Appel pour une réglementation du travail de correcteur


Épreuves de français au baccalauréat :
APPEL
pour une réglementation du travail de correcteur

Les épreuves anticipées de première, dites " bac de français ", constituent en juin, pour les professeurs de lettres, une énorme charge de travail.

La correction de l’écrit porte sur un lot de 50 à 70 copies. Une copie moyenne d'élève de première, appréciations écrites et note définitive pesée, réclame environ trente minutes ; 70 copies, compte tenu de quelques copies plus courtes, demandent de 24 à 35 heures. Il faut donc disposer de quatre à cinq jours pour corriger objectivement un lot.

L’oral est constitué de deux épreuves, l’explication d’un texte suivie d’un entretien, qu’il faut préparer :
• lire les 5 à 8, parfois 10 voire 12, listes ("descriptifs") des classes à interroger
• lire et travailler au préalable les textes présentés par les candidats, les textes complémentaires et les lectures cursives figurant sur les listes (certains sont bien connus, mais d’autres pas du tout)
• préparer  pour chaque texte une question adaptée à l’orientation du travail de la classe
• réfléchir aux questions à poser pendant l'entretien, ou aux pistes de discussion à exploiter, en rapport avec la problématique et l'axe de la séquence indiqués sur la liste du candidat.

L’ensemble demande un travail et un temps préalables et postérieurs aux épreuves qu’aucune réglementation n’a jamais pris en compte.

Ainsi, les pratiques varient selon les académies. Les professeurs sont rarement en mesure de corriger sereinement. Dans l'académie de Versailles par exemple cette année, les correcteurs n’ont que trois jours et demi ouvrables, entre le 14 juin à midi et le 19 au soir, pour corriger leur lot de copies avant le début des oraux le 20 au matin, alors qu'il en faudrait quatre ou cinq pour corriger l'écrit en toute objectivité, et beaucoup plus pour préparer l’oral.

Comme pour réduire encore le temps dévolu aux deux épreuves, certains établissements imposent aux professeurs de lettres d'assurer des heures de surveillance d'autres épreuves du baccalauréat pendant leurs corrections de l'écrit. Il n’existe aucun texte officiel pour les en décharger. Les pratiques varient donc d’un établissement à l’autre, nuisant souvent à la qualité des corrections et à l’intérêt des candidats.

Cette charge et cette pression deviennent insupportables. Les professeurs sont-ils censés corriger les copies le soir, la nuit, le week-end ? Ou surveiller des épreuves de baccalauréat tout en corrigeant (ce qui est strictement interdit) ? Doivent-ils passer au rythme de quatre ou cinq copies par heure entre les surveillances et les oraux ? Des dispositions sont prévues pour les professeurs de philosophie, pas pour ceux de lettres.

Les professeurs de lettres soussignés s’adressent donc aux syndicats, associations de professeurs, recteurs, IPR et à l’Inspection Générale des Lettres pour réclamer des conditions d’examen décentes ; et donc un texte réglementant les charges de travail et de surveillance du baccalauréat incombant aux professeurs de lettres correcteurs et examinateurs des épreuves anticipées de français.

Ils récusent :
• des conditions générales d’organisation de l’examen qui font obstacle à des corrections objectives et sereines,
• des délais insuffisants de correction et de préparation des oraux, qui ne tiennent pas compte de la nature de la matière, ni des complications des épreuves actuelles, écrites et orales,
• la coïncidence insupportable des charges des EAF (correction d’écrit et interrogations orales) avec la surveillance des épreuves de Terminale dans les établissements, voire avec d’autres examens.

Ils réclament que soient fixés nationalement :

• un nombre maximum de copies à corriger et de candidats à interroger (il y a en effet d'énormes disparités entre académies ou entre les lycées centres d'examen),

• des exemptions de surveillance d'épreuves du baccalauréat dès lors que les professeurs de lettres ont reçu leur lot de copies d’écrit,

• un calendrier national qui prévoie :

 - suffisamment de temps entre la remise des copies et le début de l'oral, afin que les professeurs puissent corriger l'écrit tranquillement, et préparer les oraux sereinement.
- ou une inversion des calendriers de l’oral et de la correction de l’écrit qui en tout état de cause préserve la durée indispensable à une correction équilibrée et objective de l’écrit.
l’absence totale d’autres charges concomitantes de correction des épreuves de Lettres de Terminale ou des épreuves de BTS.


Appel lancé par
C. R., professeure de lettres au Lycée Descartes à Saint-Quentin en Yvelines,
et soutenu par :
A. P. L. (Association des professeurs de lettres), www.aplettres.org
Reconstruire l’école , www.r-lecole.freesurf.fr
Sauver les lettres, www.sauv.net