Communiqué de presse du 1er octobre 2007

Nouveaux horaires du primaire : encore moins d'école.

La décision de réduire de deux heures l'horaire hebdomadaire à l'école marque une nouvelle étape dans la destruction de l’enseignement élémentaire. Ces dix semaines en moins sur les cinq années de primaire ne feront que réduire la qualité de la formation, qui dépend directement du temps qu'on lui consacre. A quoi s'ajoute l'organisation de ce temps, la mesure prise étant la plus mauvaise puisqu'elle nuit à la régularité de l'apprentissage.

Ce "moins d'école" (procédé repris au ministre Allègre diminuant l'horaire de français de toutes les classes de seconde pour instituer une maigre "aide" à quelques élèves) ne fera qu'accentuer l'inégalité scolaire, les familles se substituant si elles le peuvent à l'institution lorsque celle-ci est défaillante. Et les deux heures hebdomadaires d'aide aux élèves les plus en difficulté n'apportent pas de réponse à la mesure de l'échec en primaire. Elles permettront sans doute de supprimer les dispositifs d’aide actuellement en vigueur* : maigre économie. Maigre ambition, à terme très coûteuse, car selon des rapports que le ministère connaît depuis des années, seule une minorité d'élèves arrivent en sixième avec une bonne maîtrise des programmes antérieurs**.

Le collectif Sauver les lettres rappelle que seule une formation la plus riche et la plus précoce possible permet de réduire l’inégalité scolaire. Le ministère annonce une "refondation" dont cette mesure serait la "pierre angulaire". Cela ressemble plutôt à une liquidation.

Collectif Sauver les lettres.


* Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED).
** Par exemple, selon la D.E.P. (note d'évaluation n°04.10, octobre 2004, « La maîtrise du langage et de la langue française en fin d'école primaire ») : « Environ un tiers des élèves ont des performances qui permettent de considérer qu’ils maîtrisent de façon satisfaisante les compétences attendues par les programmes de l’école primaire – ils sont capables d’exploiter les informations d’un texte pour en dégager le sens et l’interpréter avec finesse, d’en faire un résumé ou une synthèse. À l’opposé, 15% sont en difficulté, voire en grande difficulté pour 3% d’entre-eux, et on peut considérer que ces élèves ne maîtrisent pas – ou très mal – les compétences qui seraient nécessaires à l’entrée en sixième. […] Entre les deux, un peu plus de la moitié des élèves ne maîtrisent certainement pas toutes les compétences attendues par les programmes, mais devraient pouvoir profiter de l’enseignement du collège. Cependant leurs performances révèlent des compétences mal assurées, donc fragiles : ils ont du mal à percevoir et exploiter tous les aspects d’un texte, et sont mis en difficulté par des textes qui exigent une lecture suivie. »
D.E.P. : Direction de l'évaluation et de la prospective.