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ÉAF 2000

Voir les sujets : séries générales.


Analyse des sujets, par Agnès (académie de Rouen).

Pour le sujet 1 :

  • On peut contester le choix du texte : réduire La Fontaine à de l'argumentation, c'est faire du texte un prétexte à l'explication d'une thèse trop simple pour un niveau bac ; nul besoin d'un gros effort pour la percevoir !

  • Les questions trop simplistes : la question 1 demande un champ lexical explicitement désigné (niveau 6e ou 5e), la question 4 demande un référent évident.

  • Évolution vers le QCM : la question 1 le permet (trois pts pour trois éléments de réponse, dont les deux premiers pourraient relever de la case à cocher ; seul le troisième élément - pourquoi ce champ lexical ? - demandait réflexion et rédaction ; mais il ne rapporte qu'un point, donc rien de discriminant pour les bons élèves).

  • Surnoter : nul besoin de pression sur les profs ! il suffit d'accorder des points exorbitants à des questions simples... Exemples : 1 pt 1/2 pour le champ lexical de la justice, 2 pts pour une thèse évidente (question 2), 2 pts pour un référent qui ne l'est pas moins et pour lequel on ne demande aucune explication (question 4). Total : on est déjà à plus de la moyenne sur les questions, sans avoir rien prouvé de quelconques qualités en français. C'est le barème lui-même qui fait pression, et peut faire accorder des points à qui sait à peine rédiger. Les consignes de correction (je m'appuie sur celles de l'académie de Rouen) accentuent le phénomène, en émiettant ce barème en demi-points presque obligatoires à accorder lorsque l'on veut les respecter et s'aligner sur les autres correcteurs, même en cas de réponse globalement médiocre.

  • Bilan : questions trop simples, trop bien notées, aucun développement rédigé n'est explicitement demandé, sauf dans la question 3 ("Comment sont-ils présentés ?") mais dans ce cas d'une façon si floue que les élèves ne peuvent percevoir qu'on leur demande une analyse plus fine et l'étude de procédés rhétoriques. Cette absence de consigne explicite relève-t-elle du calcul ? Elle excuse d'emblée les élèves qui n'ont rien perçu, et ne rémunère pas suffisamment (1 pt maximum) ceux qui ont tout vu. Il est donc difficile à un bon élève de se détacher des autres, puisque rien de sélectif ne lui est proposé. Tous les élèves médiocres, en revanche, peuvent obtenir une note apparemment satisfaisante.

  • Le travail d'écriture :

    Un gros problème de formulation : deux sujets en un (une citation et une question)! Embarras donc pour le candidat : lequel choisir ? D'autant plus qu'ils n'étaient pas équivalents : la citation de La Fontaine porte sur la censure et la répression, la phrase ajoutée sur les rapports entre la puissance de la parole et celle de la force répressive. Pourquoi ce sujet double, d'autant plus que la citation de La Fontaine était plus claire, et bien adaptée au programme (pièce du 18e à exploiter), que la maladroite phrase professorale ajoutée on ne sait pourquoi. Du coup on est amené à accepter des devoirs un peu bâtards, qui ont hésité entre les deux phrases, et de toute façon mal interprété le terme "force". Autrement dit, en parasitant les écrivains par une glose maladroite (La Fontaine écrit quand même mieux qu'un prof !), on met les élèves en porte-à-faux, et on dénigre la littérature, qui a le mérite (qu'on lui dénie ici) de parler clair.

    Encore une fois, le laxisme n'est pas explicitement recommandé pour la correction, mais de fait on est obligé de recourir à une relative souplesse, et parfois d'accepter une certaine médiocrité, parce que les élèves ne sont pas mis en demeure de fournir un travail de réflexion clair et organisé, faute d'un sujet de qualité. De ce fait beaucoup de notes, trop élevées, ne sont pas en rapport avec les exigences supposées d'un niveau bac.

    Faut-il y voir un calcul, le souci du pourcentage ? En tout cas le résultat est là : une moyenne académique élevée par rapport à d'autres sessions.


    Pour le sujet 2 :

    L'analyse est encore plus simple, mais liée elle aussi à la médiocrité du texte et des questions qui l'accompagnaient. Texte plat, sans écriture intéressante, qui a donné des devoirs en rapport, qu'il était difficile de pénaliser, puisqu'on n'a offert aux élèves aucun point d'accroche.

    Les questions proposées n'étaient que descriptives (repérage d'un champ lexical, de temps et modes verbaux et de pronoms personnels) et conduisaient à la paraphrase, alors que le seul intérêt du texte (si on lui en trouve un) était sa structure narrative, le jeu entre l'anticipation et la réalité. Les élèves, qui font trop confiance au sujet et se sont sans doute censurés, ont suivi les maigres pistes que leur donnaient ces questions sans oser s'en écarter, et le texte et ses questions les ont ainsi menés vers la médiocrité. Là encore, difficile de voir où est le bon élève ! et un écrasement significatif des notes, sauf pour les quelques courageux qui ont choisi la liberté.

    Le choix du texte est-il démagogique ? Un texte trop simple, une thématique accrocheuse, une date récente ; a-t-on voulu faire "moderne" ? Là encore, il aurait dans ce cas fallu choisir la qualité.


    Pour le sujet 3 :

    Problème là aussi, comme si l'on voulait décourager les élèves de la dissertation, et utiliser ensuite la prudence des meilleurs devant des sujets mal faits pour supprimer l'exercice...

    Pour la série L : la citation proposée concernait davantage le valet du 17ème siècle, alors que le programme national portait sur celui du 18ème... Les élèves qui l'ont senti, ou avaient étudié Marivaux, se sont peut-être portés sur un des deux autres sujets.

    Pour les ES et S : là encore, un sujet double ! Fallait-il parler d'une "conception" divertissante et émouvante "de la littérature", ou de l'orientation des théories naturalistes ? Certains élèves se sont intéressés à la première question, mais se sont trouvés forcément démunis devant son ampleur... Un sujet mieux formulé les aurait mis plus à l'aise.


    Conclusion :

    On ne peut parler de "consignes" de laxisme. Ce laxisme est plus pervers : il repose tout d'abord sur le simplisme des questions (sujet 1 et 2) ; ensuite, le barème à lui seul en tient lieu, éventuellement aggravé de consignes locales pointilleuses qui dissèquent les points entiers en demis. Aucun besoin de pression explicite donc.

    Par ailleurs, le choix discutable des textes (sujet 1 et 2) ou la mauvaise formulation des sujets ( sujet 1 et sujet 3) conduit automatiquement à l'indulgence envers des élèves désorientés, comme si on avait cherché à la créer de toutes pièces.

    Que cherche-t-on à faire avec ces épreuves médiocres ? De bons pourcentages avec de mauvais sujets, à coup sûr. Utiliser nos protestations contre le choix des sujets pour justifier leur changement ? De façon plus retorse, discréditer l'épreuve aux yeux de tous, pour mieux la supprimer ?...


    Les modérateurs, par Robert (académie de Versailles).

    Il semble que la politique pour le choix des modérateurs ait été concertée.

    1 - Ils ont été multipliés (un modérateur, parfois, pour deux ou trois profs. Ainsi, l'inspection est sûre que la bonne parole sera transmise en stéréo.

    2 - A Gonesse par exemple, ont été expressément choisis par l'inspection deux collègues jeunes, et qui n'enseignent au lycée que depuis deux ou trois ans... Des témoignages allant dans le même sens dans l'académie de Créteil.


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