Vairrifiés vou maime, le nivô monte…

Un aperçu de l’ordinaire des copies.


Voici des extraits, hélas représentatifs de l’ensemble des copies reçues, relevés dans les copies de trois classes différentes. ( Deux secondes générales et une première ES dans un lycée à recrutement social varié, qui obtient régulièrement entre 87 et 95 % de réussite au baccalauréat selon les séries, dont près de 90% de reçus à l’issue des premières épreuves.) Ces exemples qui permettent d’imaginer combien il est aujourd’hui difficile de corriger des copies sont suivis d’une analyse des causes susceptibles d’expliquer un tel désastre.

Divers experts autoproclamés de l’Éducation Nationale, qui se répandent dans les médias, ironisent sur la dégradation de l’orthographe ou reconnaissent du bout des lèvres une baisse de l’orthographe, tout en prétendant que le niveau monte. M. H.Hamon, par exemple, expert du Haut Conseil de l’Évaluation, qui raille les " Cassandre " dénonçant la baisse du niveau et l’importance, excessive selon lui, accordée à cet enseignement. En soixante-huitard typique, lui qui a bénéficié d’un solide enseignement de la langue auquel il doit son gagne-pain et son pouvoir médiatique, justifie le refus d’enseigner la langue des " dominants " aux élèves actuels, sachant pourtant que les premières victimes en sont les enfants qui ne peuvent apprendre à bien s’exprimer qu’à l’école. Il se moque de " l’attachement passéiste " à " un code de reconnaissance sociale ", en voulant oublier que sur le marché du travail, la maîtrise de ce code est de plus en plus discriminante. Et malheureusement, ce journaliste, par ailleurs expert du HCE, dispose de chambres d’échos diverses et variées, tandis que le livre de simples professeurs, G.Morel et Guy Tual-Loiseau, L’Horreur pédagogique paru à la rentrée 2002, qui montrait, la réalité des copies de bac, est loin d’avoir eu le retentissement qu’il méritait. Les responsables politiques préfèrent les réalités lointaines et filtrées et les journalistes préfèrent souvent s’en tenir aux noms connus.

Mais les erreurs commises ne portent pas sur les raffinements orthographiques qui amusent les amateurs des dictées de B. Pivot, ni même sur l’orthographe d’usage. Ce que montrent les exemples ci-dessous, c’est que les élèves ne comprenant absolument pas certaines phrases, pourtant simples, écrivent des textes d’une syntaxe aberrante, dépourvus de tout sens. Ces exemples montrent également que la disparition de l’enseignement de l’orthographe empêche aussi l’apprentissage du vocabulaire, dont on constate un très grave appauvrissement, et complique singulièrement la compréhension des énoncés dans toutes les matières. Bien des professeurs de mathématiques constatent que - même dans une Première S- un théorème exprimé à la voix passive perturbe les élèves. Il y a bien longtemps que, pour éviter les erreurs de compréhension, des maîtres de conférence ont supprimé le verbe " substituer " des énoncés de devoirs donnés à des étudiants scientifiques, pourtant sélectionnés, en deuxième année d’IUT ou en école d’ingénieurs.

Voici par exemple des types de fautes très fréquemment rencontrées aujourd’hui, même dans des copies d’élèves qui travaillent et réfléchissent mais écrivent dans le flou le plus total :
" Les refrains recueiullient par les héros "…. " Les sceaux remplient d’engrais "
" Il publi " " Il publit " " Il évolu " " Il cotoit " " Il travail " " la question est débatut "
" les idées voltairiennent " " ayant était sur place " " il se fait emprisonné "
" Le titre renvoi clairement à " " La peur les envaïs " " Les garçons portes des seaux "
" L ‘absence de leurs proches les touchent " ou " les touches " " L’âge les opposes "
" une teinte noir " " des œuvres tel que " " une couleur local " " des conflits perpétuelles "
" cet dispute " " Purmant " " axcepter " " il èxagére " " trés petit " " assè petit "
Confusions entre réactionnaire, révolutionnaire et réfractaire.
" Le reigne du président Mao Zedung " ( plusieurs exemplaires dans une même classe)

Quel mot reconnaissez-vous derrière ces graphies qui montrent que les élèves sont incapables de raisonner par rapport à un radical et en fonction d’un contexte, faute d’avoir eu un horaire et des programmes leur permettant d’apprendre les bases de leur langue au primaire et au collège ?
" eccuielles " "éccueueilles "(2ex) " écueilles "(4ex) " eccueuilles " " éccueil "
" rockayeux " " rocqualleux " " roccailleu " " rochalleux " " rocqualleux " " roquaillleux " " roquaïeux "
La réponse est rocailleux, le texte de la dictée est donné à la fin de cet article.

La plupart des fautes mentionnées dans cette analyse ont été relevées en plusieurs exemplaires dans chaque classe. Un élève ayant bénéficié de cours de vocabulaire et d’orthographe dans les années 70 aurait appris à chercher un radical et à le chercher en fonction du sens du texte ; au lieu d’inventer, il aurait donc raisonné ainsi : le texte décrit la nature : rocher, roc, rocaille, rocailleux.

