Réunion langues anciennes du 15 mai 2004 à l’EHESS

Merci à l'APPLS qui a rédigé ce compte rendu. Nous y avons apporté quelques retouches marginales.


Marie Hélène Menaut, présidente de la CNARELA, ouvre la séance et laisse la parole à Jacqueline de Romilly dont l’exposé introductif lance la réunion.

Jacqueline de Romilly souligne la gravité de la crise concernant les langues anciennes et le caractère vital du combat qu’elle a provoqué ; elle constate qu’il y a eu une réaction de l’opinion, mais déplore que cette crise ait été précédée par d’autres, elles-mêmes provoquées par d’autres menaces. La lutte qui consiste à vouloir le maintien de l’enseignement des langues anciennes est un investissement harassant : c’en est trop à ses yeux et il faut obtenir plus.

Il faut rendre aux études classiques l’intérêt qui leur est dû. Elles constituent une école de jugement et d’esprit critique, même par l’approche de textes courts, car ils véhiculent des valeurs qui permettent la création d’une "armature intérieure" nécessaire à chaque individu.

Cette attaque contre l’enseignement des langues anciennes intervient à un moment où dans la société on constate un intérêt marqué pour l’antiquité gréco-latine. Il n’y a que l’enseignement qui s’en désintéresse.

Jacqueline de Romilly en appelle donc à un " élan nouveau des citoyens" pour défendre ce patrimoine. Elle conclut en souhaitant que cette rencontre de crise soit une rencontre d’espoir.


Marie-Hélène Menaut procède alors à l’analyse de la situation : elle rappelle les menaces qui pèsent sur l’enseignement des langues anciennes, avec les projets de fermetures de classes aboutissant à l’existence d’une classe pour les langues anciennes par département dans des lycées de centre-ville, la réduction de 25 % des postes au CAPES de lettres classiques et les incertitudes potentielles sur l’avenir des langues anciennes en classes préparatoires littéraires. Face à cette situation un collectif de plusieurs associations s’est constitué : les responsables de ces associations sont présents à la tribune constituée par des représentants de l’APFLA-prépa (E.Blanc), l’ APL (H. Guinard), l'APLAES (M. Perrin), l’association SEL (P. Demont), la CNARELA (M. H. Menaut), Sauver les lettres (A. Joste), l’Association Guillaume Budé (A.Billault). Ce collectif a lancé un Appel qui avait reçu plus de trente mille signatures au début du mois de mars.

Ces signatures venaient de milieu dépassant très largement le seul secteur des enseignants. L’Appel, relayé par des associations de philosophes, a reçu l’appui de la Société des Agrégés, de l’APPLS, de la société des Études Latines et de multiples associations disciplinaires allant de la philosophie aux arts plastiques et à la communication. Il a reçu l’aval du SNLC -FO, du SNALC, alors que le SNES relayait l’appel par le lancement d’une pétition et d'actions.

Cet Appel a également reçu le soutien de l’Académie Française, et de plusieurs sociétés, d’associations de parents d’élèves, mais aussi de politiques au nombre desquels François Bayrou, et F. Rousset président de la région Aquitaine.

La conséquence de ce mouvement d’opinion aura été de permettre que le ministre Ferry accepte de rencontrer les associations le 4 mars, et promette la mise en place de mesures conservatoires pour la prochaine rentrée, sans pour autant renoncer à la logique de concentration inhérente à ses premiers projets de réduction des heures de langues anciennes.

C’est dans ce contexte qu’est intervenue la parution du texte de recommandation du Haut Comité de Suivi des Concours préconisant la fusion des deux Capes de lettres modernes et classiques et l’abandon du modèle issu de l’enseignement des langues anciennes sans justification cohérente.

L’ampleur du mouvement de protestation exprimé par l’Appel n’a cessé de s’accroître puisque l’on compte à ce jour plus de 66000 signatures de la pétition proposée.

Mme Menaut présente les excuses de J.P. Vernant, D. Sallenave, C.Jacob, C.Kintzler et J. Lacarrière. Elle conclut en rappelant les différentes phases de la réunion qui verra un débat sur les suites de l’action succéder à une série de contributions de signataires de la pétition. Celles-ci sont destinées à illustrer l’apport des études gréco-latines dans des domaines très diversifiés.

