temps, commande toutefois un travail patient et méthodique qui s'est largement perdu au collège, au fil d'innovations pédagogiques hasardeuses ou désespérées et d'horaires de français sauvagement amputés : on n’enseigne plus la grammaire correctement.

Grammaire, donc. Grammaire pour tous ! Par rapport au programme officiel, un recentrage est opéré ici sur la grammaire de phrase, très malencontreusement oubliée depuis des décennies.

Pour le reste, le superflu, en somme, tout ce qui n’est pas en gras, on distinguera ce qui est suivi d’une astérisque (*) de ce qui ne l’est pas. L’astérisque marque des notions souvent sophistiquées de linguistique de l’énonciation ou de pragmatique, très mal expliquées dans les manuels et dont un élève de collège peut très bien se passer. Ce qui n’est pas suivi d’une astérisque peut être étudié si l’on a le temps et si l’essentiel est acquis…

Une heure de grammaire méthodique par semaine au collège paraîtra un minimum à n’importe quel enseignant un peu sérieux.

Quant à l’orthographe (qui n’est pas directement abordée ici), elle devrait faire elle aussi l’objet d’heures spécifiques (1h par semaine également). Cet enseignement, s’il doit dialoguer avec le cours de grammaire, relève d’une progression qui lui est propre.

Dans l’optique qui est la nôtre, il va sans dire que les horaires du français au collège (notamment au cycle central : quatre heures !) sont tout à fait dérisoires.

Il faut pourtant répéter inlassablement qu' être "mauvais" en orthographe n’a rien d’une fatalité (qui serait plus ou moins inhérente à notre époque ). Etre incapable de rendre une pensée complexe par une phrase complexe, à l’écrit aussi bien qu’à l’oral, n’est pas une malédiction ni une décadence. Les élèves pourraient progresser si tous les enseignants, aidés par des programmes intelligibles et cohérents, affranchis des élucubrations didactiques obsolètes (la " séquence ", par exemple, virus qu’on laisse encore se propager par égard pour ses concepteurs et en attendant les dix millions d’analphabètes) consacraient suffisamment de temps à l’étude de la langue et à l’orthographe, chaque semaine : du temps pour les leçons mais aussi du temps pour les exercices. Du travail en petits effectifs, comme autrefois.

Notamment apprentissage ou révision systématique des flexions (radical, désinences, irrégularités) Les considérations temps /aspect/mode ne sont abordées que très simplifiées, sans " gros mots ". Pour l’aspect l’accent est mis sur l’opposition achevé/inachevé. On pourra même sans détailler ces concepts, parler d ‘ " emploi " des temps. L’opposition imparfait vs passé simple, par exemple, est explicitée.