Suite des devinettes :

Quels mots reconnaissez-vous derrière ces graphies ?
" Erricé " " ericé " " irrissé " " éricé " " interescent " " intérêssant "
" éttoné " " comptes du lundi " " comtes du lundi "
" austhaire " " hausterre " " hostère " " ostère "
" tailletée " " pailleutée " pour " pailletée "
" mujie " " émugies " " émujies " " et mugies " " mugient " pour " et mugit "
" étin " " éteint " " éteins " pour " étain "
" éccueueilles " " écueilles " " eccueuilles " " éccueil " " eccuielles " " équeilles " " écueille " " éceuil " etc…
" ils se ménisent " humainise ", " umanise " pour " ils s’humanisent "
" falaise à piques " " apiques " ( plus de 20 exemples ) " alpique " pour " falaises à pic "

" au contrair " " on voie " " au milieux "
" pêcheure " " laboureur " " l’aboureurs "
" ont labeur rude " " en laborent rude " " on l'abor " " on l’abord "
" on l'abore " " ont labore " " ont la bord " pour " ont l’abord rude "
(nombreux exemples pour chaque cas)

On comprendra par ces quelques exemples pourquoi les inspecteurs ont voulu prudemment remplacer les dictées comme les contrôles par des " évaluations " diagnostiques " et " formatives " [1], et comment on en est parvenu à la glorieuse dictée dénoncée par " Sauver les Lettres " en juin 2000, l’année où arrivaient au brevet les premiers élèves victimes, au primaire et au collège, des baisses d’horaires, ainsi que d’absurdes modifications de programmes et de méthodes instaurées par la loi d’orientation de 1989. Les pédagogistes, l’Inspection de Lettres comme les services de M.Thélot, ex-directeur de la Direction de L’Évaluation et de la Prospective, ne se préoccupent en effet que de la manière d’obtenir des statistiques présentables pour leurrer les parents. Ceux-ci essaient de plus en plus de donner par des cours payants ou par un suivi familial les bases qui ne sont plus transmises à l’École. Les plus grands bénéficiaires de ces réformes réduisant horaires et contenus ont bien sûr été les entreprises de cours à distance comme Anacours, Acadomia, etc…qui ont connu un développement fulgurant en quatre ans grâce aux réformes d’Allègre, et ce, au moment même où l’Europe imposait à l’État français une augmentation des tarifs du CNED. Depuis le traité de Maastricht, l’enseignement à distance est en effet considéré comme un " service ", et comme tel soumis aux règles de la concurrence fixées par l’OMC dans le cadre de l’AGCS [2].

Or, la loi Fillon revendique sa continuité avec la loi Jospin de 1989. Beaucoup de familles ont pu s’étonner de la différence de capacités entre des frères et sœurs ou des cousins n’ayant que deux ou trois ans d’écart, mais séparés par la mise en application de la loi de 1989. On voit ce qu’on peut craindre de la poursuite d’un programme de destruction de l’Éducation nationale, prise en étau entre les lois de décentralisation et les directives européennes, alors que " l’exception française " a pendant longtemps offert un système d’enseignement public moins inégalitaire et plus efficace que celui d’autres pays européens.

Voici quelques définitions données par les élèves de termes choisis dans de texte d’A. Daudet retenu pour la dictée.


I / Vocabulaire

Définir les mots et expressions :

" austère ", " pastoral " (i.e. champêtre ), " ont l’abord rude "
" Hostaire " : " quelque chose de repoussant , pas amical. (hostil) "
" oster " " définit un endroit sombre, vétuste. "
" hostère " : " peu acceuillant "

" ont labeur rude " " signifie que les personnes en question ont un travail dur, fatiguant "
" ont l’abord rude " : " c’est à dire qu’ils ne sont pas très sociable quand on les approchent "
" Ont l’abord rude " " exprime des gens peu abordables, peu cotoyables. "
" On la bore rude " : " le visage crispé, non chaleureux. "

" Pastoral " " signifie le côté pieux, religieux du village "
" L’adjectif pastoral est l’adjectif pour le mot pasteur donc qui est lié à l’église. "
" Pastoral " : " c’est à dire qu’il y a des champs, de la terre. "
" pasteural " : " un genre ou un côté pasteurale signifie le fait des couleurs pastelles et de la matière rugueuse. "
" lorsqu’on parle d’un côté pastoral , on veut parler d’un côté où tout le monde est renfermé sur lui-même. De plus, on veut aussi parler du côté triste dans le décor ; Pastoral est de la famille du mot Pasteur qui est l’équivalent de l’imame pour les musulmans mais pour les protestants. "
" pastoral " signifie la verdure, le sol en lui-même avec ses plantes "
" pastoral veut parler du côté religieux du village "
" pasteural pasteral "


II / Grammaire

1 / Donner la fonction de

" double " : (épithète du nom côté)
-" adjectif qualificatifs de numération "
-" adjectif d’énumération " " Adverbe qui amplifie le côté marin "
-" Ce mot a pour fonction de réunir et mettre en relation les deux adjectifs " marin " et " pastoral "
-double : adjectif d’énumération "
-" adj. Quantitatif "
-" complément du nom côté "
-" adjectif qualificatif numéral "

