Communiqué de presse du 20 février 2008

Projet de programme de français à l’école primaire : un espoir enfin !

Le projet de programme de français publié aujourd’hui par le ministère, sans répondre totalement à nos attentes, rompt enfin et heureusement avec des années de régression.

Nous saluons un programme qui, pour la première fois depuis 1985, définit une progression précise, et porte une attention vigoureuse à l’enseignement de la grammaire de phrase et du vocabulaire. Nous saluons un programme qui fait de la maîtrise de la langue l’enjeu principal de l’école élémentaire, en y réintégrant de nombreuses notions qui s’étaient décalées vers l’aval de la formation, au fil des réformes. Certes cette réintégration n’est que parcellaire, mais ce texte inverse avec vigueur une tendance de fond à l’oeuvre depuis vingt ans, et nous ne désespérons pas de convaincre le ministère d’y apporter quelques modifications.

Quant aux horaires, ils redeviennent nationaux et fixes - au lieu de " fourchettes " variables localement -, et inaliénables : la part horaire dévolue à chaque matière est " unique et clairement identifiée ", ce qui redonne heureusement au français le statut de discipline à part entière.

En revanche, notre déception est grande s’agissant de leur volume hebdomadaire. Le ministère parle de hausse quand il s’aligne sur le haut des " fourchettes " définies par les programmes précédents, mais diminue l’horaire en CP, qui était de 11h depuis avril 2007. Certes, le ministère peut parler d’une hausse relative, par rapport à l’horaire global passé de 26 à 24 heures faute de cours le samedi matin, suppression que nous avons déjà vivement dénoncée. Il peut même parler d’une hausse absolue, puisqu’avec la disparition des " fourchettes " du cycle 3, l’élève aurait en moyenne 8,8 heures de français pendant ses cinq années d’école élémentaire contre 8,4 actuellement *.

Cette très légère augmentation n’est pas à la mesure des objectifs par ailleurs définis, ni des besoins des élèves en difficulté qui ne bénéficieront pas des compléments horaires accordés aux 15% les plus faibles. Etant donné que, comme le dit le ministre, " les petites lacunes et les grands retards accumulés à l'école primaire "  ne se rattrapent pas, nous demandons que l’horaire de français en primaire atteigne une moyenne de 10h sur les cinq années, de manière à le renforcer beaucoup plus nettement dans les deux ou trois premières classes.

Par ailleurs, nous attirons l’attention sur le danger d’un retour des leçons de morale, pour ce qui concerne le programme d’ " instruction civique et morale ". L’apprentissage de la politesse et du " vivre ensemble " doit davantage se faire par imitation et respect des règles édictées par les maîtres, qu’à travers un prêchi-prêcha risquant d’inculquer aux enfants le pire conformisme social - méthodes qui rappellent l’aspect le plus contestable de l’école de Jules Ferry, voire l’enseignement religieux.


Collectif Sauver les lettres

* Si l’on prend la moyenne des fourchettes horaires du cycle 3 (6h-8h) : (CP-11h + CE1-10h + CE2-CM1-CM2 7h)/5. Cette moyenne horaire sur cinq ans s’établit depuis avril 2002 à 9h si l’on prend le haut des fourchettes des trois années de cycle 3, à savoir 8h (11+10+8+8+8)/5.