Commence alors une série de communications de plusieurs intervenants représentant les associations ayant lancé l’Appel et de spécialistes de diverses disciplines.

Liliane Picciola, professeur de littérature du XVIIème siècle de l’Université de Paris X, intervient d’abord pour mettre en évidence " l’importance de la connaissances des langues anciennes dans la perception et l’enseignement de la littérature française de l’âge classique".

Partant d’un constat sur la situation actuelle qu’elle place sous le signe de celle que dépeint Farenheit 451, elle évoque l’élimination des lecteurs, et insiste sur la suppression du sens critique inhérente aux diverses mesures prises. Il faut que tout devienne facile et de compréhension immédiate, et que tout effort soit évacué. Elle montre que cette logique est intenable en matière d’études littéraires et que pour son domaine d’enseignement l’absence de maîtrise des langues anciennes borne définitivement toute avancée dans la recherche. Ainsi, s’en référer uniquement à la traduction de la poétique d’Aristote et non au texte grec revient à se fermer l’accès à de fructueuses réflexions ; s’en tenir à la traduction de la notion de catharsis dans sa seule dimension morale sur la foi d’une traduction source unique de référence conduit à une situation bloquée : on va opposer à la poétique fondatrice de la dramaturgie classique les réflexions de Corneille spectateur. Donner, grâce à un réexamen précis de la traduction et à partir du texte grec, un sens esthétique au mot catharsis aboutit à corriger cette approche et à comprendre de façon totalement nouvelle l’expérience de Corneille qui rejoint alors Aristote sur bien des points.

Connaître le latin, c’est aussi avoir un accès beaucoup plus facile aux textes européens de l’époque, tous marqués en profondeur par la langue latine. L’ignorer, c’est aussi se priver d’une prise sur la maîtrise de plusieurs langues et perdre un pan considérable de la culture romane. Finalement, c’est parce que les langues anciennes constituent le moyen d’avoir des clartés qu’il faut refuser les choix de l’obscurité.

Paul Demont, professeur de Grec à l’Université Paris IV, donne un témoignage de sa conviction que l’enseignement du grec est bien loin d’être conforme à l’image qu’on s’acharne à en donner. Dans le cadre d’une logique d’échange avec le centre culturel de Delphes où est programmé un stage pour les professeurs de grec d’Ile de France, il a pu assister à un cours de grec dans un lycée de la banlieue nord. Des élèves de Terminale ont présenté une traduction d’un texte de Platon sur les mythes, ouvrant une confrontation avec d’autres élèves chargés d’une réflexion sur la critique des mythes à partir de textes traduits : pour les professeurs grecs, présents dans le cadre de l’échange, et pour lui-même, il était évident devant cette séance que l’on était loin d’être dans l’ennui, mais que ce qui était en jeu était bien - à travers l’étude du grec - la possibilité de se poser la question philosophique, d’accueillir intellectuellement l’autre et de vivre fondamentalement un moment de partage. Une telle expérience émouvante atteste, s’il en était besoin, du caractère irremplaçable de l’étude du grec.

Marc Baratin, professeur de latin à l’Université de Lille III, centre sa communication autour de quelques idées essentielles.

Il constate que le latin dans l'enseignement supérieur est au contact d’une multiplicité de disciplines ( philosophie, histoire de l’art, études médiévales, droit) ; Il a dès lors de fait un statut de discipline commune et doit se concevoir en tant que telle ; alors qu’on irait plutôt vers une tendance visant à ce que chaque discipline construise son approche du latin, cette place lui confère une urgente nécessité en tant que discipline-outil.

D’autre part, il insiste sur le fait que le latin et le grec sont les paradigmes de la relation d’une langue à sa dimension culturelle : cette approche essentielle fait que si l’on en supprime l’étude, on met en cause cette dimension, et le rapport culturel que l’on peut avoir avec sa propre langue, ce qui revient à terme à porter atteinte en définitive à sa propre langue.

L’un des aspects essentiels de ces disciplines est le rapport instauré avec la langue et le texte ; en simplifier l’approche revient à se priver du rapport possible avec d’autres disciplines.

Il conclut sur le fait qu’il est indispensable de combler le déficit qui existe dans les liens entre Supérieur et Secondaire dans le domaine des langues anciennes.