" d’ici " : complément du nom gens
" ici " " CCL "
-" Complément circonstanciel de lieu "
-" CCL-" d’ici " est un COD "
-" e mot a pour fonction de rapprocher le lecteur du texte. En effet, en utilisant " ici ", l’auteur utilise un mot exprimant la proximité. "

" étonné…. " : attribut du sujet " on "
" étonné " … " prop subord conjonctive introduite par la conjonction de coordination " et ". "

-" base verbale suivie d’un COI "
-" que…roches " " COI du verbe trouver "

3 / Metter la dernière phrase au plus- que- parfait (sic)

-" Lorsque la marée s’était retirée, on eut vu des écailles à perte de vue sortant des flots leurs dents de monstres tous reluisant et blanchies d’écumes, comme des cachalots gigantesques échoués. "
-" Lorsque la marée s’était retiré on avait vu (ou vue ?)des écueuille à perte de vue sortant des flots leurs dos de monstre tout reluisant et blanchie d’écume comme des cachalots gigantesques échoués. "
-" Lorsque la marée fut retirée, on vut des écueilles à perte de vue sortant des flots leurs dos de monstres tout reluisant et blanchit d’écus comme des cachalot gigantesque qui furent échoués. "
-" Lorsque la marée s’était retirée, on eût vu des écueils à perte de vue, sortant des flots leurs dos de monstre, tout reluisants et blanchits d’écume comme des cachalots gigantesques qui avaient été échoués. "
-" Lorsque la marée s’eut rétirée, on eu vu des écueils à perte de vue, sortant des flots leurs dos de monstre, tout reluisant et blanchit d’écume comme des cachalots gigantesques échoués. "
-" Lorsque la marée fut retirée on vu des écueil à perte de vue sortant des flots leur dos de montre. "

4 / Metter la phrase suivante au passif (sic)

" Les pêcheurs ou les laboureurs ne vous invitent pas à rester chez eux , au contraire. "
-" L’abord rude des gents d’ici, de tous les pêcheurs ou laboureurs est peu engagent. "
-" L’abord rude et peu engageant est une des caractéristiques des gens d’ici, tous pêcheurs ou laboureurs "
-" Tous pêcheurs ou laboureurs, les gens d’ici ont l’abord rude, peut engageant. "
-" Tous pêcheurs ou laboureurs, l’abord rude, peu engageant avaient eû les gens d’ici "
-" La Bore rude et peu engageant, avaient été tous pêcheurs ou laboureurs. "
-" Un abord rude peu engageant ont les gens d’ici, tous pêcheurs ou laboureurs. "
-" Tous pêcheurs ou laboureurs, les gens d’ici ont là bord rude. "
-" la bord rude avait été eu par les gens d’ici, peu engageant. "
-" Peu engageant et à l’abord rude, les gens d’ici sont tous pêcheurs et laboureurs. "
-" Tous pêcheurs ou laboureurs, l’abord rude est aux gens d’ici, peut engageant. "
-" L’abord rude des gens d’ici est peu engageant ceux sont des pêcheurs et des laboureurs. "
-" Tous pêcheurs ou laboureurs, rude est l’abord des gens d’ici, peu engageant. "

5 / Expliquez ce qu’est un sujet inversé puis donnez un exemple

-" Je n’ai pas vu en seconde le sujet inversé. "
-" Un sujet inversé c’est quand on fait passé une phrase qui est à l’actif au passif. Pierre visitera la maison lundi. "
-" Un sujet inversé est une phrase où le sujet est après le verbe. "
-" Un sujet inversé est un sujet qui se situes après le verbe. Ex : c’était le meilleur. Paul les avait tous mis KO. "
-" Un sujet inversé c’est un COD qui devient sujet quand on met une phrase au passif =
le chat a mangé la souris "
sujet COD
" la souris à été mangée par le chat "
sujet inversé COI
- " Le sujet inversé est non pas construit sur la base " sujet +verbe +complément " où dans le cas normal le sujet est placé en tête de la phrase devant le verbe mais à la fin de la phrase souvent placé dans les questions. "
-" Un sujet inversé est un sujet dont la phrase est formé dans le désordre. "
-" Un sujet inversé n’est pas devant le verbe, comme par exemple à la voix passive. Etant occupé, il n’a put répondre au téléphone. "
-" Un sujet inversé, c’est lorsque le sujet de l’action est celui qui subit cette action
Ex : la souris est poursuivit par le chat. "

6/ Expliquez la règle d’accord du participe passé avec les auxiliaires " être, avoir et en l’absence d’auxiliaire.

