Le rectorat jargonne à pleins tubes

Le Canard enchaîné, 3 janvier 2007.

Ça vient de sortir : désormais, les profs de collège devront décerner aux élèves une " note de vie scolaire " destinée à récompenser ou sanctionner leur attitude en classe. Rédigée à l'intention des proviseurs auvergnats, une lettre du rectorat de Clermont-Ferrand expose en termes lumineux la philosophie de la démarche.

A commencer par cet avertissement de bon sens aux enseignants : " II convient que les équipes ne se laissent pas enfermer dans une appréciation purement sommative de la notation qui doit être formative. " Voire - c'est souligné plus loin – "  contextualisée dans son appréciation ". C'est quand même plus clair quand c'est formatif et contextualisé.

D'ailleurs, si l'élève sanctionné par une mauvaise note de vie scolaire s'amende, il s'agit d'en tenir compte car, " par cette appréciation critériée d'une attitude, on évite surtout tout effet négatif de double peine ".

Voilà qui ravira Sarkozy. Et, pour les esprits obtus, on précise encore [le passage qui suit est à lire en apnée] : " C'est un critère fondamental pour que la note mise en place puisse respirer dans le contexte éthique qui doit être le sien : celui de l'apprentissage de l'autonomie dans le cadre d'une intersubjectivité et non de la sanction pavlovienne des comportements. L'appropriation des exigences d'une régulation critériée du vivre ensemble est à ce prix. "

Si, malgré ces conseils, l'échec et la violence scolaires ne reculent pas massivement, c'est à désespérer de la pédagogie.

J.-F.J.