Communiqué de presse du 29 juin 2012


Le français au brevet 2012 : niveau sixième.

Après la dernière refonte des programmes, après les diverses circulaires parues ces dernières années, où l'on a clairement insisté sur la nécessité d'une bonne maîtrise du français et donc de son enseignement, après les travaux récents des chercheurs pointant tous l'urgence d'un enseignement raisonné de la grammaire, on pouvait espérer que le sujet du D.N.B. 2012 (Diplôme National du Brevet, passé en fin de troisième du collège) eût ménagé une part consistante à la connaissance de la langue. Il n'en est rien.

Dans l'épreuve de français, une question en effet portait sur le style indirect libre. Pour le reste, on n'interrogeait sur aucun des points du programme de troisième, et c'est à la première année du collège qu'il faut remonter pour saisir l'esprit du questionnaire proposé cette année aux candidats. Celui-ci portait en effet presque intégralement sur la seule compréhension littérale d'un début de conte ; à une seule question près le D.N.B. 2012 était donc une épreuve de sixième. Même la "réécriture" relevait de ce niveau : accorder trois adjectifs qualificatifs au pluriel, transformer deux verbes au passé composé. Par ailleurs, on demandait aux candidats de détailler la formation de l'adjectif "incomparable", mais on ne leur posait aucune autre question de langue - aucune relation entre deux mots n'était à expliquer (pas de fonction grammaticale), aucune catégorie de mots à identifier (pas de nature) : c'était une épreuve de sixième sans grammaire. Nul doute que l'on informera très vite ceux qui montent l'an prochain en troisième : inutile de travailler pour le brevet, les souvenirs de sixième suffisent ; quant à la grammaire, on n'en parle plus.

Les professeurs du collectif Sauver les lettres protestent vivement contre la logique du socle commun au rabais qui triomphe ici : le niveau de référence de la dernière année de collège est maintenant celui de la première, c'est-à-dire le plus bas, et la réflexion sur notre langue est presque totalement ignorée. Ils demandent la réhabilitation d'un brevet des collèges qui respecte les candidats et leurs professeurs en s'appuyant principalement sur le programme national de troisième.


Collectif Sauver les lettres