-" Quand le verbe est placé avant l’auxiliaire, il s’accorde, que ce soit avec l’auxiliaire être comme l’auxiliaire avoir. Si le verbe est placé après l’auxiliaire, alors il ne s’accorde pas. "
-" Avec être, le verbe au participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
Avec avoir : si le sujet est avant le COD alors le verbe au participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. Si le sujet est aprés le COD le verbe ne s’accorde pas :
La pomme que j’ai prise J’ai pris une pomme.
Sans auxilliaire : le verbe au participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet auquel il est rataché : une page dechirée "
-" Avec l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde pas, sauf si le COD est placé avant le nom. Sans auxiliaire, le participe passé s’accorde comme avec l’auxiliaire être. "
-" Ca se conjugue que avec être mais pas avec avoir. "
-" Dans une phrase, lorsque celle-ci est construite avec l’auxiliaire le participe ne s’accorde pas avec le sujet ( J’ai perdu mon chat) alors que dans le cas où l’auxiliaire est " être " il s’accorde avec le sujet ( la chemise était perdu) Sans auxiliaire, il s’accord ( le verbe) s’accorde avec le sujet. " (Sic)
-" Au participe passé, quand l’auxiliaire utilisé est " être ", l’adjectif s’accorde avec le sujet . (Exemple : elle est cassé ) Quand l’auxiliaire est " avoir " l’adjectif ne s’accorde pas avec le sujet. (exemple : Ils ont creusé) "
-" Avec l’auxiliaire être, le participe passé s’accorde toujours avec le sujet. Avec l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde avec le COD si celui-ci est placé devant l’auxiliaire avoir. "
-" Quand le verbe est placé avant l’auxiliaire, il s’accorde, que ce soit avec l’auxiliaire être, comme avec l’auxiliaire avoir.
Si le verbe est placé après l’auxiliaire, alors il ne s’accorde pas. "
-" Avec l’auxiliaire avoir, le verbe est au participe passé car il ne s’accorde pas ac ( Sic ) le sujet de la phrase "
ex : " Elle a bien joué. "
avec l’auxiliaire être, le verbe est au participe passé mais s’accorde ac le sujet de la phrase.
Ex : " elle est partie "
Sans auxiliaire, le verbe au participe passé s’accorde ac (Sic) le sujet comme si le verbe être était présent dans la phrase. Ex : les garçons, partis… "
-" Au participe passé avec l’auxiliaire être, on accorde en genre et en nombre tandis qu’avec l’auxiliaire avoir on n’accorde pas sauf si le COD est placé avant - au participe passé on accorde pas avec l’auxiliaire être cela reste invariable, avec avoir on accorde avec le sujet, sans auxiliaire ont accorde aussi "
-" L’auxilliaire être s’accorde toujours avec le sujet et le verbe n’aurat que la marque du pluriel ou du masculin. (Sic)
L’auxilliaire avoir s’accorde toujours avec le sujet et le verbe ne s’accorde pas avec le sujet "
" Le verbe s’accorde avec le sujet "
-" Le participe passé ne s’accorde pas avec l’auxiliaire avoir mais s’accorde en genre et en nombre avec l’auxiliaire être "

Nous objectera-t-on encore que les difficultés des élèves tiennent à la complexité de l’orthographe française ? Ils ne distinguent plus les noms des verbes, le masculin du féminin, même quand la prononciation change beaucoup ! Par ailleurs, l’orthographe française se serait-elle complexifiée en quatre ans au point d’expliquer la très importante baisse constatée ? La suppression- accélérée depuis quatre ans d’un très grand nombre de classes de langues anciennes prive les élèves de connaissances étymologiques et de cours de grammaire qui les aidaient pour le français. Dans les académies expérimentant la LOLF [3], latin et grec sont laminés. Peut-être faut-il préciser que ces élèves sont parfaitement sains d’esprit, mais on peut constater que leur intelligence est emprisonnée dans leur incapacité à s’exprimer. Il en va de même lorsqu’ils cherchent à donner une opinion personnelle.


III / Les responsabilités de l’Éducation nationale et notamment des Inspections.

Certes le développement du texto, dans les SMS et les " chats " contribue à empêcher l’apprentissage de l’orthographe ou à la dégrader. On voit désormais des élèves essayer de prendre des notes en texto au lieu de s’entraîner à l’usage des abréviations convenues, mais on constate que les élèves qui acceptent de renoncer à cette pratique et de limiter leur usage du texto améliorent leurs résultats. Cependant, il faut dénoncer les responsabilités de l’Institution dans ce désastre qui s’accentue très rapidement et continuera à s’accentuer. Les concours d’entrée à l’IUFM sont d’un laxisme coupable et la formation en grammaire quasi-inexistante et absurde. La grammaire prescrite par les IUFM et les inspections du primaire comme du secondaire inverse la logique des apprentissages : elle place le complexe avant l’élémentaire, la phrase avant le mot, par exemple, comme le montre l’examen de n’importe quelle table des matières d’un manuel de CE2 ou de 6ème. Elle est fondée sur la grammaire " de texte " et de " récit ", autrement dit sur des notions utiles pour l’explication de textes mais qui supposeraient au préalable la connaissance de " la grammaire de phrase ",(les anciennes analyses grammaticale et logique) qui, elles, ont disparu des programmes. Pour ajouter au désastre, les IUFM et les inspecteurs du primaire prescrivent un constructivisme qui amène par exemple à demander à des enfants de CE2 de classer des mots, à leur gré, sans leur expliquer quelles sont les natures et fonctions des mots, sans leur expliquer non plus qu’il existe des classes de mots et quelles sont les fonctions envisageables pour chaque catégorie. Certains enfants restent désemparés, bien conscients de l’arbitraire et de l’inutilité du classement qu’ils pourraient proposer : " Je n’écris pas parce que mon classement ne va pas vous plaire. "

