La question préalable n°1 de la nouvelle É.A.F.


Nous nous opposons aux modalités du nouvel oral ; en effet, il nous semble poser trop de problèmes et surtout ne pas présenter un grand intérêt, au contraire !

1. Problèmes de conduite de l'épreuve : nous ne faisons pas confiance aux interrogateurs - dont nous sommes - pour trouver 64 questions pertinentes (16 élèves par jour sur 4 jours, c'est la dose moyenne) qui permettent à un candidat de montrer le meilleur de ses aptitudes à expliquer un texte littéraire ; il y aura forcément des questions plus bancales que d'autres, des professeurs qui les improviseront en vitesse, etc.

(Et ne parlons pas de l’organisation administrative qu’implique l’épreuve : souhaitons que toutes les listes aient pu être transmises à l’avance, tous les examinateurs convoqués dans les temps, et donc ayant pu préparer les bonnes questions sur les bonnes listes, etc.)

2. D'autre part, il nous semble que cette question préalable est le résultat d'un compromis entre les tenants d'options opposées. De fait, ou l'on décide d'interroger vraiment hors-liste et l'élève montre ce qu'il sait faire avec un texte nouveau qui relève d'un des objets d'étude ; ou l'on interroge sur la liste. Certes il est de bon ton de condamner l’horrible psittacisme, mais l’épreuve écrite est déjà une épreuve de création personnelle qui demande à l’élève d’adapter connaissances et méthodes à un support inconnu ; or s’est-on jamais indigné qu’un candidat bachelier restitue ce qu’il a appris sur la Longue Marche ou la division cellulaire… Pourquoi ne pourrait-on pas apprendre aussi en lettres ? D’autant que cette éventuelle récitation ne représente qu’un quart ou un cinquième (selon la section) des points totaux de l’ensemble de l’épreuve.

3. Nous avons honnêtement cherché, sur les textes déjà expliqués dans nos classes, des questions préalables riches et astucieuses : l’exercice est ardu, et guère concluant : au mieux la question préalable amène à traiter un axe de l’ex-lecture méthodique ou d’un commentaire composé du texte. Même sans viser l’exhaustivité - ce qui n’était déjà pas le cas auparavant avec la lecture méthodique - c’est un peu court, et ne permet pas forcément de pousser très loin l’analyse et l’interprétation. De plus certaines questions, pertinentes, ne permettent en aucun cas à un élève, même d’un niveau correct, de 1re de tenir  une petite dizaine de minutes de parole : ce ne sont pas des profs…

Il nous semble donc que la question préalable n°1, et l’oral qui en découle, ne permettront pas mieux qu’auparavant d’évaluer les candidats, et qu’elle risque, pour de mauvaises raisons, d’être préjudiciable aux élèves. (Nous n’avons pas pour autant de solution-miracle ; le retour à l’ancien système, du hors-liste pour tous ?…).

4. Enfin, mais la remarque est annexe, est-il vraiment nécessaire de donner à l’avance une question d’entretien ? S’agira-t-il alors d’un entretien ?

Telles sont nos réactions ; nous ne souhaitons pas que l’oral se déroule ainsi. A partir de là, que pouvons-nous faire ? Sommes-nous les seuls à réagir ? Si ce n’est pas le cas, quels sont les moyens les plus efficaces pour faire modifier l’épreuve ? La diffusion d’une pétition sur ce site n’est sans doute pas suffisante ; faut-il passer par les relais syndicaux ? Procéder autrement, étant entendu que nous ne sommes pas des pros de la diffusion Internet ?

 

Françoise Criqui, Francoise.Criqui@libertysurf.fr, professeur agrégée de lettres classiques au Lycée international de Grenoble, formatrice pour le Capes interne de Lettres.

12/2001