François Hartog, de l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales, se fait le porte-parole de l’institution qui accueille cette réunion. Cet état de fait ne doit pas surprendre : il rappelle que l’EHESS a ouvert ses portes à de prestigieux intervenants qui ont marqué les études grecques, de Jean-Pierre Vernant- dont il renouvelle les excuses pour son absence, à Nicole Loraux, en passant par Pierre Vidal-Naquet : à travers leur apport, ce qui s’est joué était de faire de la Grèce Antique un sujet de la pensée au présent. La conséquence immédiate aura été de faire lire des textes grecs. C’est dans cette logique que lui-même contribue avec "La Roue à livres" à l’élargissement de l’étendue des textes disponibles.

Pour lui, le caractère récurrent des menaces contre l’enseignement des langues anciennes est à interpréter dans un cadre plus vaste : les réformes de l’enseignement s’intègrent dans des problèmes de société et traduisent en les simplifiant les mutations sociales. La question de fond qui se pose est bien : "Quelle est la culture des sociétés contemporaines ?" Toute aussi importante dans un tel contexte est la problématique de notre rapport au temps : la crise de l’enseignement des langues anciennes n’est que l’un des aspects de la domination du "présentéisme" : quand on ne valorise que le présent, l’avenir et le passé (et donc la tradition) ne sont pas pris en compte.

Face à cela, il importe de convaincre, et de poser suivant la logique de la commission Wismann le problème dans sa dimension européenne ; les langues anciennes sont une école de décentrement culturel ; il faut faire lire, et, dans la distance reconnue qui existe avec les textes, permettre le questionnement. Cela suppose une approche sans affadissement ni abrasement, mais il faut découvrir ce que ces auteurs ont pu penser et ce qu’ils n’ont pas pu penser dans un rapport dialectique entre les Grecs et les Modernes.

Michel Perrin, professeur à l’Université d’Amiens, intervient ensuite au nom de l'APLAES à propos des concours de Lettres Classiques.

Il se prononce pour le maintien des concours spécifiques de Lettres Classiques avec poursuite d’un recrutement à l’issue d’une année complète à forte charge académique après la licence ; il s’oppose en cela à la perspective de concours qui est avancée sur les sites des IUFM, visant à faire passer le concours immédiatement après la licence.

Il demande la création d’un plan pluriannuel de recrutement et condamne la diminution drastique de 25 % du nombre des places proposées au CAPES.

Pour ce qui est de l’écrit, il se dit favorable à une évaluation concernant la grammaire et la langue, à l’écrit de français, et il est prêt à considérer le français comme un tronc commun avec les lettres Modernes. Il accepte également que l’on insiste sur la dimension de culture et d’élargissement des idées à l’oral.

Cependant il juge indispensable que soit conservée la possibilité de présenter une épreuve de langue ancienne pour les Lettres Modernes. On doit proposer de vraies épreuves discriminantes sur de vrais textes.

Il refuse fermement que les langues anciennes soient éradiquées des épreuves écrites.

Il s’interroge sur l’avenir de l’agrégation si les mesures recommandées pour le CAPES sont appliquées.

Il rappelle que l'APLAES souhaite que soit conservée la spécificité des Lettres Classiques? ce qui n’exclut en rien d’inévitables évolutions. Encore faut-il que dans les négociations engagées ou les contacts, il n’y ait pas dialogue avec des partenaires seulement préoccupés par une logique d’économie.

Enfin il souligne que la formation continue est insuffisante dans nos disciplines et conclut en faisant part de ses inquiétudes concernant l’avenir de la section littéraire en lycée.

Édouard Wolter, président honoraire d’Euroclassica (Luxembourg) évoque l’importance de l’éducation dans la construction européenne. Il faut retrouver à travers une mémoire commune liée au grec et au latin la conscience d’un patrimoine commun. Il est essentiel de contribuer à ce que tous les européens acquièrent le savoir nécessaire pour prendre conscience de leur originalité commune.