Des inspecteurs de lettres continuent à prétendre que " la grammaire de phrase ne permet pas d’accéder au sens. " et interdisent donc l’enseignement de ce que les parents des lycéens actuels appelaient autrefois " analyse logique " et " analyse grammaticale ". Ils imposent aux stagiaires des IUFM comme aux professeurs en exercice " l’enseignement par séquences " qui interdit la répartition de l’horaire hebdomadaire de français en une heure de grammaire, une heure d’orthographe, une heure de rédaction, deux heures d’explication de texte par exemple,( ce qui donnait des repères aux élèves et aux parents, permettait aussi de savoir quel manuel apporter selon les jours.) Les " séquences " prétendent étudier des textes groupés par thèmes et, lors de chaque explication de texte, un point de grammaire, une technique de rédaction ou deux, quelques mots de vocabulaire. Dans la pratique, d’une part, les élève en oublient le sens du texte ou saturent, après trois ou quatre heures d’utilisation du texte comme prétexte à l’étude d’un point de grammaire, puis de narratologie, puis de rédaction, etc… D’autre part, il est impossible dans ces conditions (on étudiera par exemple quatre textes sur le loup), de respecter une progression grammaticale logique, allant du simple au complexe. Ainsi les élèves verront-ils la proposition de but avant d’avoir appris les emplois du subjonctif et la conjugaison au subjonctif de verbes courants. (Les confusions entre " est " et " ait " sont ainsi constantes en seconde comme en terminale.)

Au primaire, il n’est pas prévu d’enseigner la nature des mots et beaucoup de jeunes maîtres en seraient bien incapables. Les élèves rendus au lycée et les étudiants à l’université continuent donc comme on l’a vu , par divers exemples, à confondre verbes et noms, adjectifs et verbes ou adverbes, etc… ( " les idées voltairiennent ", " il les brûles ") Ils développent donc logiquement un sentiment d’arbitraire par rapport à leur langue parce qu’elle leur est présentée de façon aberrante, très compliquée et desséchante, et l’étude des autres langues en pâtit évidemment, d’autant que le refus de la grammaire sévit désormais dans toutes les Inspections de langue.

Les réunions pédagogiques organisées par les inspections interdisent désormais " l’enseignement systématique " de la grammaire, même en allemand et en italien. Les élèves doivent apprendre par magie -prononcez " imprégnation "- à raison de deux ou trois heures par semaine dans des classes de 35, 37 ou 38 élèves, qui mêlent assez souvent des élèves apprenant une première langue et une seconde langue. Un inspecteur d’anglais a récemment reproché à un jeune professeur d’avoir repris un élève disant " He say " en glissant " He says " ; elle avait bridé la spontanéité de l’élève ! Un inspecteur de lettres à qui on montrait les résultats du test évoqué ici pour la classe inspectée a dédaigneusement écarté le tableau de résultats, demandant en quoi " reconnaître un adjectif épithète servait à expliquer un texte ". Pas de commentaires sur l’incapacité de la plupart des élèves de la classe à mettre une phrase au passif… Il est donc plus que temps de regarder la situation en face :

Sont très gravement atteintes, à cause du manque de vocabulaire et de l’ignorance de la grammaire, l’expression orale aussi bien que l’expression écrite. (L’une des phrases les plus fréquemment entendues en cours est : " Je ne sais pas comment dire, j’trouve pas le mot, mais si, vous savez bien… ")

Sont atteints les élèves de toutes les classes sociales, y compris les plus aisées, y compris lorsque des parents attentifs et cultivés essaient d’aider leurs enfants. Ceux-ci limitent cependant les dégâts.

Les élèves les plus touchés par l’absence de maîtrise de la langue sont évidemment d’abord ceux des milieux dits " défavorisés " et il ne faut pas s’étonner de la régression sociale provoquée par les pédagogistes, les fanatiques des méthodes globales et les " sociologues d’État " qui se permettent pourtant de critiquer l’élitisme de l’École de la troisième république. Le livre de S. Beaud, 80% au bac, et après ? est éclairant à cet égard et l’excellent ouvrage de F. Poupeau, Une sociologie d’État montre comment fonctionnent les réseaux institutionnels et informels qui, depuis trente ans, ont progressivement détruit l’Éducation nationale à coups de " réformes " et ont bien l’intention de continuer. Or, la baisse du niveau et les problèmes de discipline, de violence s'accentueront, comme le montrent la très importante dégradation constatée en quatre ans et la baisse prévisible par ce que nous disent instituteurs, professeurs de collège et parents d'écoliers et de lycéens. Quand donc les milieux professionnels, si actifs pour dénoncer la prétendue hostilité des enseignants d'économie au monde de l'entreprise, se décideront-ils à faire savoir qu'ils ont besoin qu'on revienne au bon sens à l'école, qu'on restaure d'urgence, notamment en français et en mathématiques, un enseignement logique, progressif, très clairement structuré ; un enseignement cohérent d'une année sur l'autre et par rapport aux matières voisines, sous peine d'accentuer encore les difficultés d'insertion des jeunes dans le monde du travail ?

