Il faut sauver le DAEU d'une professionnalisation au rabais.


Le diplôme d'accès aux études universitaires est régi par un décret de 1994 : diplôme national relevant de la formation continue et mission sociale des universités, il est voulu par le législateur comme un équivalent des baccalauréats généraux en vue de la poursuite d'études post-baccalauréat . Il existe sous deux formes, l'une autorisant la poursuite d'études en sciences humaines (humanités) - daeu A -, l'autre, toutes les orientations vers les sciences - daeu B.

La préparation au DAEU se déroule dans les universités sur un volume de 225h a minima ; le contenu des enseignements de cette " seconde chance " est celui d'une remise à niveau de candidats ayant interrompu trop tôt leur formation générale : à bien des titres, les daeu fonctionnent tels une pré-propédeutique - apprentissage de savoirs, de savoirs-faire (dissertation, résumé, analyse, dans toutes les disciplines), de savoirs-être.

Pré-propédeutique hors de la réforme LMD, les formations au DAEU ne rencontrent actuellement qu'un seul et vrai problème : elles demeurent insuffisamment connues du public pour lequel elles ont été mises en place ; nos publics nous arrivent par le " bouche à oreille ".

Or, c'est dans ce paysage, qu'une partie de la Conférence des directeurs de services universitaires de FC, association dont la légitimité est loin d'être reconnue, a lancé une initiative autour d'un " groupe de travail DAEU ". A l'issue du colloque de Lille, suivi - sans même que les participants de celui de Lille soient en mesure d'y participer donc de s'y faire entendre - de celui de Clermont-Ferrand où le DAEU apparaît dans la " sécurisation des parcours professionnels ", un projet dont les grandes lignes sont présentes dans un compte-rendu du 20/12/06 énonce clairement des propositions pour le moins surprenantes; ainsi :


Il est clair que ces arguments sont nuls et non avenus, tout comme il est évident que certains acteurs de la Conférence des directeurs de services universitaires de formation continue – CdSUFC - chevauchent dans cette initiative un projet qui ne s'appuie sur aucun consensus ni d'ailleurs sur aucun débat sérieux. Ainsi,


Cette initiative et ce projet sont uniquement le fait de certains adhérents de la CdSUFC : ils bradent nos enseignements et détruisent une formation qui demeure la seule possibilité de renouer avec les savoirs, savoirs-faire tout comme ils vident le diplôme, par des pratiques qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs, de ses contenus disciplinaires, c'est-à-dire des enseignements dispensés au sein des pôles universitaires.

Par la présente, nous dénonçons les méthodes des initiateurs de ce projet appartenant à la conférence.

Sauver le DAEU, c'est réaffirmer le caractère national de ce diplôme reconnu comme un équivalent aux baccalauréats généraux et en maintenir le caractère généraliste dans un cadre universitaire. Le DAEU est un formidable outil de promotion sociale : il doit le demeurer afin de permettre à ceux qui ont fait l'expérience du monde professionnel de revenir vers des formations ou qualifications plus pertinentes; les enseignants de cette filière ont vocation de conduire leur public au niveau de connaissances requis pour entreprendre des études universitaires, et non de conforter leurs carences en les gravant dans un nouveau DAEU, passeport de niveau IV résolument étranger à notre engagement dans l'enseignement au DAEU : sans aucune commune mesure avec les contenus de l'actuel diplôme proposé par les universités.

" Ce coup bas contre le DAEU ne doit pas passer " : sans les acteurs de terrain, hors des structures des établissements universitaires, une assemblée a délibéré sur le devenir du DAEU ; oublie-t-elle que son décret fut signé un 4 août ? Et que nous saurons le défendre face à une imposture grossière.


M. L. Barnett, responsable DAEU, Université de Paris I ; Joëlle Guillot, responsable pédagogique DAEU A, Paris X ; Monique Mathieu, responsable pédagogique DAEU A et B, Paris VII.

(03/2007)