Le projet Minerva dont il présente les grandes lignes s’inscrit dans cette logique : il s’agit d’un projet de coopération européenne pour une culture classique ; le retour du latin après la perte de l’influence du russe en Europe Centrale et orientale ouvre à cet égard des possibilités indéniables. Le projet Minerva prendrait la forme d’un site qui offrirait une très vaste banque de données sur les textes. L’autre fonction du site serait de permettre des échanges sur les méthodes pédagogiques mises en œuvre en Europe dans l’enseignement des langues anciennes.

Avant de passer aux contributions de signataires de la pétition extérieurs à l’enseignement des langues anciennes, Marie Hélène Menaut lit les messages de signataires de l’appel qui n’ont pu participer à la réunion. Hélène Carrère d’Encausse, Jean d’Ormesson, J.Fridel, et la Société des Langues Néo-latines mettent tous en évidence leur refus d’une mise à mort des langues anciennes, formatrices de rigueur, de maîtrise de la langue et du monde, malgré leur apparente inutilité ; ils insistent sur leur importance dans un patrimoine et leur fonction de recours contre l’hégémonie de l’anglais.

Les contributions commencent par l’intervention de Laurent Lafforgue, mathématicien, médaille Fields 2002, appartenant à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques. Au-delà d’une relation de son parcours personnel et du plaisir pris à étudier le latin et le grec, il plaide pour le maintien de cet enseignement car il constitue un moment de l’investissement intellectuel alors que celui-ci est de moins en moins valorisé par le monde où nous vivons : c’est un des moments de l’ouverture à l’intelligence et au savoir. Il relève d’une culture qui permet le "bavardage" c’est à dire la pratique d’une parole qui non soumise à un rôle de traduction a posteriori de la pensée sert à dynamiser celle-ci.

Le docteur Ludwig Fineltain, neuro-psychiatre et psychanalyste, entend se situer au delà du détestable fossé creusé entre Lettres et Sciences. Pour lui, le latin comme langue traditionnelle d’échange scientifique pèse sur la médecine, autant que le grec : l’importance des racines grecques dans le vocabulaire médical n’est plus à démontrer : elles délimitent le champ exact de la signification des mots. Tout cela constitue le bain linguistique de la méthode scientifique et donne aux langues anciennes une importance fondamentale, d’autant que la conscience de la complexité du monde qu’elles procurent permet de penser le monde autant que les sciences dites exactes.

François Gaudu, professeur de droit privé, directeur de l’UFR d’Etudes Juridiques Générales de l’Université Paris I, rappelle l’importance du droit romain dans notre droit ; le reflux de l’étude du latin contribue à la disparition d’un cursus de droit romain dont la transmission devient impossible : c’est un pan de savoir qui disparaît à terme. Il faudrait, pour lui, réintroduire un enseignement de latin dans le cadre du LMD.

Il resitue la crise des langues anciennes dans une crise plus générale concernant les autres langues que l’anglais et affirme que pour lui une filière d’excellence littéraire est indispensable : elle doit dégager des élites ; celles-ci sont happées aujourd’hui non par une formation scientifique ou littéraire, mais par le modèle des techniques de gestion qui s’implantent partout.

Hélène Hervieu, traductrice du norvégien, évoque ce qui l’a poussée à signer l’Appel : les langues anciennes furent dans sa formation de "lumineux objets du désir". Elle voit dans leur étude un des moments relevant de l’éloge de la lenteur et permettant une découverte de la poésie, un avant- goût de la politique et de l’esthétique. C’est un grand plongeon dans l’altérité. La pratique du grec fut pour elle un moment de plaisir et de fierté avec un sentiment d’ancrage et d’approche du sacré.

Le travail de traduction, école de rigueur et de précision, est en ce sens un prolongement de l’expérience de ces études qu’elle regrette de n’avoir pu approfondir : son travail de traductrice lui montre en effet souvent la nécessité de connaître en profondeur ces langues anciennes dans le cadre de travaux liés à la philosophie ou à d’autres champs intellectuels.

Laurence Lamouroux, journaliste à Bayard Presse, évoque le plaisir de la découverte des langues anciennes lié à la pédagogie d’un enseignant capable de rendre vivantes les langues mortes ; elle souligne à quel point dans sa pratique de journaliste à "Images-Doc" le recours à l’étymologie permet de proposer systématiquement des définitions exactes et adaptées pour un public jeune qui voit ainsi facilité son accès à des notions précises.