Par le biais de rapports de l’OCDE, à coups de rapports de prétendus experts nationaux et internationaux, de comparaisons internationales biaisées, les grands lobbies européens des nouvelles technologies et des télécommunications ont dicté à la Commission européenne et aux états les réformes qui ont détruit méthodiquement leurs systèmes d’éducation publique. Ils sont en train d’achever même l’exception de l’Éducation nationale française et de gagner leur pari : faire de l’Éducation " le grand marché du XXIème siècle " comme le disait C. Allègre [4]. Le moratoire de dix ans accordé par l’OMC à la santé et à l’éducation prend fin cette année. L’OMC veut les redéfinir comme des " services " et donc les soumettre aux mêmes lois du marché et de la concurrence internationale que les produits industriels ; ce n’est sans doute pas un hasard si une réforme de l’éducation et une autre de la santé sont prévues cette année. Afin que le public se tourne vers l’enseignement à distance pour des cours particuliers et des formations " tout au long de la vie ", il fallait commencer par dégrader le fonctionnement de l’Éducation nationale puis désintégrer cette institution. Les PME et PMI, l’industrie française peuvent-elles supporter les conséquences de ces calculs cyniques ? Même la formation des élites dans nos plus prestigieuses grandes écoles est désormais rabaissée et sera de plus en plus compromise par la dégradation générale contrairement à ce qu’imaginent ceux qui pensent pouvoir mettre leurs enfants à l’abri dans quelques établissements réputés.

Qu’ils ne se laissent pas prendre aux discours ministériels. Rien n’est prévu pour mettre au pas ou changer l’actuel personnel des Inspections et des IUFM qui vont garder leur pouvoir de nuisance et qui défendent avec acharnement leurs sinécures, leurs prébendes et leurs pseudo-expertises truquées. (On peut trouver divers exemples édifiants sur l’art d’améliorer les statistiques dans un article de S.Garcia et F.Poupeau paru dans le numéro de septembre 2003 des " Actes de la recherche en sciences sociales ").

Dans le projet Fillon, la détermination des programmes est confiée à un Haut Conseil de l’Éducation où l’on retrouvera nécessairement les mêmes responsables du désastre, qui du Conseil National des Programmes au groupe de sociologues ESCOL (Meirieu, Dubet, Duru-Bellat & co), du Haut conseil de l’Évaluation à l’INRP et au Conseil Supérieur de l’Éducation créé, malgré les députés, pour recycler Ferry, ex président du Conseil National des Programmes, en passant par la Commission Thélot, l’Observatoire National de la Lecture, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, les Hébrard, Baudelot, Establet, Boissinot, Forestier, etc… ont concocté, dans l’ombre ou dans la lumière, toutes les prétendues " réformes " qui ont progressivement miné l’enseignement français jusqu’à provoquer la situation critique dont parents, media, députés, sont encore loin de mesurer l’ampleur.

Acquérir la maîtrise de la lecture et celle de la langue dans la petite enfance conditionne l’accès aux autres matières et donc la réussite scolaire. Le manque de vocabulaire et d’habitude à manier une syntaxe un peu élaborée rend difficile ou pénible la lecture de la presse écrite. Des journaux se prétendant " de référence " creusent ainsi leur tombe en soutenant obstinément, au nom de la modernité, des " réformes " qui sont déjà responsables d’un important déficit de lecteurs parmi les étudiants et les moins de trente ans. Dans le même établissement, il est devenu beaucoup plus difficile qu’il y a quatre à cinq ans, voire impossible pour des élèves de Terminale ES de lire une page du " Monde ". Beaucoup de jeunes employés éprouvent des difficultés à comprendre des consignes assez simples, bien des jeunes cadres, même sortis d’écoles réputées, ont du mal à s’exprimer s’exprimer à l’écrit de façon claire et correcte, ce qui complique déjà la vie des entreprises. Or, les problèmes s’accentueront comme le montrent la très importante dégradation constatée en quatre ans et la baisse prévisible par ce que nous disent instituteurs, professeurs de collège et parents d’écoliers et de lycéens.

Il est impossible d’espérer la moindre amélioration sans une augmentation importante des horaires dévolus au français et sans changement radical des méthodes comme des programmes d’enseignement. Le " socle " qu’on prétend nous imposer est à l’opposé des besoins de la société et de l’économie ; il aurait paru méprisable aux gaullistes comme aux communistes de 1945. Si, au sortir de la guerre, en 1948, dans un contexte de pénurie, la république française pouvait assurer à tous les élèves de sixième des sections dites " modernes " et des CEG (Collège d’enseignement général) six heures de français par semaine, à tous les élèves des sections dites " classiques " quatre heures de français et cinq heures de latin, il doit être possible de revenir à des horaires et à des méthodes qui ont fait la preuve de leur efficacité. (Des horaires aussi conséquents étaient maintenus aux niveaux suivants.) Il doit être également possible d’abandonner les méthodes et les programmes qui ont manifesté leur nocivité et de renvoyer leurs promoteurs … au pire, " faire du terrain ", pour leur laisser savourer les conséquences de leurs doctes injonctions.

Voici quelques pistes au cas où l’on oserait prétendre que la France actuelle est trop pauvre pour donner à l’enseignement public ce qu’elle lui donnait à la sortie de la guerre :

Supprimer les centres français et européen de recherche sur l’éducation à l’OCDE, payés avec nos impôts et qui ont élaboré la méthode de destruction de notre éducation nationale et de celle des autres systèmes publics européens.

Supprimer les postes de fonctionnaires régionaux recrutés par favoritisme ou clientélisme et doublant des fonctionnaires d’état, les inutiles ou nocifs experts de tout poil abrités au Ministère de l’Éducation nationale et dans les cabinets ministériels.

Transférer au recrutement de surveillants et de professeurs qualifiés les sommes énormes gaspillées sans utilité pédagogique dans les équipements souvent en panne (car privés de maintenance faute de personnel), et vite obsolètes des nouvelles technologies, d’autant que diverses expériences comme celle du département des Landes montrent une importante et très rapide régression du niveau des élèves à qui on a offert un ordinateur portable et des connexions internet [5].

Supprimer les IUFM qui arrivent à employer dix " intervenants " pour faire – mal – le travail d’un professeur d’école normale.

Supprimer le Haut Conseil de l’Evaluation, organe de propagande et de désinformation, dont le première publication assurait que le nombre d’élèves par classe n’a pas d’incidence sur la réussite des élèves - sauf à baisser très fortement leur nombre !- ce qui aurait un coût insupportable. (Elle se fondait sur une étude biaisée de l’OCDE, comparant des classes de troisième et des classes de secondes, plus nombreuses, mais d’un niveau légèrement supérieur évidemment ! )6 Son président C . Forestier, ex-recteur de Versailles, ex-directeur de cabinet de J.Lang nous explique maintenant que le redoublement ne sert à rien ; en fait, il coûte trop cher : 42000 à 45OOOF par collégien redoublant explique-t-on aux stagiaires dans certains IUFM, et aux professeurs lors de conseils de classe depuis cinq à six ans…Il y a une dizaine d’années M.Forestier, chargé d’un rapport sur les IUT, voulait déjà y supprimer les redoublements, sous prétexte que les étudiants d’IUT « coûtent » beaucoup plus cher que ceux de l’université… [6]

Dissoudre, y compris au CNRS qui a besoin de crédits pour une recherche digne de ce nom, certaines structures de pseudo-chercheurs en sociologie de l’éducation et en pédagogie comme l’IREDU, qui a pour fonctions d’une part l’autopromotion de ses membres (F.Dubet, A. Van Zonten, M.Duru-Bellat, etc…)d’autre part, la propagande pour les thèses pédagogistes et les statistiques européennes servant à « travailler l’opinion ». .

Contrôler de près les budgets des IUFM, de l’INRP, du CNDP, (où des amis de MM. Meirieu et Lang se sont bien servis), récupérer les sommes volées dans l’affaire des marchés des lycées d’Ile de France [7], surveiller étroitement les budgets des régions construisant ou équipant des établissements.

Renoncer à faire des cadeaux à Lagardère – sous prétexte d’en faire aux parents - en abandonnant immédiatement le paiement par les régions de manuels jetables, aussi mauvais que les incohérents programmes au rabais qu’ils appliquent, pour créer des crèches gratuites destinées aux enfants de deux ans, recruter comme surveillants des étudiants sérieux et convenablement payés, afin d’assurer après les cours des études surveillées au primaire, au collège et au lycée et de retrouver le même nombre d’adultes que dans les années 60 pour encadrer les élèves.

Peut-être nos gouvernants font-ils d’autres choix de société ? Mais qu’au moins l’opinion en soit informée et qu’elle puisse se manifester en connaissance de cause auprès de ses élus qui devront alors montrer clairement s’ils se comportent en représentants des citoyens ou s’ils choisissent la discipline de parti.


En définitive, ce qui est atteint, au-delà de " l’employabilité ", c’est d’une part, la survie de la démocratie, la possibilité de lire vite et bien pour s’informer, pour prendre un recul critique, pour décrypter des discours et des textes politiques, publicitaires, de plus en plus souvent complexes, ambigus et manipulateurs, d’autre part, l’accès à l’intériorité, le développement de l’imaginaire et la capacité à comprendre et à se faire comprendre, sans méprise, dans la vie affective comme dans le monde du travail.

" Vous croyez n’est-ce pas, que notre travail principal est d’inventer des mots nouveaux ? Pas du tout ! Nous détruisons chaque jour des mots, des vingtaines de mots, des centaines de mots. Nous taillons le langage jusqu’à l’os. (…) Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n’y a plus désormais d’excuse ou de raison au crime par la pensée. " G. Orwell, 1984.