Valérie Neveu, conservatrice de bibliothèque, archiviste-paléographe, de la Bibliothèque Universitaire d’Angers, décrit de façon pragmatique le caractère incontournable de la maîtrise du latin dès qu’on a affaire à un fond ancien. Chartiste, elle insiste sur la vanité de l’attitude consistant à prétendre œuvrer pour la conservation d’un patrimoine culturel ancien sans connaissance du latin : dans un tel cas s’occuper de livres anciens n’a pas grande efficacité ; il en va de même dans le catalogage des imprimés anciens. De plus tout activité d’exposition supposant une préparation scientifique sérieuse fait appel au latin.

Joël Schmidt, écrivain, historien de la Rome antique, et critique littéraire, commence par rappeler l’âge d’or des années 60, période de ses études d’histoire, pour lesquelles le latin était obligation, mais surtout source de plaisir. Il constate la disparition du latin dans ces études. Elle rejoint la perte d’intérêt pour la mythologie antique qu’il constate avec humour depuis les années 80 : l’indicateur que constitue le chiffre des ventes de son Dictionnaire Mythologique répercute l’impact des diverses réformes concernant les langues anciennes. Tout cela aboutit à de récentes réflexions issues du contact avec de magnifiques livres évoquant la peinture et la mythologie, ainsi que la peinture et la littérature antique. Il est clair que l’accès à cette beauté et à cette culture sera plus que jamais réservé à une élite : la perte de repères culturels accentuera un clivage de classe dans l’accès à la culture ; une telle perte relève du cauchemar, et même si le péplum fait un retour en force, cela ne suffira pas à le dissiper.

Le débat programmé une heure plus tôt débute alors.

Il s’ouvre par une intervention de François Bayrou. Ses obligations politiques ne lui ont permis de rejoindre la réunion que tardivement, mais après avoir salué amis et connaissances, il tient à expliquer les raisons qui l’ont poussé à signer l’appel. Il ne se sent pas tenant d’une culture du passé : dans ce qui se joue aujourd’hui au sujet des langues anciennes, il ne s’agit pas du passage d’un ordre ancien à un ordre nouveau. Ce qui est en jeu est une perte, non un changement, une perte d’un patrimoine qui fonde l’identité de notre pays et de l’Europe. Les peuples ne peuvent vivre sans identité, et celle-ci, faite de culture partagée, passe par la langue. Il convient dès lors de conserver le contact avec les deux racines de notre langue. Ne pas maintenir l’offre de formation en langues anciennes revient à prendre le risque d’un clivage social. La période actuelle est cruciale car on est à l’aube des jours où se met en place un processus irréversible.

Il réfute la logique économique alléguée et mentionne son différend avec l’un de ses successeurs pour qui les mesures restreignant l’enseignement du latin et du grec s’imposent parce qu’il n’y a plus de demande. Il oppose à cela une logique inverse : s’il n’y a pas d’offre, il n’y a pas de demande. Il faut donc rétablir l’offre, le nombre de places aux concours, et impérativement maintenir les options latin et grec en collège.

Sur le suivi de l’action, on ne peut pas en rester aux pétitions : il s’agit d’un combat qui doit toucher l’opinion publique. Il faut s’engager, et il est prêt à le faire, de façon sauvage, et se montrer irréductible en ne se satisfaisant pas de chiffres, de belles paroles. L’importance de la cause requiert une attitude tranchée pour sauver ce qui doit l’être.

Le syndicat SNLC FO intervient pour réaffirmer son soutien à l’action engagée et redire sa détermination qui rejoint celle dont le syndicat a pu faire preuve sur le démantèlement de la protection sociale et de l’unité du service public avec le transfert des ATOSS. Cet élargissement n’est guère apprécié d’une bonne partie de l’assemblée. La parole est donnée aux représentants du CNGA puis du SNALC qui soutiennent l'appel. Le porte-parole du SNES, tout en rappelant son soutien, indique que le SNES infléchit son attitude sur les langues anciennes et entend désormais se placer dans la logique induite par les travaux de la commission Wismann.

De nombreuses et brèves interventions se succèdent qui soulèvent diverses questions, mais la nécessité de rendre la salle sans trop s’écarter des délais impartis conduit à la clôture de cette réunion.