Mathilde Ferré


Texte de la dictée du brevet de 1998  [8]

On ne peut vraiment rien trouver de plus délicieux, de plus retiré que ce petit village perdu au milieu des roches, intéressant par son double côté marin et pastoral. Tous pêcheurs ou laboureurs, les gens d’ici ont l’abord rude, peu engageant. Ils ne vous invitent pas à rester chez eux, au contraire. Peu à peu pourtant, ils s’humanisent, et l’on est étonné de voir sous ces durs accueils des êtres naïfs et bons. Ils ressemblent bien à leur pays, à ce sol rocailleux et résistant, si minéral, que les routes même au soleil prennent une teinte noire pailletée d’étincelles de cuivre et d’étain. La côte qui met à nu ce terrain pierreux est austère, farouche, hérissée. Ce sont des éboulements, des falaises à pic, des grottes creusées par la lame, où elle s’engouffre et mugit. Lorsque la marée se retire, on voit des écueils à perte de vue sortant des flots leurs dos de monstres tout reluisants et blanchis d’écume, comme des cachalots gigantesques échoués. Alphonse Daudet, Contes du lundi.

1. "  L’évaluation formative " permet d’augmenter les notes en fragmentant les  " compétences " évaluées. C’est ainsi que les parents sont leurrés sur le niveau de leurs enfants. La notion a dû se répandre en France dans les discours des formateurs et inspecteurs vers les années 1989, au moment où diminuant horaires et programmes le gouvernement savait qu’il ferait baisser le niveau et a pris diverses mesures pour tromper l’opinion. La principale a été la mise en place d’ " épreuves d’évaluation ", biaisées en CE2, en 6ème et en 2nde. L’OCDE organise à Paris du 2 au 4 février 2005 " une conférence internationale sur le thème de l’amélioration des apprentissages par l’évaluation formative " pour annoncer une nouvelle publication : L’Évaluation formative : pour un meilleur apprentissage dans les classes secondaires. " Cette conférence est ouverte aux journalistes ", précise le document. On se souviendra d’un autre texte de l’OCDE, datant de 1996, qui expliquait cyniquement qu’une baisse graduelle de la qualité d’un service est entérinée progressivement par l’opinion publique, alors que celle-ci réagit vivement au contraire à des suppressions ou à des baisses brutales…
2. AGCS : Accord Général sur le Commerce des Services, l’un des nombreux accords de l’Organisation Mondiale du Commerce visant à étendre toujours plus privatisation et libéralisation du marché des services (Banque par exemple). " Service " : notion qui par un patient et sournois combat de redéfinitions juridiques, mené par des experts de l’OCDE, de la Commission Européenne et de l’OMC, a fini par être étendue aux institutions de la santé et de l’Éducation.
3. LOLF : Loi Organique relative aux Lois de Finances du 1er Août 2001. Votée en catimini, dans l’indifférence absolue de la presse à l’époque et applicable après un délai de cinq ans, c’est à dire cette année ,car il fallait empêcher la contestation pendant sa mise en place, cette " nouvelle constitution financière de l’État fait éclater la fonction publique…
4. " Les Échos " 3 février 1998
5. Le taux de réussite au brevet dans l’un des premiers collèges expérimentaux, celui de Tarnos est tombé à 58,6 en 2003, au lieu de près de 75% en 2002, d’après un article d’A. Duyck dans le « Journal du dimanche » du 19 octobre 2003 : « L’Ecole résiste encore à l’ordinateur » Voir par ailleurs le Rapport de la cour des comptes sur la gestion du système éducatif d’avril 2003 pour les coûts. Le département des Landes a dépensé « 10 millions d’euros sur un budget global de 225 millions annuels, pour former 800 enseignants et acheter 4000 micrordinateurs. Les frais de câblage avaient déjà coûté 6 millions d’euros en 2001 . (6,2 d’euros d’emprunt à la Caisse des dépôts et consignations) » « Six autres millions ont été investis pour l’acquisition des PC avec un contrat de maintenance de trois ans. » En revanche, le rapport de la Cour des comptes avoue qu’elle n’est pas en mesure d’évaluer les crédits consacrés aux TICE par les régions et par l’Etat, ni leur intérêt pédagogique. « La Direction de la technologie du Ministère a renoncé (…) à mener une étude systématique. » Ni le Ministère, ni les collectivités territoriales ne peuvent évaluer « la part des crédits pédagogiques consacrés à l’achat de logiciels, ni les coûts des télécommunications mis à la charge des établissements. » « Il n’est donc pas possible actuellement de connaître l’impact dans les établissements et auprès des élèves, des efforts d’investissements et de formation consentis, notamment depuis 1998, dans le domaine des TICE ». (p.88 à 91)
6. Voir C.Laval et L.Weber : Le nouvel ordre éducatif mondial Regards Syllepses 2002, p.93
7. D’après un article de F. Tassel, publié le 22 février 2003 dans Libération, « le système mis en place au sein du Conseil régional d’Ile-de-France a permis aux formations politiques le composant » d’opérer « une ponction sur les entreprises attributaires des marchés de rénovation des lycées de 2% sur 23,4 milliards de francs (3,5 milliards d’euros) d’investissement entre 1989 et 1995 » : « 1,2 % des commissions étaient destinées au RPR, 0,8 pour le PS. »
8. Le brevet des collèges est passé en fin de troisième par des élèves de quatorze, quinze ans.

Lire aussi : L’orthographe dans les copies d’invention.

01/2005